La vie de Yara Alghoula, 4 ans, dépend d’une bouteille d’oxygène. À l’hôpital Nasser, elle joue à administrer de l’oxygène à son jouet aux côtés de sa mère, Sajeda al-Ghoula. © Nour Alsaqqa/MSF
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MSF réclame une augmentation urgente des évacuations médicales depuis Gaza

Le lundi 24 novembre 2025

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Plus de 16 500 patients doivent être transférés pour recevoir un traitement impossible à fournir par un système de santé en ruines.

Il y a sept mois, Hadeel Zourub a perdu son fils de six ans alors qu’il attendait d’être évacué hors de Gaza pour recevoir un traitement. Aujourd’hui, sa fille Lana est sur la liste d’attente. Elle souffre de la même maladie rénale rare que son frère

Mon fils est mort alors qu’il attendait l’évacuation médicale. Je l’ai perdu en un clin d’œil parce qu’il n’y avait pas de médicaments. Son système immunitaire est devenu très faible. Il a été admis à l’hôpital après avoir attrapé une grippe », se souvient Hadeel. 

« Il y a un an et demi, ma fille a été orientée pour une évacuation médicale. Quand la guerre s’est terminée, j’ai pensé que notre vie s’améliorerait, que les points de passage frontaliers s’ouvriraient, et que je pourrais évacuer ma fille. Je pensais qu’il y aurait des médicaments disponibles pour mes enfants. Mais ce n’est pas le cas », déplore-t-elle.

Hanan Zanoun s'occupe de ses trois enfants, Qasem, 7 ans, Abdallah, 5 ans, et Mohammed, 3 ans. Ils souffrent de mucoviscidose, de maladie cœliaque et de troubles cardiaques, aggravés par la malnutrition et le manque de médicaments. Elle a déjà perdu une fille atteinte des mêmes maladies. © Nour Alsaqqa/MSF

Le cas de la famille Zourub illustre la situation dramatique à laquelle sont confrontés des milliers de patients (et leurs proches) qui doivent être évacués pour raisons médicales hors de la bande de Gaza. La campagne génocidaire menée par Israël a détruit les infrastructures sanitaires et a fait disparaître toute possibilité de traitement dans la bande. Les attaques systématiques contre les structures médicales, l’assassinat de personnels soignants et les restrictions délibérées sur l’approvisionnement en matériel médical ont provoqué l’effondrement du système de santé. Dans cette situation, les patients en état critique sont contraints de demander une évacuation médicale pour recevoir des soins appropriés. Cependant, les autorités israéliennes limitent le nombre de patients pouvant être évacués.

Actuellement, plus de 16 500 personnes sont enregistrées pour une évacuation médicale hors de Gaza, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)[donnés au 12 novembre, 2025, NDLR]. L’OMS et le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) soulignent que ce chiffre ne représente que les cas enregistrés par les mécanismes officiels ; on estime qu’il existe de nombreux autres patients nécessitant une évacuation mais non enregistrés en raison de l’accès limité aux structures de santé.

Médecins Sans Frontières (MSF) appelle les gouvernements du monde entier à augmenter de manière drastique et urgente les évacuations médicales pour les milliers de personnes qui ne peuvent pas recevoir les soins nécessaires à Gaza.

Lamees Abo Mostafa, âgée de 5 mois, reçoit des soins médicaux à l’hôpital Nasser. Gaza, Palestine. Novembre, 2025 © Nour Alsaqqa/ MSFJanna Mtair, âgée de trois mois, sur les genoux de sa mère, Reem Ahmad, à l’hôpital Nasser, après être née avec le syndrome de Beckwith-Wiedemann. Gaza, Palestine. Novembre, 2025 © Nour Alsaqqa/ MSF
Walid Abo Mostafa, 9 ans, lors d’un examen à l’hôpital Nasser. Gaza, Palestine. Novembre, 2025 © Nour Alsaqqa/ MSF

L’attente met des vies en danger

Avant la guerre, de nombreux patients devaient déjà être orientés vers Jérusalem-Est pour poser un diagnostic et recevoir un traitement, en raison du manque de capacités de tests diagnostiques causé par le blocus israélien imposé à Gaza depuis 2007. Aujourd’hui, de nombreux examens sont indisponibles, notamment les tests pour les maladies immunitaires, ce qui contraint les patients à attendre des périodes inutilement longues avant même de pouvoir s’inscrire sur la liste de demande d’évacuation médicale. Une fois inscrits, les listes d’attente sont si longues qu’elles représentent un grave danger pour leur vie.

C’est la réalité à laquelle est confronté Majd, le fils de Fatima Abu Hajjar. Majd a été grièvement brûlé sur 40 % de son corps par un explosif israélien non détonné. Il attend d’être évacué et son état de santé est extrêmement fragile. 

« Il manque une partie de sa première ligne de défense, [il souffre] d’une grande perte de liquides et de protéines. Il devrait manger des protéines chaque jour, mais il n’y en a pas. Il n’y a pas de poulet, pas d’œufs. Le moindre microbe pourrait mettre sa vie en danger », alerte Fatima.

L’attente est si longue que, dans certains cas, elle provoque la mort. 

Selon les données de l’OMS [chiffres du 12 novembre, 2025, NDLR], au moins 740 personnes, dont 137 enfants, sont décédées en attendant un transfert hors de la bande pour recevoir un traitement. 

Souvent, les autorités ne s’en rendent compte que lorsqu’elles contactent les familles pour les informer d’une éventuelle évacuation.

Les évacuations médicales sont entravées à la fois par les autorités israéliennes et par l’absence de volonté politique des États à accueillir des patients. La bureaucratie et les enjeux politiques compliquent le système d’évacuation, puisque les autorités israéliennes contrôlent les permis de sortie.

Face à la gravité de la situation, MSF appelle les gouvernements à :

  • Augmenter de manière drastique et urgente les évacuations médicales depuis Gaza. Les gouvernements doivent user de leur influence pour garantir qu’Israël ne bloque pas les évacuations médicales et qu’il permette le droit au retour des patients et de leurs aidants.
  • Prioriser les évacuations médicales en fonction de l’urgence médicale et des besoins cliniques, et permettre aux patients – en particulier les enfants et les adultes vulnérables (plus de 75 % des patients ayant besoin d’une évacuation sont des personnes âgées) – de voyager avec leurs soignants.
  • Accélérer les processus de visa et les démarches administratives pour les patients et leurs accompagnateurs, réduisant ainsi les retards qui mettent des vies en danger.
  • Permettre aux patients, notamment aux enfants et aux adultes vulnérables, de voyager avec leurs aidants.
  • Garantir le droit des patients à rester à l’étranger s’ils le souhaitent, ainsi que leur droit à un retour sûr, digne et volontaire à Gaza.
  • Assurer des conditions de vie dignes pour les patients et leurs aidants, incluant un suivi médical, des services de rééducation et un soutien en santé mentale pendant leur séjour à l’extérieur.

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