Le succès des stratégies de prévention actuelles est limité et les épidémies continuent à avoir lieu, avec des conséquences souvent dévastatrices dans certains des pays les moins développés. Elles affaiblissent les systèmes de santé nationaux, épuisent les ressources disponibles et dans de nombreux cas, tuent un grand nombre de personnes. Quelles sont exactement ces épidémies?
Des épidémies menaçantes
Nous savons que des milliers de vies seront en danger l'an prochain, alors que nous savons comment prévenir ces décès, explique le Dr Monica Rull, conseillère médicale aux opérations pour MSF. Des épidémies de choléra, de paludisme, rougeole et méningite ont lieu chaque année : elles invalident et tuent de nombreuses personnes et cela doit cesser. En parallèle, nous devons faire face à la menace posée par des virus et parasites émergents ou ré-émergents - tels que la dengue, le Zika, l’Ebola et le Kala-Azar.
1. CHOLÉRA
Le choléra est transmis par une bactérie et se propage via l’eau contaminée ou la nourriture. Les symptômes comprennent des diarrhées et vomissements qui peuvent conduire à une déshydratation sévère. Sans traitement, les patients peuvent décéder en quelques heures. Les épidémies de choléra se déclenchent surtout dans les zones où l’approvisionnement en eau et les conditions sanitaires sont insuffisants.
En 2014, MSF a traité 46 900 patients atteints de choléra à travers 16 épidémies dans 6 pays parmi lesquels on trouve Haïti, le Sud-Soudan et le Congo. Les patients ont été traités dans des centres spécialisés pour cette maladie. L’accès à un vaccin reste limité et donc souvent utilisé de façon réactive.
2. PALUDISME
Le paludisme est transmis par un moustique porteur du virus du paludisme. Le virus décompose les globules rouges, ce qui provoque un manque d’apport en d’oxygène pour les organes. Le paludisme provoque également des convulsions chez les personnes atteintes, ce qui peut provoquer un coma et ensuite, la mort. Dans plusieurs régions du monde, on dénombre des pics saisonniers de paludisme, ce qui provoque plus de morts que jamais.
En 2014, MSF a traité environ 2.1 millions de patients atteints de paludisme. Ce sont dans des régions où l’on trouve beaucoup de réfugiés et où il y a énormément de lacunes dans la réponse au paludisme que l’on constate le plus de décès. En 2015, c’était le cas au Tchad, au Sud-Soudan et au Congo. Dans de nombreuses régions éloignées, peu de test pour détecter le paludisme sont disponibles.
3. ROUGEOLE
En ce qui concerne la rougeole, maladie très contagieuse et dangereuse pour les enfants de moins de cinq ans, il n’existe pas de traitement spécifique pour la traiter. Dans les zones les plus pauvres où la population est vulnérable, les personnes atteintes ont plus de chances de se retrouver face à des complications de santé comme la diarrhée, la déshydratation ou les infections respiratoires.
En 2014, MSF a traité 33 700 patients atteints de rougeole et en a vacciné 1.513.700. Des cas de rougeole ont été détectés dans le camp de réfugiés de Calais. MSF y planifie une large campagne de vaccination à partir de février.
4. MÉNINGITE
La méningite est une infection bactérienne des membres entourant le cerveau et la moelle épinière. Elle est présente partout dans le monde, mais particulièrement en Afrique, dans une zone qui part de l’ouest du Sénégal à l’est de l’Ethiopie. La méningite est très contagieuse et mortelle. Quelques heures après les premiers symptômes, la mort peut survenir. En effet, sans traitement, la moitié des patients contaminés décèdent. C’est pour cela que les personnes doivent être traitées rapidement.
Un nouveau vaccin contre la méningite A (celle qui est la plus présente en Afrique) donne au moins dix ans de protection. En ce qui concerne la C, beaucoup moins de vaccins sont disponibles (notamment à cause de leurs coûts).
5. AUTRES VIRUS
En 2015, on a recensé des épidémies de Zika, MERS, Kala-azar, Chikungunya et Ebola. L’ampleur de ces épidémies est restée limitée, en comparaison avec l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’ouest. Actuellement, le virus Zika qui se transmet via un moustique est virulent en Amérique Latine. Ce virus est particulièrement dangereux pour les femmes enceintes. Actuellement, il n’existe aucun vaccin ni médicaments pour contrer ce virus.
En 2014, MSF a du géré 4 700 patients atteints d’Ebola, 1 700 patients touchés par le chikungunya et 9 500 par le kala-azar. Cette dernière est une maladie qui semblait être sous contrôle depuis longtemps, mais qui actuellement provoque plus d’infections. Cela se produit dans les zones de conflit où les soins de santé se sont effondrés. C’était par exemple le cas en 2015 au Sud-Soudan.
Sans changement nous répéterons nos erreurs
En parallèle des activités de prévention, plus de ressources doivent être allouées pour construire des systèmes de réponse d’urgence efficaces. Cela doit faire partie d'un effort global d’aide aux pays pour renforcer leurs infrastructures et leurs capacités dans le domaine de la santé, ainsi que l'éducation à la santé des communautés locales.
Les mécanismes d'alerte doivent être accompagnés d’intervention rapide une fois que l’épidémie a éclaté et des soins médicaux gratuits et de qualités doivent être fournis à toutes les personnes touchées.
Aussi, il est essentiel que la recherche et développement soient orientés vers le public, car il est impossible de compter sur la loi du marché pour obtenir des outils efficaces, accessibles et abordables pour les populations affectées. MSF rappelle que la première étape pour la sécurité sanitaire mondiale est la santé individuelle, y compris pour les personnes les plus malades et les plus vulnérables.
Si des changements importants n’ont pas lieu, nous serons condamnés à répéter nos erreurs et devrons assumer la responsabilité de leurs conséquences, déclare le Dr Rull.
Rapport MSF :