
République Démocratique du Congo
Dernière mise à jour: le 7 avril 2025
Ce qu'il faut savoir sur le conflit armé au Nord et Sud-Kivu
Le conflit armé entre le groupe armé M23/AFC et l’armée congolaise, soutenue par ses alliés, s’est étendu du Nord-Kivu à la province voisine du Sud-Kivu.
3 questions sur l'intensification du conflit armé au Nord et Sud-Kivu

Le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) connaît des décennies d’insécurité depuis les conséquences du génocide de 1994 au Rwanda voisin. Alimentées par des tensions ethniques et une lutte pour les ressources, les violences prolongées impliquent plus de 100 groupes armés (comme le M23), ainsi que les forces gouvernementales congolaises et les forces de maintien de la paix de l’ONU. Des millions de personnes ont été déplacées, les épidémies de maladies infectieuses sont fréquentes et l’accès aux soins de santé essentiels est un besoin crucial.
Le conflit s’est étendu à la province du Sud-Kivu et a récemment rapproché encore davantage la ligne de front de la population civile, atteignant Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, où 650 000 personnes ont déjà été déplacées dans des camps de fortune, aux côtés d’environ 2 millions de personnes vivant dans la ville.
Après de violents combats, le M23/AFC a pris le contrôle de la majeure partie de Goma fin janvier 2025 et a annoncé le 6 février la mise en place d’une nouvelle administration parallèle (maires, administrateurs) à Goma – non reconnue par le gouvernement officiel de la RDC.
Malgré les hostilités, les équipes MSF ont continué à fournir une assistance médicale aux communautés affectées par le biais de leurs projets réguliers et d’urgence au Nord et au Sud-Kivu.
La réponse de MSF
Au 6 février 2025
Une semaine après que le M23/AFC ait réussi à s'emparer de la majeure partie de la ville, les équipes MSF ont déjà :
- soutenu 2 hôpitaux pour le traitement des blessés (les hôpitaux de Kyeshero et Virunga) ;
- collecté et distribué des poches de sang pour les hôpitaux débordés ;
et ont pu retourner dans plusieurs sites de déplacement pour soutenir les centres de santé locaux ; agrandir et/ou rétablir les unités de traitement du choléra et les cliniques spéciales pour les survivants de violences sexuelles (cliniques de Tumaini) ; fournir de la nourriture, de l'eau et du carburant pour les stations de pompage d'eau ; vider les latrines et installer des installations pour le lavage des mains.
Les priorités à ce stade restent la prise en charge des blessés et la réduction du risque d'épidémies de choléra, qui est préoccupant en raison des sources d'eau insalubres, de l'assainissement inadéquat et des déplacements.
Les équipes MSF continuent d'évaluer les besoins humanitaires chaque jour, tant dans les camps qu'en ville, car l'impact sur la population est énorme. Les prochains jours nous permettront d'évaluer les prochaines étapes.


Nos activités en 2024 —
consultations ambulatoires
vaccinations contre la rougeole en réponse à une épidémie
personnes traitées à la suite de violence sexuelle
enfants hospitalisés dans des programmes de nutrition thérapeutique
interventions chirurgicales
personnes recevant un traitement antirétroviral contre le VIH
La République démocratique du Congo (RDC) a été le plus grand pays d’intervention de Médecins Sans Frontières (MSF) en 2024. Nos équipes ont répondu aux immenses besoins humanitaires exacerbés par des années de conflit.
Lire la suite dans le Rapport International d'Activités 2024
En 2024, MSF a intensifié ses activités pour répondre aux ravages du violent conflit qui sévit dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri, à l’est de la RDC, et qui a provoqué le déplacement de quatre millions de personnes en fin d’année. Nous avons aussi répondu à de nombreuses autres urgences, comme des épidémies et des inondations, et poursuivi nos projets réguliers et spécialisés dans tout le pays.
Réponse au conflit à l’est de la RDC
Débuté en 2021, le conflit au Nord- et au Sud-Kivu s’est intensifié en 2024 entre le M23, les forces armées congolaises (FAC), leurs alliés respectifs et d’autres groupes armés. Il a provoqué de nouvelles vagues de déplacements.
Rien qu’en février 2024, 250 000 personnes sont arrivées dans les camps déjà surpeuplés de la périphérie de Goma, la capitale du Nord-Kivu. En 2024, les conditions de vie dans les camps de personnes déplacées se sont encore détériorées, faute d’action nationale et internationale.

De plus, les lignes de front se sont rapprochées de la ville, rendant les camps plus vulnérables à la violence armée. Les communautés civiles ont été prises entre deux feux, beaucoup de gens ont été tués ou blessés par des tirs d’artillerie lourde, tandis que d’autres ont vécu des actes de violence sexuelle.
Face à cette crise humanitaire majeure, nous avons intensifié notre réponse d’urgence : nous avons renforcé les soins généraux, maternels et pédiatriques, administré des vaccins essentiels et soigné les personnes survivantes de violence sexuelle, dont un grand nombre de femmes et d’enfants. En 2024, nos équipes ont traité un nombre sans précédent de personnes survivantes de violence sexuelle au Nord-Kivu.
MSF reste le principal fournisseur d’eau dans les camps autour de Goma. Nous avons réalisé des investissements importants dans les infrastructures d’assainissement, notamment un système d’approvisionnement en eau alimenté par énergie solaire, une station de pompage et une usine de traitement des boues fécales. Ces efforts ont été clés car nous avons aussi traité des milliers de gens souffrant du choléra dans les sites accueillant les personnes déplacées.
La recrudescence des combats sur plusieurs fronts et les déplacements forcés au Nord- et au Sud-Kivu ont encore limité l’accès des communautés aux soins, y compris aux vaccinations. Le nombre de personnes atteintes de malnutrition, rougeole et choléra ont augmenté dans les hôpitaux et centres de santé où nos équipes sont présentes. Les structures médicales où nous travaillons ont connu un afflux important de personnes blessées de guerre et de communautés civiles cherchant à fuir les combats, en particulier dans les villes de Mweso et Masisi au Nord-Kivu. Malgré l’insécurité croissante qui a réduit nos mouvements, notamment à Masisi, MSF a géré des cliniques mobiles pour aider les personnes déplacées. Début 2024, au Sud-Kivu, des dizaines de milliers de personnes ont fui vers le Littoral et les Hauts-Plateaux dans la zone de santé de Minova. Plus tard dans l’année, d’autres mouvements de masse ont suivi, portant à plus de 200 000 le nombre de personnes déplacées dans la région. MSF a lancé des activités d’urgence pour dispenser des soins aux personnes blessées ou malades, et améliorer les conditions d’hygiène dans les camps de personnes déplacées à la suite d’une augmentation des cas de choléra et rougeole.
Malgré la généralisation des attaques contre les personnes civiles en 2024, la crise en cours en Ituri a été largement négligée par le gouvernement de la RDC et n’a fait l’objet que d’une réponse limitée de la part de la communauté internationale. Ni les hôpitaux ni les sites d’accueil des personnes déplacées n’ont été épargnés. Le 6 mars, l’hôpital de référence de Drodro a été attaqué et pillé par des individus armés qui ont tué une personne hospitalisée. Cette situation et d’autres violations du droit international humanitaire ont considérablement limité l’accès aux soins des communautés de l’Ituri.
Nous avons continué à soutenir la clinique Salama à Bunia. Nous avons fourni des soins chirurgicaux et postopératoires comprenant physiothérapie, soins orthopédiques et soutien en santé mentale pour les personnes souffrant de traumatismes accidentels et de blessures liées à la violence. Nous avons aussi aidé 13 zones de santé de la province à gérer des événements impliquant de grands nombres de personnes blessées en organisant des formations et en renforçant le système d’orientation.
MSF soutient toujours les deux hôpitaux généraux d’Angumu et Drodro, ainsi que des sites voisins accueillant des personnes déplacées. Nous mettons l’accent sur le traitement du paludisme et des infections respiratoires, et sur les soins maternels et pédiatriques.
Réponse aux épidémies et autres urgences
Nous avons mené des interventions d’urgence pour aider les personnes déplacées par les conflits ou les catastrophes naturelles dans d’autres régions du pays, notamment à Mai-Ndombe et Kisangani.
En 2024, la lutte contre les épidémies de rougeole est restée une priorité pour les équipes mobiles d’urgence de MSF. Mais nous avons aussi fait face à une recrudescence d’épidémies de mpox, anciennement appelé variole du singe. Une mutation a favorisé la transmission interhumaine du virus, ce qui explique l’augmentation du nombre de personnes touchées, encore aggravée par la très forte densité de population dans les sites de personnes déplacées autour de Goma et de Minova.
Dans les provinces de l’Équateur, du Sud- et du Nord-Kivu, du Sud- et du Nord-Ubangi, de la Tshopo, du Haut- et du Bas-Uélé et de l’Ituri, nous avons conduit des études et des activités de surveillance épidémiologique et de sensibilisation. De plus, nous avons aidé le ministère de la Santé à dispenser des soins. Dans la province de Tshopo, nous l’avons aussi aidé à ouvrir et gérer deux centres de traitement. À Uvira, un foyer de mpox au Sud-Kivu, MSF a participé à la prise en soin des personnes atteintes, aux mesures de prévention et contrôle de l’infection, et à la sensibilisation des communautés.
En janvier, des pluies torrentielles ont provoqué des inondations à Kinshasa, la capitale. Nos équipes logistiques ont construit des latrines et des douches, et distribué de l’eau potable et des tentes. Nos équipes médicales ont fourni des soins médicaux et psychologiques.
Soins généraux et spécialisés
Outre nos interventions d’urgence, nous avons poursuivi nos projets réguliers en RDC. Nous soutenons les structures de santé et formons des réseaux de personnels soignants communautaires pour dépister les maladies à forte prévalence comme le paludisme et la malnutrition, notamment dans les zones difficiles d’accès.
La prise en soin des personnes survivantes de violence sexuelle est un autre volet majeur de nos projets. Nos équipes fournissent traitements médicaux et soins psychologiques. De plus, elles mènent des actions de sensibilisation auprès des communautés pour qu’elles sachent où obtenir un traitement médical approprié.
À Kinshasa, nous offrons des soins contre le VIH à l’hôpital de Kabinda et dans cinq centres de santé. Nous nous efforçons aussi d’améliorer l’accès aux soins des personnes handicapées, en facilitant l’accès des fauteuils roulants aux structures de santé et en intégrant dans nos cliniques mobiles des interprètes spécialistes de la langue des signes.

