MSF Luxembourg s’engage auprès des jeunes vivant avec le VIH
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À l’approche de la Journée mondiale du sida (le 1er décembre), nous mettons en lumière deux initiatives menées par les équipes de Médecins Sans Frontières Luxembourg :
VIH : Les « clubs des jeunes » en RDC, un modèle simple, humain et efficace
En République démocratique du Congo, plus de 60 % de la population a moins de 20 ans : une jeunesse nombreuse, pleine d’énergie et de promesses — mais aussi très exposée au VIH. En 2024, 15 000 jeunes de moins de 25 ans ont contracté le virus, dont plus de 9 000 âgés de moins de 15 ans, principalement en raison d’une prévention insuffisante de la transmission mère-enfant (PTME) durant la grossesse, l’accouchement ou l’allaitement.
J’ai appris que j’étais porteuse du virus à 15 ans », raconte Raïssa, 22 ans. « Très vite, j’ai été stigmatisée, rejetée, même par ma famille. J’avais tellement maigri qu’on m’interdisait d’aller aux fêtes ou aux deuils. Je ne sortais plus de ma chambre. Tout s’effondrait autour de moi, simplement à cause du regard des autres. »
Comme elle, beaucoup d’adolescents vivent une double peine : le poids de la maladie et celui de la stigmatisation. Cette situation entraîne l’isolement, le découragement et, trop souvent, l’arrêt ou interruption de la prise de médicaments vitaux pour maintenir le virus sous contrôle, ce qui peut entraîner la mort.
Les “clubs des jeunes” : un modèle simple, humain et efficace
L’abandon du traitement est particulièrement préoccupant chez les jeunes à Kinshasa. Pour y remédier, MSF et l’association congolaise Jeunesse Espoir ont lancé en 2019 une initiative novatrice : les clubs des jeunes. Leur principe est simple : offrir aux adolescents et jeunes adultes vivant avec le VIH un espace sûr, confidentiel et convivial, relié à une structure de soins, où ils peuvent échanger entre pairs.
C’est un modèle qui fonctionne remarquablement bien pour renforcer l’adhérence au traitement », explique le Dr Pulchérie Ditondo, responsable des activités médicales communautaires de MSF à Kinshasa. « Les membres s’entraident, se motivent, s’encouragent. Ils deviennent acteurs de leur propre santé. »
Aujourd’hui, 83 jeunes âgés de 12 à 25 ans fréquentent ces clubs dans quatre communes de Kinshasa. L’initiative intègre aussi une dimension éducative et préventive essentielle : les jeunes y apprennent à protéger leur santé, comprendre leur traitement et réduire les risques de transmission.
Les résultats sont parlants : en 2024, près de 80 % d’entre eux avaient une charge virale supprimée – contre 71% en 2019 – preuve de l’efficacité du modèle.
La méthode Photovoice, un approche de recherche opérationnelle innovant signé LuxOR
En 2024, l’Unité de recherche opérationnelle de MSF Luxembourg (LuxOR) a lancé une recherche afin d’évaluer l’efficacité de ce modèle dans le renforcement de l’adhérence et l’amélioration de la santé globale des participants. Les résultats sont sans appel : le modèle des Clubs des jeunes doit être pérennisé et étendu. La recherche, menée par l’anthropologue Emilia Brazy-Nancy, a combiné des entretiens individuels, des discussions de groupe et une approche participative innovante appelée « Photovoice ».
Munis d’appareils photo jetables, dix membres de deux clubs VIH ont réalisé plus de 200 clichés illustrant leur quotidien. Peu utilisée dans ce type de contexte, la méthode s’est révélée particulièrement adaptée pour explorer des sujets sensibles et souvent tabous, comme la stigmatisation liée au VIH.
Un modèle à soutenir et à étendre
Nous avons la preuve que le modèle des "club des jeunes" fonctionne », insiste le Dr Ditondo.
« Ce modèle permet de maintenir les jeunes sous traitement, d’éviter les formes avancées de la maladie – très coûteuses à traiter – et de renforcer la prévention dans toute la communauté. Toutes les raisons sont là pour le soutenir. »
Pourtant, son avenir dépend des ressources nationales et internationales disponibles pour lutter contre le VIH/SIDA en RDC. Ces moyens sont structurellement faibles et en baisse depuis la réduction de l’aide internationale américaine. Les deux principaux programmes, le President’s Emergency Plan for AIDS Relief (PEPFAR) et le Fonds Mondial, ont vu leurs financements diminuer, avec des conséquences directes sur les activités menées, notamment par la société civile.
Pour MSF, ce contexte justifie d’autant plus la nécessité pour les autorités et les partenaires internationaux de soutenir des initiatives innovantes, peu coûteuses et efficaces comme les Clubs des jeunes, et de les intégrer dans les stratégies nationales de lutte contre le VIH/SIDA.
Nous prions pour que ces clubs existent partout dans le pays. Là où il y a des jeunes vivant avec le VIH, il faut leur offrir cet espace si l’on veut réduire la stigmatisation et la mortalité. Cela peut sauver des vies », conclut Raïssa.
* Les prénoms ont été changés pour préserver l’anonymat.
Luxembourg : MSF amène plus de 100 élèves à s’engager sur les conditions des jeunes vivant avec le VIH
« Call To Action - (R)éveil humanitaire », le challenge inter-lycées de MSF centré sur la sensibilisation des jeunes à une crise oubliée et à la mobilisation de leur engagement citoyen, est dédié cette année à la thématique « les jeunes vivant avec le VIH ». À travers un travail de groupe encadré et réparti sur toute l’année scolaire, les 119 élèves de six établissements différents deviennent eux-mêmes acteurs de leur apprentissage sur cette crise, une maladie encore la deuxième cause de mortalité chez les 10–19 ans en Afrique subsaharienne. Ce challenge est réalisé avec le soutien de l’Œuvre Nationale.
« Aujourd'hui, au Luxembourg, le SIDA semble être une maladie du passé. Les jeunes y sont moins sensibles, ne se sentent pas concernés, n'ont aucune idée de la façon de se faire tester. Pourtant, les chiffres et les situations de stigmatisation, particulièrement parmi les adolescents, sont alarmants. C'est pour informer la jeunesse luxembourgeoise et leur donner du pouvoir d'agir que nous avons choisi de faire du "VIH chez les jeunes" la thématique de notre challenge inter-lycées (R)éveil humanitaire. 119 lycéens et lycéennes travaillent à leur campagne de sensibilisation pour mettre en lumière les voix de nos patients ».
—Apolline Ledain, Chargée du Public Engagement pour MSF Luxembourg.


