Soudan
Après qu'une guerre brutale a éclaté au Soudan en 2023, Médecins Sans Frontières (MSF) a rapidement adapté ses activités pour répondre, malgré les défis sécuritaires et administratifs.
Guerre au SoudanLire le Rapport international d'Activité 2023
Nos activités en 2023
consultations externes
admissions en salle d'urgences
accouchements assistés
enfants admis dans des programmes d'alimentation en milieu hospitalier
interventions chirurgicales
nouveaux-nés admis à l'hopital
Le 15 avril 2023, des combats intenses et inattendus ont éclaté entre les forces armées soudanaises et les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF) dans la capitale soudanaise, Khartoum. Ils ont plongé tout le pays dans le chaos alors que la violence s'est propagée à travers le pays, faisant des dizaines de milliers de victimes et déracinant des millions de personnes de leurs foyers.
À partir de 2019, après l'éviction de l'ancien président Omar Al-Bashir, nos équipes ont développé leurs activités médicales à travers le Soudan dans un contexte de transition instable, travaillant dans 11 États. Le pays comptait déjà de grandes poches de personnes déplacées, ainsi que des réfugiés des pays voisins. Lorsque la guerre a commencé, nous avons recentré notre réponse pour essayer de répondre aux besoins des personnes touchées
L'hôpital sud d'El Fasher, au Darfour-Nord, soutenu par MSF, a reçu 136 blessés au cours des 48 premières heures des combats. Les patients ont dû être soignés à l'étage et dans les couloirs en raison du manque de place, dans ce qui n'était à l'origine qu'une petite maternité sans capacité chirurgicale. Au cours des semaines suivantes, nous l'avons transformé en un hôpital doté d'un bloc opératoire et d'une salle d'urgence, avec la capacité de répondre à des événements faisant de nombreuses victimes.
À Khartoum, où la guerre a commencé, de violents combats de rue, des bombardements et des frappes aériennes ont eu lieu. Ceux qui ont pu fuir la ville l’ont fait, mais beaucoup sont restés coincés chez eux en raison de l’intensité des combats. La plupart des hôpitaux de la ville ont rapidement cessé de fonctionner et les structures qui ont pu rester ouvertes ont été rapidement débordées.
Les équipes MSF qui vivaient dans la ville ont profité de chaque accalmie dans les combats pour donner du matériel médical aux hôpitaux et évaluer ceux que nous pouvions potentiellement aider. Début mai, nous avions fait venir une équipe chirurgicale complète à l’hôpital universitaire Bashair. En juin, nous étions pleinement opérationnels à l’hôpital turc, à l’origine une petite maternité et un petit établissement pédiatrique sans capacité chirurgicale, que nous avons transformé en une structure capable de répondre à des événements faisant de nombreuses victimes.
Le même mois, nous avons commencé à soutenir l’hôpital Al-Nao à Omdurman, en traitant les patients souffrant de blessures causées par des coups de feu, des coups de couteau et des éclats d’obus provenant d’explosions, ainsi que des affections non liées à des traumatismes. En juillet et août, nos équipes ont commencé à travailler dans les services pédiatriques et de maternité de l’hôpital Umdawwanban dans l’État de Khartoum et à l’hôpital Alban Al-Jadeed, le seul hôpital public encore en activité dans l’est de l’État de Khartoum.
En juin, nous avons également commencé nos activités dans l’État du Nil Blanc. Nos équipes travaillant dans certains des camps surpeuplés de réfugiés et de personnes déplacées ont été submergées par des cas quotidiens de rougeole et de malnutrition chez les enfants.
La vaste région du Darfour est redevenue, comme au début et au milieu des années 2000, un épicentre de violences. Bien qu’un calme relatif ait été établi au Darfour-Nord après plusieurs semaines de combats intenses, à Nyala, au Darfour-Sud, un complexe et un entrepôt de MSF ont été attaqués et pillés au début du conflit. Cela a conduit à la suspension de toutes nos activités dans la ville et ses environs.
Au Darfour-Ouest, l’hôpital universitaire d’El-Geneina, soutenu par MSF, a également été pillé et considérablement endommagé pendant les violences. La ville est devenue si dangereuse que pendant plusieurs mois, aucun accès n’a été possible. Deux massacres majeurs ont eu lieu au Darfour-Ouest au cours de l’année ; on estime qu’entre 10 000 et 15 000 personnes ont été tuées lors de violences ethniques à El-Geneina seulement.
Alors que les combats continuaient de s'intensifier dans le pays, les pillages d'établissements de santé et les attaques contre les locaux et le personnel de santé sont devenus une caractéristique du conflit, l'Organisation mondiale de la Santé ayant recensé un total de 63 incidents au cours de l'année. Beaucoup ont eu lieu dans les installations et locaux de MSF.
Bien que nous ayons travaillé dur pour intensifier notre réponse au Soudan, nous avons rencontré d’innombrables obstacles. Les visas de nos équipes d’urgence expérimentées ont été retardés à plusieurs reprises. En septembre, les autorités soudanaises ont mis en place une interdiction sur le transport de fournitures médicales et chirurgicales à Khartoum, dans le but d’empêcher les soldats blessés des RSF de recevoir des soins vitaux. Elles ont également mis en place une interdiction empêchant le personnel humanitaire de se rendre dans les zones contrôlées par les RSF. Ces restrictions ont conduit au retrait de notre équipe chirurgicale de l’hôpital universitaire de Bashair.
Malgré ces difficultés, nous avons continué à offrir une assistance médicale à Rokero, dans la région montagneuse de Jebel Marra, et à Kreinik. Nous avons également maintenu nos activités médicales tout au long de l’année dans plusieurs États de l’est du Soudan, notamment le Nil Bleu, où nous avons traité la malnutrition et soutenu des cliniques mobiles à Ad-Damazin et dans ses environs.
En décembre, les RSF avaient pris le contrôle de toutes les grandes villes du Darfour, à l’exception d’El Fasher, où l’hôpital du Sud était devenu le principal centre de référence pour tous les États du Darfour. À cette époque, nous avions également rétabli notre soutien à l’hôpital universitaire d’El-Geneina.
Au début de la guerre, des centaines de milliers de personnes avaient fui vers le sud, à Wad Madani, dans l’État d’Al-Jazirah, pour fuir les combats à Khartoum. Entre mai et novembre, nos équipes ont fourni des consultations médicales dans les établissements de santé existants et par le biais de cliniques mobiles, dont au moins 40% pour les enfants. Cependant, en décembre, les RSF ont pris le contrôle de l’État, et environ 500 000 personnes ont été à nouveau déplacées pour fuir les violences. Afin de répondre à leurs besoins, nous avons étendu nos interventions existantes dans les États d’Al-Gedaref et de Kassala.
À la fin de 2023, près de six millions de personnes étaient déplacées à l’intérieur du Soudan, tandis que 1,4 million étaient devenues des réfugiés dans les pays voisins, et le système de santé était au bord de l’effondrement. À ce jour, aucun cessez-le-feu durable n’a été conclu et les combats se poursuivent.