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Syrie

La réponse au Covid-19 dans le nord-est de la Syrie provoque de fortes inquiétudes

Vue du camp d'Al Hole, dans l'est du gouvernorat d'Al-Hasakah, dans le nord-est de la Syrie. Mars 2020. © MSF
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Alors que le premier décès attribuable au Covid-19 a été confirmé dans le nord-est de la Syrie, MSF s'inquiète de l'état de préparation et de la capacité de la région à répondre à une épidémie. Un système de santé affaibli, des retards dans le dépistage et la fermeture des frontières font qu'il est presque impossible de répondre adéquatement à une épidémie de Covid-19 dans la région.

    Après neuf années de conflit et d'opérations militaires dans le nord-est de la Syrie, le système de santé dans cette région est en ruines. De nombreux établissements de santé ne sont plus fonctionnels, et ceux qui sont encore ouverts avaient déjà du mal à répondre aux besoins médicaux existants avant l'épidémie de Covid-19.

    La réponse dans le nord-est de la Syrie en ce moment est loin d'être suffisante.
    Crystal van Leeuwen, responsable des urgences médicales pour MSF en Syrie

    Face à la dure réalité d'approvisionnements limités et de la raréfaction du personnel médical, plusieurs services et établissements de santé ont été contraints de fermer, ce qui rend les patients atteints de maladies chroniques et ayant un système immunitaire affaibli encore plus vulnérables pendant cette épidémie.

    MSF craint que les quelques établissements médicaux encore fonctionnels de la région ne soient très rapidement submergés par un afflux de patients atteints du Covid-19, laissant de nombreuses personnes en danger.

    MSF travaille en collaboration avec les autorités sanitaires locales et d'autres organisations dans le nord-est de la Syrie pour se préparer à un afflux de patients atteints de Covid-19, en mettant l'accent pour MSF sur l'hôpital national Al Hassakeh et le camp d'Al Hol.

    « Nous sommes profondément préoccupés par le manque de tests de laboratoire, l'absence de recherche de contacts, la capacité inadéquate des hôpitaux à gérer les patients et la disponibilité limitée des équipements de protection individuelle (EPI)», explique Crystal van Leeuwen, responsable des urgences médicales pour MSF en Syrie.

    « La réponse dans le nord-est de la Syrie en ce moment est loin d'être suffisante. Il est essentiel que les acteurs de la santé, les organisations humanitaires et les donateurs augmentent leur aide de manière significative. »

    Préoccupations pour les personnes déplacées vivant dans des camps surpeuplés

    MSF est particulièrement préoccupée par les conditions de vie dans les camps de la région : les personnes vivent dans des espaces exigus et bondés, avec peu ou pas d'accès aux services médicaux ou à l'eau potable. Dans le camp d'Al Hol, où MSF a commencé à fournir une assistance médicale et humanitaire en janvier 2019, le camp surpeuplé abrite aujourd'hui environ 65 000 personnes, dont aucune n'est autorisée à partir. Quatre-vingt-quatorze pour cent d'entre elles sont des femmes et des enfants.

    Selon les autorités sanitaires locales du nord-est de la Syrie, un patient Covid-19 a été confirmé dans la région, bien que le partage des résultats de tests ait été retardé de deux semaines. Au moment de la réception des résultats, le patient était décédé.

    À l'heure actuelle, le Laboratoire central de référence de Damas est la seule capacité de dépistage disponible pour la région du nord-est, et il est difficile de tester les patients que l'on soupçonne atteints de Covid-19 et de recevoir les résultats en temps opportun.

    « Le manque de capacité de dépistage fiable et rapide dans la région rend presque impossible la détection des cas à un stade précoce, ce qui entrave considérablement la capacité de ralentir la propagation au sein des communautés dès le début, quand c'est le plus important », ajoute Crystal van Leeuwen.

    Il est très difficile de faire en sorte que les fournitures et le personnel humanitaire puissent entrer dans le nord-est de la Syrie par le nord-ouest de l'Irak. « Nous respectons les mesures entourant le Covid-19 mises en place par les autorités du Kurdistan irakien ; cependant, des exemptions et des facilités d'approvisionnement doivent être accordées aux travailleurs humanitaires pour garantir des niveaux de soutien suffisants dans le nord-est de la Syrie », explique Will Turner, responsable des urgences à MSF.

    « Une grande partie de l'aide humanitaire destinée au nord-est de la Syrie doit passer par le Kurdistan irakien. Nous avons grandement besoin de personnel et de fournitures supplémentaires, mais nous n'avons pas de garanties qu'ils pourront entrer dans le Kurdistan irakien et se rendre dans le nord-est de la Syrie. »

    MSF est prête à soutenir une réponse Covid-19 dans le nord de la Syrie et en Irak, mais elle restera limitée tant qu'un accès rapide n'aura pas été accordé. MSF exhorte les autorités du Kurdistan irakien et du nord-est de la Syrie à faciliter rapidement l'accès aux organisations humanitaires, notamment pour permettre au fret humanitaire et au personnel international d'entrer dans les deux pays et de s'y déplacer.