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Nord-Ouest de la Syrie : encore un rude hiver qui s’annonce pour les personnes déplacées

Vue d'un camp de personnes déplacées dans le nord-ouest syrien. Novembre 2020. © Abdul Majeed Al Qareh
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À l’approche de l’hiver dans le nord-ouest de la Syrie, les conditions déjà difficiles dans lesquelles vivent plus de deux millions de personnes déplacées ne font que se compliquer. Les personnes vivant dans des camps dans cette région vont devoir faire avec des tentes où l’eau s’infiltre, des chemins envahis par la boue et des températures glaciales.

    Pour beaucoup de gens, ce ne sera pas le premier hiver qu’ils passeront dans de telles conditions. Ces dernières années, le nord-ouest de la Syrie a vu déferler de nombreuses vagues de déplacement de populations, la dernière étant début 2020, lorsque les combats dans la région ont provoqué la fuite de près d’un million de personnes vers des régions plus sûres.

    L’hiver va encore compliquer pour chacun la situation qui est déjà critique dans le nord-ouest de la Syrie.
    Dr Chen Lim, coordinatrice des activités médicales MSF dans le nord-ouest de la Syrie

    « La vie est terrible ici, surtout l’hiver, la tente ne peut pas nous protéger contre le froid et la pluie », explique Chahine Ziadeh, un résident du camp de Fan Al-Shemali dans la province d’Idlib. Chahine a fui son village en 2016 à cause de violents tirs d’artillerie. Depuis, il a habité dans différents camps avant de s’installer à Fan Al-Shemali il y a deux ans.

    À chaque fois qu’il pleut, les rues dans le camp se transforment en rivières de boue. Résultat, les gens peuvent difficilement quitter leur tente pour aller à pied ou à moto acheter des produits alimentaires, aller travailler ou consulter un médecin. Pour les travailleurs humanitaires aussi, c’est compliqué d’arriver au camp par les routes inondées et boueuses. 

    Pour améliorer les conditions de vie durant l’hiver, les équipes de MSF distribuent des kits pour l’hiver qui contiennent des vêtements chauds, bâches, matelas et couvertures pour environ 14 500 familles vivant dans plus de 70 camps de personnes déplacées dans la région. 

    « Nous distribuons ces biens de première nécessité essentiellement pour que les familles soient protégées des fortes pluies, parce que beaucoup de tentes ont des panneaux très usés, explique Abdoulrahman, logisticien MSF. À l’approche de cet hiver, nous sommes préoccupés aussi parce que, ces dernières années, de très fortes pluies sont tombées sur les camps. »

    Les équipes MSF ont commencé à rénover 2 275 tentes dans six camps situés dans l’ouest de la province d’Idlib. Elles refont le sol à l’intérieur et autour des tentes, améliorent l’isolation thermique des tentes et montent des murets de briques pour les protéger contre les inondations.

    Les équipes MSF espèrent que ces rénovations permettront d’améliorer les conditions de vie générales des gens, mais aussi de contribuer à prévenir une hausse des maladies liées à l’hiver. « Même si cette intervention n’est pas en soi purement médicale, il est difficile de faire la part entre ce qui relève du médical et ce qui ne relève pas d’un long conflit et de déplacements de populations comme en Syrie, indique le Dr Chen Lim, coordinatrice des activités médicales MSF dans le nord-ouest de la Syrie. Nous ne pouvons pas ignorer les conditions de vie et l’impact qu’elles ont sur la santé des populations. »

    MSF, don, médecins sans frontières, santé, maladieChaque hiver, les équipes médicales MSF observent dans ces camps surpeuplés une augmentation des infections respiratoires, des problèmes de santé liés à des lésions respiratoires, des brûlures, des maladies diarrhéiques, et des engelures.

    Pour renforcer ses actions de prévention, MSF a déployé dans les camps des équipes de promotion de la santé qui sensibilisent les familles sur les maladies courantes pendant l’hiver, évaluent les besoins sanitaires et les difficultés du quotidien et informent la population sur les soins médicaux dispensés par les équipes mobiles de MSF.

    Une évaluation faite récemment par une équipe MSF de promotion de la santé dans plusieurs camps a fait apparaître que pour près de 70% des 116 personnes interviewées, ce ne sera pas le premier hiver qu’elles vont passer dans un camp. Chaque personne interrogée a dit craindre que des membres de sa famille, ses enfants principalement, ne tombent malades cet hiver.

    Autre préoccupation cette année pour les habitants du nord-ouest de la Syrie, la pandémie de Covid-19 qui continue d’avoir un gros impact dans la région. Plus de 17 000 cas confirmés ont été enregistrés jusqu’ici et le nombre de cas risque d’augmenter fortement pendant la période hivernale.

    « Cet hiver, il sera aussi plus difficile pour les personnels de santé de faire la distinction entre les personnes présentant des symptômes liés à un refroidissement et celles présentant des symptômes du Covid-19, indique Dr Chen Lim. Dans ce sens, l’hiver va encore compliquer pour chacun la situation qui est déjà critique dans le nord-ouest de la Syrie. »


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