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Twelve months of Ebola research: An unprecedented year
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Conférence - 12 mois de recherche sur Ebola
Le 3 septembre, la fin de l’épidémie a été annoncée au Libéria, même si le pays reste en état de surveillance épidémiologique. Le 7 novembre, c’était au tour de la Sierra Leone de l’annoncer. Mais de nouveaux cas sont encore recensés en Guinée. Il y a deux semaines, trois nouveaux patients ont été admis dans le centre de traitement d’Ebola de MSF à Conakry, la capitale. Le principal risque qui empêche la fin définitive de l’épidémie réside aujourd’hui dans la faiblesse du système de surveillance. Cependant, la question qui préoccupe les institutions et organisations médicales est «Que devons-nous faire différemment et mieux la prochaine fois pour éviter une telle catastrophe humanitaire ?»
Des efforts coordonnés sont indispensables pour éviter une épidémie de cette ampleur. «La solidarité internationale et la volonté politique sont nécessaires dès le début de l’épidémie. Il faut réagir tout de suite afin que l’épidémie ne devienne pas hors contrôle», explique le Dr Rony Zachariah, Coordinateur de la recherche opérationnelle de MSF Luxembourg. «Le Dr Jean-Claude Schmit, directeur du LIH, confirme le besoin de déployer des moyens conséquents sur le terrain quand une épidémie se déclenche, en évoquant pour preuve «la diminution importante du nombre de cas au moment où l’action de la communauté internationale s’est mise en place en Afrique de l’Ouest, en septembre 2014».
L’épidémie en Afrique de l’Ouest est la quinzième intervention Ebola en Afrique sub-saharienne menée par MSF .
L’épidémie de fièvre hémorragique la plus importante à laquelle MSF avait été confrontée auparavant était survenue en Ouganda, en 2000. Il y avait eu 425 cas, rappelle le Dr Zachariah.
Alors qu’en Afrique de l’Ouest, c’est plus de 27.000 cas d’Ebola qui ont été recensés jusqu’à présent et le virus a fait plus de 11.000 victimes. Pour éviter une telle propagation lors d’une prochaine épidémie Ebola, MSF soulève l’importance de renforcer les cinq piliers suivants : un système sanitaire national solide, des capacités en ressources humaines, un vaccin utilisable à grande échelle, de la recherche orientée vers les besoins des équipes médicales, et finalement, l’implication d’anthropologues sur le terrain. «Nous devons être conscients que ces conditions ne sont pas encore toutes remplies», précise le Dr Zachariah.
Ebola crée un climat de peur et de doute au sein des communautés. Par conséquent, les personnes liées à une intervention Ebola sont souvent stigmatisées et rejetées au sein même de leur communauté. Cette stigmatisation a augmenté les risques de transmission, car beaucoup de personnes malades ont caché le plus longtemps possible leur état et ne se sont pas déplacées vers un centre de prise en charge d’Ebola (CPE). Le personnel des CPE a aussi souvent choisi de cacher la nature de leur emploi à leur entourage pour éviter les difficultés en matière de logement ou dans leur vie de famille.
Afin d’éviter les rumeurs et d’établir une relation de confiance avec la population, il est essentiel de mener des actions de sensibilisation au sein des communautés qui s’adaptent en permanence à l’évolution du contexte et à proximité des communautés.
«Au pic de l’épidémie, il y avait 600 promoteurs de la santé à Monrovia qui faisaient du porte à porte pour sensibiliser les familles sur Ebola», explique le Dr Emilie Venables, anthropologue chez MSF, en mission au Libéria en août 2014. «Mais une sensibilisation efficace des communautés doit aussi être qualitative. Il faut être à l’écoute des personnes, de leurs questions et de leurs préoccupations, s’adapter aux coutumes locales; il faut être quotidiennement au plus près des communautés.»
L’épidémie a engendré un groupe particulièrement vulnérable : les survivants d’Ebola. Quelques 15.000 survivants d’Ebola sont recensés en Afrique de l’Ouest. Mais derrière les statistiques se cachent de nombreux défis.
«Pour un ancien patient d’Ebola, une nouvelle identité s’impose», explique le Dr Venables. «D’une part, on est célébré dans les médias et dans les communautés comme un héros, un survivant. D’autre part, il est difficile de trouver un travail ou un logement et de renouer des liens avec sa famille. La stigmatisation et le poids de l’expérience traumatisante sont des problèmes quotidiens que ces personnes doivent surmonter. L’existence d’un survivant tourne autour de cette nouvelle identité».
Le stress post-traumatique, des séquelles médicales telles que des problèmes ophtalmologiques nécessitent un suivi médical spécialisé et un soutien psychologique, rappelle le Dr Rony Zachariah. Cette épidémie a montré qu’une intervention Ebola ne finit pas avec le dernier patient. Nous avons une responsabilité envers nos anciens patients.
Depuis mars 2014, les équipes de MSF ont traité 10.287 patients ayant contracté Ebola en Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, plus de mille membres de MSF travaillent encore dans les trois pays les plus touchés dans des projets liés à Ebola.