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Bangladesh, rohingyas, refugees

Bangladesh

«La situation est de plus en plus insupportable pour les réfugiés rohingyas, privés de perspective d’avenir»

Des installations sanitaires et de distribution d'eau construites par MSF dans le camp pour réfugiés rohingyas de Jamtoli, Cox's Bazar, Bangladesh. Juillet 2019. © Anthony Kwan/MSF
Témoignages 
Tessy Fautsch - Coordinatrice médicale
Tessy, infirmière luxembourgeoise originaire de Bertrange, vient de passer plus d’une année dans le camp de réfugiés de Cox’s Bazar au Bangladesh. Elle dresse le bilan de son expérience en tant que coordinatrice médicale.

    Peux-tu nous rappeler la situation à ton arrivée ?

    Lorsque je suis arrivée, en novembre 2018, mes collègues m’ont informée que des bus stationnaient devant les camps de réfugiés pour permettre le rapatriement des volontaires. Cela n’a duré que quelques jours car aucun Rohingya ne souhaitait retourner au Myanmar, pays qu’ils venaient de fuir à cause des persécutions. Les bus, restés vides, ont rapidement cessé d’être envoyés.

    La majorité des près de 900 000 Rohingyas étaient répartis entre un « méga-camp » de réfugiés au Nord du district de Cox’s Bazar, ainsi que dans de plus petits camps au Sud. Ils étaient arrivés en 2017 pour la plupart, après avoir fui les violences au Myanmar. Dans un premier temps, les équipes médicales de MSF avaient soigné de nombreuses blessures dues aux violences.

    À mon arrivée en 2018, nous faisions plutôt face à des maladies telles que les infections cutanées et respiratoires, ou encore la rougeole et la varicelle. Ces problèmes de santé surgissent lorsque l’on vit dans la promiscuité et dans de mauvaises conditions sanitaires, comme c’est le cas à Cox’s Bazar.

    Comment la situation a-t-elle évolué au cours de l’année 2019 ?

    La situation devient de plus en plus intenable pour les réfugiés, qui n’ont aucune perspective d’avenir. Ils restent dans le camp car ils ont peur des violences s’ils retournent au Myanmar. Mais Cox’s Bazar, fait de bambous et de bâches en plastique, était prévu pour les accueillir provisoirement. Beaucoup de choses y manquent, notamment des soins de santé qui fonctionnent 24 heures sur 24.

    Des rumeurs circulent, notamment suite à l’annonce du gouvernement, à l’été 2019, de déplacer 100 000 réfugiés sur une île, Bhashan Char. Il semblerait qu’une liste de « volontaires » ait été préparée, mais je n’ai rencontré aucun Rohingya qui soit volontaire. Au contraire, cette annonce a créé des craintes au sein de la population réfugiée, qui a peur d’être déportée sur l’île.

    Le stress des habitants du camp augmente aussi à cause des nombreuses coupures des réseaux de communications, qui les empêchent de joindre leurs familles. Nos équipes de santé mentale ont reçu des patients tombés en dépression car ils ne parvenaient plus à avoir de nouvelles du monde extérieur et se faisaient du souci pour leurs proches.

    Comment les équipes médicales répondent-elles aux besoins de la population ?

    MSF fournit des soins de santé primaire et secondaire, en particulier dans le domaine obstétrique. Nous avons formé des sages-femmes pour pouvoir prendre en charge les femmes qui accouchent. Surtout, nous sommes ouverts à toute heure pour les urgences.

    Mais nous-mêmes, les ONG présentes dans le camp, faisons face à des difficultés, que ce soit le manque de réseaux téléphonique et internet, ou pour référer nos patients qui ont besoin de soins intensifs.