« Nous voyons beaucoup d’enfants atteints de pathologies telles que le diabète, l’asthme ou de complications cardiaques, être contraints de vivre sous des tentes, dans des conditions d’hygiène épouvantables, sans accès aux médicaments et aux soins spécialisés dont ils ont besoin, déclare le Dr Hilde Vochten, coordinatrice médicale de MSF en Grèce. MSF est en discussion avec les autorités grecques à propos du transfert des enfants vers la Grèce continentale afin qu’ils reçoivent des soins d’urgence, mais malgré le dépistage de certains enfants, aucun n’a été transféré jusqu’à présent. La réticence du gouvernement à trouver une solution rapide et systémique pour ces enfants, y compris des bébés, est absolument scandaleuse - cette inaction a un impact sur leur santé et pourrait avoir des conséquences durables sur leur état, voire même entraîner leur décès. »
En juillet 2019, le gouvernement grec a révoqué l’accès à l’assurance sanitaire publique pour tous les ressortissants étrangers. Depuis, les autorités grecques ont mis en place un nouveau dispositif d’accès aux soins à destination des personnes bénéficiant du statut de réfugié, laissant en revanche plus de 55 000 demandeurs d’asile et sans-papiers sans aucun accès gratuit aux soins, dont des bébés de moins de six mois nés dans les camps.
Cette situation de vide juridique aggrave la situation de ces personnes qui étaient déjà confrontées aux difficultés structurelles du système de santé grec – par exemple le nombre insuffisant de traducteurs et médiateurs culturels – et les coupes budgétaires.
Depuis mars 2019, les médecins du centre de pédiatrie MSF situé à l’extérieur du camp de Moria, sur l’île de Lesbos, ont vu plus de 270 cas d’enfants atteints de pathologies chroniques complexes telles que la cardiopathie, l’épilepsie et le diabète.
Ces maladies requièrent des soins spécialisés pour lesquels le centre de santé MSF n’est pas suffisamment équipé. L’hôpital public local de Lesbos n’est pas non plus en mesure de prodiguer des soins à ces patients supplémentaires, et certains services spécialisés ne sont tout simplement pas disponibles.
« Ma fille Zahra est autiste et nous vivons dans un espace minuscule presque sans électricité. Souvent, elle fait des crises au beau milieu de la nuit, et il n’y a personne pour nous aider. Je veux simplement vivre quelque part où ma fille puisse jouer comme les autres enfants et être prise en charge par un bon médecin », explique Shamseyeh, originaire d’Afghanistan, qui vit dans le camp de Moria.
Depuis quatre ans, MSF n’a de cesse de dénoncer les conditions de vie dans le camp de Moria comme une tragédie humaine causée par les politiques du gouvernement grec. Cette situation est une nouvelle fois la preuve que les politiques migratoires engendrées par l’accord UE-Turquie de 2016 créent des souffrances inutiles et mettent de nombreuses vies en danger.
« Ces enfants, ces femmes et ces hommes subissent les conséquences injustes de politiques migratoires basées sur la dissuasion. Refuser l’accès aux soins à des enfants atteints de maladies graves n’en est que la manifestation la plus cynique, ça dépasse l’entendement », déclare Tommaso Santo, chef de mission de MSF en Grèce.
MSF demande :
- L’évacuation immédiate de Lesbos pour toute personne souffrant de maladies chroniques et complexes, en priorité les enfants, en établissant un système de transferts réguliers vers des hébergements adéquats à proximité de structures de soins médicaux spécialisés.
- La mise en place immédiate d’un accès à des soins adaptés, gratuits et fournis à temps à tous les demandeurs d’asile, mineurs non accompagnés et personnes sans papiers en Grèce.
- La fin d’un système de rétention des réfugiés et des demandeurs d’asile dans des conditions inhumaines et épouvantables à Lesbos.
Depuis 1996, MSF fournit une aide médicale et humanitaire aux migrants et aux demandeurs d’asile en Grèce.
En 2014, l’organisation a étendu ses activités dans le pays pour répondre aux besoins d’un nombre croissant de demandeurs d’asile, de réfugiés et d’autres migrants arrivant sur les îles grecques et en Grèce continentale via la Turquie.
Depuis 2016, les équipes médicales de MSF en Grèce fournissent divers services, notamment des soins de santé primaire, des soins pour les maladies chroniques, des soins de santé sexuelle et reproductive, des soins de kinésithérapie, des soins psychiatriques et psychologiques, ainsi qu’un programme général d’assistance sociale.
À l’heure actuelle, les équipes MSF sont présentes sur les îles de Lesbos et de Samos, ainsi que dans le centre d’Athènes.