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COVID-19 : Éviter une épreuve supplémentaire pour les personnes atteintes de tuberculose

Une patiente âgée de 17 ans, atteinte de tuberculose multi-résistante, devant la porte de la petite maison construite par les équipes MSF juste à proximité de la maison familiale. Inde, mai 2019. © Jan-Joseph Stok
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Alors que le monde est aux prises avec la pandémie mondiale de COVID-19, MSF s'inquiète de son impact sur les groupes vulnérables. À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, nous souhaitons attirer l'attention sur les personnes atteintes de tuberculose, car elles font partie des groupes susceptibles d'être doublement touchés par cette tragique situation.

    La tuberculose est la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde, avec près de 10 millions de personnes atteintes et 1,5 million de décès en 2018.

    Un demi-million de personnes souffrent d'une des formes pharmacorésistantes de la maladie, pour lesquelles il faut recourir à un traitement long et toxique. La tuberculose est la principale cause de décès chez les personnes vivant avec le VIH.

    De nombreux pays - comme l'Inde et l'Afrique du Sud - comptent un grand nombre de personnes vivant avec le VIH et la tuberculose.

    Tuberculose et COVID-19 : des symptômes similaires

    Le COVID-19 présente des symptômes similaires à ceux de la tuberculose, notamment une atteinte pulmonaire, de la toux et de la fièvre. Les personnes ayant des lésions pulmonaires (tuberculose) ou dont le système immunitaire est faible (VIH est mal contrôlé) sont susceptibles de développer les formes plus graves de la COVID-19, si elles deviennent infectées.

    De plus, de nombreux patients tuberculeux vivent dans des zones densément peuplées, et cette proximité immédiate augmente davantage leur risque de contracter le COVID-19, plus particulièrement dans les camps surpeuplés où il manque d'accès à l'eau potable ou aux soins de santé.

    La pandémie de COVID-19 pourrait affecter les traitements contre le VIH et la tuberculose

    Cette situation déjà préoccupante deviendra encore plus grave si le diagnostic et le traitement du VIH ou de la tuberculose sont interrompus. À ce titre, MSF soutient la note d'information de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur les stratégies visant à maintenir la continuité des services essentiels – prévention, diagnostic, traitement et soins – pour les personnes atteintes de tuberculose et de tuberculose pharmacorésistante pendant la pandémie de COVID-19.

    Les systèmes de soins de santé, en particulier ceux dans les pays à faibles ressources, seront soumis à une pression considérable en raison du COVID-19. De par notre expérience des épidémies, nous savons qu'un accès réduit aux soins, aux médicaments et aux diagnostics pour les personnes souffrant de maladies potentiellement mortelles, telles que la tuberculose, peut entraîner une augmentation des décès dus à ces maladies sous-jacentes.

    En Guinée, l'un des pays à l'épicentre de l'épidémie d'Ebola en 2014-2015, la réduction des services de santé a entraîné une diminution de 53 % du diagnostic de la tuberculose et un doublement du taux de mortalité lié à la maladie.

    Parallèlement à la riposte mondiale contre le COVID-19, les autorités sanitaires, les partenaires opérationnels et les bailleurs de fonds internationaux doivent déployer tous les efforts possibles pour maintenir les services essentiels, tout en réduisant les risques pour les populations vulnérables. 

    Afin de réduire le risque que les patients tuberculeux et séropositifs contractent le COVID-19, les soins devront être dispensés de manière innovante, par exemple : traitement décentralisé et en ambulatoire, accès au traitement par le biais de modèles communautaires et physiquement distants de soins, et suivi des patients grâce à la télémédecine et à l'utilisation d'applications web.

    La mise en œuvre de tous les traitements oraux contre la tuberculose pharmacorésistante, comme recommandé par l'OMS, est désormais un impératif qui ne peut être retardé, tout comme l'approche communautaire pour l'accès aux traitements, afin de réduire le contact avec les structures de santé.

    Étant donné le risque élevé de maladie grave chez les patients tuberculeux, les efforts visant à minimiser l'impact du COVID-19 devraient également inclure la mise en place de mesures de protection pour le personnel et les personnes en contact avec les patients tuberculeux, le dépistage et l'isolement des cas de COVID-19 confirmés ou présumés pour éviter la transmission.

    Une pandémie mondiale exige une solidarité mondiale

    Une pandémie mondiale exige une solidarité mondiale. En évitant le stockage excessif et en levant les interdictions d'exportation, il sera possible d'acheminer les fournitures et médicaments essentiels, y compris les équipements de protection individuelle, vers tous les pays qui en ont besoin. Cette collaboration et ce partage réduiront le risque que les personnes atteintes de tuberculose soient exposées à un risque supplémentaire en raison du manque de médicaments nécessaires ou de capacités de dépistage.  

    Sans une telle approche, la pression sur les pays aux systèmes de santé déjà fragiles sera deux fois plus grande. Alors que les pays se démènent pour faire face à la pandémie de COVID-19, nous devons prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que l'impact de cette pandémie ne crée pas une deuxième tragédie pour les populations les plus vulnérables du monde, dont font partie les personnes atteintes de tuberculose et de VIH.


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