Véhicule devant l'entrepôt de MSF, Juba
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Fournir des soins médicaux aux populations égyptienne et soudanaise à Assouan

Le vendredi 28 novembre 2025

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Khaled* est assis dans un coin de la salle d'attente, sa carte d'enregistrement du HCR dans une main et un petit sac plastique rempli de boîtes de médicaments vides dans l'autre. C'est sa troisième visite à la clinique de Daraw, où il reçoit des soins pour sa maladie chronique.

Nous menions une vie confortable au Soudan, et partir a été très difficile. Mais c'était notre seule option », explique Khaled, originaire de Jezirah, au Soudan, et vivant désormais à Daraw, une petite ville du gouvernorat d'Assouan, au sud de l'Égypte

« Notre pays d'origine est privé de soins de santé, et les personnes âgées comme moi ne peuvent pas s'en passer longtemps.» Khaled fait partie des 1,5 million de Soudanais vivant en Égypte, dont beaucoup ont traversé la frontière après le début du conflit en 2023.

À Daraw, Médecins Sans Frontières (MSF) gère une clinique mobile, en partenariat avec la Fondation Om Habibeh (OHF), une organisation égyptienne implantée de longue date dans le gouvernorat d'Assouan. Les deux organisations ont lancé cette activité de clinique mobile en janvier 2025, dans cinq localités du sud du pays.

L'objectif est de faciliter l'accès aux soins pour les populations qui en ont besoin, tout en soutenant le système de santé existant dans le gouvernorat d'Assouan. Depuis, l'équipe a réalisé plus de 7 265 consultations de médecine générale, et plus de 6 600 consultations pour des maladies non transmissibles. Elle a également fourni plus de 1 470 consultations individuelles en santé mentale, et plus de 2 440 séances de promotion de la santé.

Chaque matin, une équipe conjointe de MSF et d'OHF, composée de médecins, d'infirmiers, de psychologues et d'éducateurs en santé, se rend dans ces localités et dispense des soins médicaux primaires aux Soudanais et aux Égyptiens qui n'y ont pas accès ailleurs.

Travailler avec la communauté : un élément clé pour une mission réussie

Dès le début de leurs activités, les deux organisations savaient que, pour atteindre les communautés cibles et s'adapter à leurs besoins, un dialogue étroit était indispensable. Si les Égyptiens et les Soudanais cohabitent à Assouan, leurs besoins sont différents, tout comme leurs comportements en matière d'accès aux soins de santé.

Pour les Soudanais, qui ont quitté leur foyer en emportant très peu d’affaires, les défis et les besoins sont encore plus nombreux. Pour beaucoup, leur statut légal détermine leur liberté de mouvement et leur accès aux soins, par crainte d’intimidations ou de réactions violentes à leur égard.

Fuir la guerre et quitter son foyer a un impact considérable sur la santé mentale des personnes. Nous rencontrons de nombreux patients souffrant d'anxiété, de dépression ou de stress post-traumatique (PTSD) en raison de leur passé, de ce qu’ils ont vécu au Soudan ou lors de leur voyage jusqu’ici, et de l'incertitude qui plane sur leur vie actuelle », explique Moses Luhanga, responsable des activités de promotion de la santé pour MSF en Égypte.

Sans l'implication des communautés, il est difficile de les atteindre et de cerner leurs besoins. Les équipes avec lesquelles nous travaillons comptent plusieurs mobilisateurs communautaires, qui assurent la liaison les communautés et nous.

Pour les atteindre, l’équipe médicale redouble d’efforts pour arriver jusqu’aux personnes dans le besoin, en collaborant avec des organisations communautaires pour atteindre les Égyptiens, ainsi qu’avec d’autres leaders et mobilisateurs communautaires pour atteindre les réfugiés soudanais installés sur place ou ceux qui sont en mouvement.

Si les besoins et les obstacles à l'accès aux soins de santé diffèrent, l'aspect financier demeure la principale contrainte, partagée par beaucoup, que ce soit pour se rendre dans les structures de soins ou pour acheter les médicaments prescrits.  C’est le cas de Heba*, une femme égyptienne mère de sept enfants, qui a du mal à régler tous ses frais médicaux et à nourrir ses enfants en même temps. 

Même si j’ai accès aux services publics en tant qu’Égyptienne, je préfère venir ici car je reçois gratuitement tous mes médicaments », explique Heba. 

« Cela m’aide à économiser un peu d’argent pour ma famille, au lieu de le dépenser à la pharmacie. »

Pour beaucoup dans le gouvernorat d’Assouan, Soudanais comme Égyptiens, le coût de la vie augmente, accentuant la pression sur leurs familles. De plus en plus d'Égyptiens viennent désormais se faire soigner dans nos cliniques mobiles, même si les Soudanais représentent toujours la majorité de nos patients.

Des soins qui vont au-delà des services médicaux de base

À Karkar, à 70 kilomètres au sud de Daraw, l'histoire d'Aliya* est différente. Elle s'est rendue pour la première fois à la clinique lorsqu'elle a appris sa grossesse, pensant pouvoir y accoucher. Bien que l'équipe médicale ne pratique pas d'accouchements, notre équipe d'orientation veille à orienter les patientes nécessitant des soins complémentaires vers d'autres organismes ou établissements de santé. 

« J’ai été très soulagée lorsqu’on m’a dit que mon accouchement serait pris en charge par l’équipe médicale, y compris les frais de transport jusqu’à l’hôpital. Je n’ai pas suffisamment d’argent pour payer cela », raconte Aliya, un large sourire aux lèvres.

Chaque jour, une infirmière référente de MSF assure le suivi des patients nécessitant des services complémentaires non fournis par MSF ou par l’OHF. Si nombre d'entre eux, comme Aliya, requièrent des soins médicaux spécialisés, beaucoup sollicitent également des services non médicaux tels que la protection ou des services financiers ou sociaux. Depuis la mise en place de ce nouveau service en septembre 2025, plus de 80 patients ont été orientés vers d'autres organisations, témoignant de l'importance des besoins en matière de soins complémentaires.

Le lien avec les mobilisateurs communautaires est également essentiel à ce volet, car la solidarité entre la communauté d'accueil et les réfugiés, ainsi que le réseau inter-organisations, contribuent à soulager les souffrances de nombreuses personnes.

*Les noms des patients ont été modifiés afin de protéger leur identité.