Un jeune garçon et un médecin à l'hôpital régional Abo Ali Sina, à Mazar-i-Sharif, en Afghanistan.
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Des soins vitaux pour les enfants dans le nord de l'Afghanistan

Le mardi 2 décembre 2025

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La première fois que mon fils Umar* a eu la rougeole, il avait une très forte fièvre », raconte sa mère, Farzana Ismail. 

« Il n’arrivait même pas à ouvrir les yeux et pleurait sans cesse. Son état de santé était vraiment préoccupant. Pendant les cinq jours qui ont suivi l’apparition de la rougeole, ses yeux restaient fermés et il pleurait constamment. Quand la rougeole a finalement disparu, il a contracté une pneumonie, et son état s’est aggravé.» 

« Nous avons dépensé entre 10 000 et 15 000 afghanis (environ 130 à 195 euros) pour ses soins à Mayman, et 3 000 afghanis supplémentaires (environ 40 euros) à Mazar-i-Sharif. Mais depuis qu’il est hospitalisé ici, dans le service de pédiatrie de l’hôpital soutenu par MSF à Mazar-i-Sharif, tous les soins sont gratuits. »

À Mazar-i-Sharif, dans la province de Balkh, au nord de l'Afghanistan, l'accès à des soins de santé gratuits et de qualité demeure un défi majeur, qui affecte le bien-être de millions de personnes. Malgré le besoin crucial de systèmes de santé robustes, de nombreuses communautés et familles, comme celle de Farzana, se heurtent à de graves obstacles pour accéder aux services essentiels à tous les niveaux, des soins primaires aux traitements spécialisés. Cela concerne notamment la santé reproductive, les programmes de vaccination, le soutien psychosocial et la santé mentale, ainsi que l'orientation vers des services de soins critiques. Ces lacunes peuvent avoir des conséquences profondes sur la santé des populations.

Les équipes de MSF constatent l’urgence d’un soutien global – allant de l’amélioration des infrastructures médicales à la formation de professionnels de santé – afin de réduire les décès évitables et d’améliorer la santé globale des populations. Parallèlement, il est indispensable de lever les obstacles socio-économiques et culturels, qui limitent l’accès des familles aux soins.

Obstacles à l'accès aux soins : défis infrastructurels et économiques 

Au début, j'ai emmené ma fille Asma* chez des médecins privés à Dawlatabad, puis à Maymana », raconte Ayesha*. 

« Ensuite, je l'ai emmenée à Andkhoy, mais son état ne s'améliorait pas. Je l'ai alors conduite à l'hôpital Abu Ali Sina de Mazar-i-Sharif. Les médicaments la soulageaient quelques jours, mais elle retombait malade. Certains médecins ont diagnostiqué un problème d'estomac, d'autres une anémie. Nous avons dépensé entre 5 000 et 6 000 afghanis (environ 65 à 80 euros) pour ses soins. »

Dans toute la région, de nombreux établissements de santé souffrent d'un manque de ressources et de personnel, ou sont géographiquement inaccessibles aux populations, notamment celles vivant dans les zones reculées. À Balkh, les quelques centres médicaux fonctionnels sont saturés, ce qui entraîne des services surchargés, de longs délais d'attente, et une surcharge de travail pour le personnel.

La situation est particulièrement critique pour les habitants des zones rurales entourant Mazar-i-Sharif, où les services de santé ont été suspendus ou interrompus faute de financement. Parallèlement, les familles doivent parcourir de longues distances sur des routes en mauvais état pour atteindre les centres de soins fonctionnels, et payer des frais de transport qu'elles peinent à assumer. Ce fardeau pèse de manière disproportionnée sur les femmes enceintes, les patients atteints de maladies chroniques et les enfants souffrant de maladies aiguës.

Ces patients nécessitent souvent des soins rapides et spécialisés, mais l'absence d'un système d'orientation efficace complique leur accès à des traitements plus poussés. À Balkh, les systèmes d'orientation sont souvent dysfonctionnels. De nombreux professionnels de santé manquent de ressources ou de connaissances pour orienter correctement les patients vers les centres de soins secondaires et tertiaires. Ces difficultés sont aggravées par les problèmes de transport et l'insécurité dans certaines régions, qui retarde ou empêche encore davantage le transfert des patients vers des établissements spécialisés.

Ces lacunes du système de santé accroissent le risque de maladies et de décès évitables. Les taux élevés de mortalité infantile et juvénile, dus à des maladies évitables comme la pneumonie, la diarrhée et la malnutrition, soulignent la nécessité d'un meilleur accès aux soins.

Soins médicaux vitaux fournis par MSF à l’hôpital Abu Ali Sina de Mazar-i-Sharif

En août 2023, MSF a commencé à soutenir l’hôpital Abu Ali Sina de Mazar-i-Sharif en collaboration avec le ministère de la Santé. Les équipes de MSF travaillent au renforcement des capacités de l’hôpital en matière de soins spécialisés pour les enfants. Ce soutien comprend l’aide apportée à l’unité de soins intensifs pédiatriques (USIP), à l’unité de soins intensifs néonatals (USIN), à la salle d’isolement pour les patients atteints de rougeole, et au service des urgences, qui assure des soins vitaux aux enfants jusqu’à 14 ans. Ces efforts visent à améliorer la qualité des soins critiques et d’urgence pour les jeunes patients et, à terme, à réduire la mortalité infantile et néonatale dans la région.

MSF apporte un soutien continu aux unités de soins intensifs pédiatriques (USIP), aux unités de soins intensifs néonatals (USIN) et aux services de néonatologie, tout en veillant à la mise en œuvre de mesures de préparation aux situations d'urgence. Suite au séisme du 3 novembre 2025 qui a touché la ville de Mazar-i-Sharif, MSF, en collaboration avec le ministère de la Santé, a activé son plan d'intervention d'urgence et a fait don de matériel médical aux communautés locales, ainsi que de fournitures médicales essentielles à l'hôpital régional Abu Ali Sina, garantissant ainsi une prise en charge rapide et efficace des blessés.

Au cours des deux années écoulées depuis le lancement du projet, les équipes de MSF ont constaté une augmentation significative du nombre de patients dans le centre, avec en moyenne environ 3 000 enfants pris en charge chaque semaine. À leur arrivée, les patients sont classés selon la gravité de leur état grâce à un système de triage par code couleur : rouge pour les cas critiques, jaune pour les cas modérés et vert pour les cas bénins. Les enfants et les nouveau-nés en état grave bénéficient de soins vitaux immédiats, tandis que les cas modérés font l’objet d’une évaluation rapide et d’un traitement urgent. Les patients classés jaune ou vert sont orientés vers le département du ministère de la Santé pour un suivi médical.

L'unité de soins intensifs néonatals compte 154 lits, tandis que l'unité de soins intensifs pédiatriques en compte 38. De plus, la chambre d'isolement pour la rougeole dispose de 28 lits. Face à l'afflux considérable d'admissions, il est fréquent de voir plusieurs enfants partager un même lit, le manque de place ne laissant d'autre solution pour garantir à tous les patients des soins rapides.

Nous constatons la rapidité avec laquelle l'état des enfants peut se détériorer lorsqu'ils arrivent tardivement ou lorsque leurs familles n'ont pas les moyens de les faire soigner ailleurs. Nombre de nos jeunes patients arrivent dans un état critique : rougeole, pneumonie ou malnutrition sévère. Rien qu'en octobre, nos équipes ont admis 1 211 patients en USIP et en USIN, et 95 patients dans l'unité d'isolement pour la rougeole. Ils ont traité un large éventail de pathologies, notamment la rougeole, la septicémie néonatale, la tuberculose, et d'autres maladies infectieuses et respiratoires graves.

Depuis 2023, les équipes de MSF ont pris en charge : 

K

patients 

enfants et adolescents de moins de 14 ans

K

nouveau-nés en soins intensifs

patients en isolement pour la rougeole 

K

admissions aux urgences

Lorsqu’un enfant est hospitalisé, sa famille, le plus souvent sa mère, reste auprès de lui pour lui apporter soins et soutien émotionnel. Les équipes de MSF s’engagent activement auprès des familles en organisant régulièrement des séances d’éducation à la santé, individuelles et collectives. Ces séances permettent aux familles de mieux comprendre la maladie de leur enfant, le déroulement du traitement et les bonnes pratiques d’hygiène pour prévenir les infections.

MSF apporte également un soutien psychosocial et psychologique aux familles, consciente de la détresse émotionnelle et de l'anxiété souvent associées à l'hospitalisation d'un enfant. Des conseillers et des professionnels de la santé mentale spécialisés proposent des séances pour aider les familles à gérer le stress et à renforcer leur résilience durant leur séjour.

L'équipe est également chargée de la mise en œuvre des mesures de prévention et de contrôle des infections (PCI) au sein de l'hôpital, afin de garantir un environnement sûr et hygiénique pour les patients et le personnel. Dans ce cadre, MSF a construit une blanchisserie entièrement équipée à l'hôpital Abu Ali Sina afin de renforcer les pratiques de PCI et de réduire le risque d'infections nosocomiales.

Ces derniers mois, les effets combinés de la diminution des financements et de l’afflux croissant de patients ont mis à rude épreuve les services de santé restants. Bien que MSF ne soit pas directement touchée par ces coupes budgétaires grâce à son modèle de financement indépendant, nos équipes restent pleinement mobilisées pour fournir des soins vitaux et plaider en faveur d'un financement et d'un soutien pérennes afin de garantir aux patients l'accès aux traitements dont ils ont besoin. 

Un investissement continu de la part des organisations humanitaires et des institutions internationales est essentiel pour maintenir la qualité des services, prévenir l'épuisement professionnel du personnel soignant, et préserver la santé des enfants.

 

*Les noms ont été modifiés pour protéger la vie privée.

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