Session de sensibilisation au paludisme au centre de santé de Lweba, soutenu par MSF, dans le village de Katanga, territoire de Fizi, République démocratique du Congo
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RDC : MSF a lancé deux opérations d'urgence à Fizi, Sud-Kivu

Le mardi 2 décembre 2025

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Face aux besoins criants des récentes populations déplacées par les combats dans le territoire de Fizi au Sud-Kivu, et face au départ de plusieurs organisations après les coupes budgétaires internationales dans l'aide humanitaire, MSF a lancé deux opérations d'urgence conjointes contre le paludisme et le choléra 

  • Entre août et novembre, les équipes MSF à Baraka et dans le village de Lweba ont soigné 19 000 personnes atteintes de paludisme

  • En l'espace de huit semaines, entre septembre et octobre, nous avons également traité 652 patients atteints du choléra. 

Recrudescence du paludisme

C'est la saison des pluies. Dans la ville de Baraka, et dans les villages environnants, les moustiques prolifèrent et le paludisme a repris du terrain, frappant enfants et adultes.

Aline est mère de cinq enfants. Elle vit à Mulongwe, dans un camp de fortune, au Sud de Fizi. Dans l’hôpital de Baraka, sa fille Adelphine lutte contre la malaria : fièvre, frissons, sueur. Le quotidien est rude et incertain. 

Nous n’avons pas assez à manger car nous n’avons plus accès à nos champs à cause du conflit armé. La terre, notre seule ressource, nous a été arrachée ».

MSF prend en charge les malades à l’hôpital de Baraka. Nous avons aussi mis en place cinq Points paludisme pour tester et traiter les patients. Dans la zone de santé de Fizi, la lutte contre le paludisme est sous-investie depuis des années. Le ministère de la Santé n'a mené aucune activité de prévention contre la malaria depuis trois ans, et les moustiquaires manquent cruellement.

Les coupes récentes dans l'aide humanitaire internationale aggravent encore la situation. Le programme national de lutte contre le paludisme, qui recevait auparavant des sommes importantes du Fonds mondial, a été considérablement affaibli. 

Par conséquent, MSF est devenu le principal fournisseur de médicaments antipaludiques dans la région. 

MSF lutte pour accéder aux populations déplacées par la violence

Les dizaines de milliers de personnes qui ont fui les combats et qui sont désormais déplacées sont particulièrement exposées à l'épidémie. Depuis plusieurs mois, les affrontements entre l'armée congolaise (FARDC) alliée aux milices armées Wazalendos contre les Twigwaneho, branche armée des Banyamulenges, se sont aggravés. Ces combats alimentent un conflit interethnique violent et très ancien dans la zone. 

Dans les Hauts-Plateaux, sur les hauteurs de Baraka, 57 000 personnes demeurent isolées, encerclées par des groupes armés. L’accès humanitaire est impossible pour le moment.  

D'autre part, plus de 20 000 personnes ont fui ces affrontements pour se réfugier à Baraka. Pour ces déplacés, l'accès aux soins de santé est difficile. Beaucoup n'ont pas de moyen de locomotion et ont du mal à se rendre dans les centres de soins, en particulier les Points paludisme, et les nombreux postes de contrôle mis en place par les groupes armés compliquent encore davantage leurs déplacements.  

Je suis très inquiète pour tous ces gens qui ne parviennent pas à atteindre nos soins médicaux. Ils redoutent de passer les checkpoints des groupes armés dans la zone  », déclare Maria Santo, responsable médicale du projet a Fizi. 

Nous voyons des patients arriver à l'hôpital de Baraka avec une forme de paludisme déjà grave, car ils ont mis beaucoup trop de temps à venir jusqu'à nous.   

Récemment, un enfant de trois ans est arrivé à pied avec sa grand-mère à l'hôpital de Lweba, poursuit Maria Santo. Il avait un paludisme grave et était en état d'anémie car il avait dû marcher 20 kilomètres depuis Bibokoboko ». 

C’est pourquoi MSF s’apprête à installer cinq nouveaux Points paludisme pour rapprocher les soins de ces populations. 

MSF est confrontée à de nombreux défis logistiques majeurs. Pendant la saison des pluies, de longs tronçons de la route longeant le lac Tanganyika sont sous les eaux, rendant impraticable la route entre Bukavu et Uvira. Pour MSF, il est actuellement impossible d'atteindre certaines zones situées au-delà de la ville de Fizi, où se trouvent la plupart des personnes déplacées.

De plus, les lignes de front instables et dangereuses, rendent encore plus difficile l'acheminement des médicaments et des fournitures. Comme MSF ne peut pas se déplacer directement des zones contrôlées par le M23 vers celles contrôlées par le gouvernement, les fournitures ne peuvent pas être transportées directement de Bukavu à Baraka. Elles doivent donc faire un détour long et compliqué par le Rwanda, la Tanzanie et le Burundi. Ce trajet prend plusieurs jours et ralentit considérablement la livraison des médicaments, comme les antipaludéens, et des fournitures essentielles comme les test malaria et les kits d'hygiène pour les malades du choléra. 

Une épidémie de choléra désormais sous contrôle 

Alors que j’étais au lac pour puiser de l’eau, j’ai retrouvé mon fils de deux ans en train de vomir et avec de la diarrhée, très affaibli » raconte Bokumba Fataki, aux côtés de son fils pris en charge dans le centre de traitement de Baraka. 

J’ai d’abord cru qu’il était malade à cause de quelque chose qu’il avait ramassé par terre et mangé mais non, c’est le choléra. Dans notre communauté, nous buvons principalement l’eau du lac. L’eau du robinet est disponible, mais très rare ». 

Le sous-investissement dans les infrastructures d'approvisionnement en eau et d'assainissement contribue largement à l'épidémie de choléra.

 Le problème, c’est l’eau », déplore le docteur Christian Rajabu, médecin au centre de traitement de choléra de Baraka, soutenu par MSF. 

De nombreuses personnes s’approvisionnent directement dans le lac ou les rivières, faute d’autres alternatives. Les infrastructures sanitaires sont largement insuffisantes, et les gestes d’hygiène élémentaires, comme le lavage correct des mains, sont encore méconnus ».

Pour enrayer les contaminations du choléra, MSF a mis en place 31 points de chloration de l’eau dans les quartiers les plus exposés, et mené plusieurs activités de sensibilisation de la communauté aux gestes d’hygiène qui permettent d’éviter les contaminations. De plus, en collaboration avec les comités locaux chargés de l'eau, MSF a également désinfecté et remis en état 13 pompes manuelles. 

En huit semaines d’intervention de MSF, le nombre de cas de choléra a baissé de 55%, et l’épidémie est désormais contrôlée. 

Mais à long terme, des investissements urgents dans le domaine de l'eau, soutenus par l'État, sont nécessaires.

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