Des habitants utilisent des remorques de tracteur comme moyen de transport alors que les routes commencent à réapparaître avec la décrue, district de Dadu, Sindh, Pakistan
Actualité
InternationalBrésilToutes les actualités

COP 30 : MSF appelle à des actions concrètes pour lutter contre les conséquences sanitaires du changement climatique

Le vendredi 7 novembre 2025

En 1 clic, aidez-nous à diffuser cette information :

L’impact de la crise climatique est ressenti avec une acuité particulière par les populations en situation de vulnérabilité, dont les voix doivent être entendues lors de la prochaine conférence des Nations Unies sur le climat au Brésil. 

Alors que les conséquences sanitaires de l’urgence climatique sont de plus en plus évidentes, les discussions sur la santé ont historiquement été reléguées au second plan lors des débats de haut niveau des conférences des Nations Unies sur le climat. 

La COP30, qui se tiendra du 10 au 21 novembre à Belém, au Brésil, offre une opportunité cruciale de sensibiliser la communauté internationale aux conséquences sanitaires du changement climatique, et de promouvoir des stratégies efficaces d’adaptation et de résilience face aux défis climatiques.

Des millions de personnes à travers le monde subissent déjà les graves conséquences sanitaires liées à l'urgence climatique, mais ce sont les populations les plus vulnérables qui en pâtissent le plus. Médecins Sans Frontières (MSF) vient en aide aux communautés qui font directement face aux conséquences de la crise climatique sur leur santé.

« Nous constatons chaque jour l'impact de ces changements dans les différents lieux où nous intervenons, et les personnes en situation de vulnérabilité sont les plus touchées – précisément celles qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre. Ces communautés paient de leur vie et de leur santé une crise qu'elles n'ont pas provoquée », explique le Dr Maria Guevara, Secrétaire médicale internationale de MSF. 

Les habitants utilisent des pirogues pour se déplacer sur de courtes distances entre Nosy Varika et les villages environnants, côte est de Madagascar
Un point d'eau de MSF à la périphérie du camp de Dagahaley. Des réfugiés vont chercher de l'eau en arrière-plan.

MSF est un témoin direct du coût humain de l'urgence climatique

La réalité que constatent les équipes de MSF sur le terrain est que les événements météorologiques extrêmes — tels que les inondations, les sécheresses et les tempêtes — se multiplient à une vitesse vertigineuse dans de nombreuses régions. Les communautés sont frappées une nouvelle fois avant même d'avoir le temps ou les moyens de se remettre de la catastrophe précédente.

Ces événements intensifient les risques matériels et endommagent les infrastructures, mais ils érodent également la résilience psychologique et émotionnelle, provoquant des traumatismes complexes – non seulement en raison de l'impact immédiat des catastrophes, mais aussi de la séparation des familles, de l'insécurité alimentaire ou des déplacements de population.

C’est ce qui s’est produit récemment au Brésil, lorsque des épisodes successifs de fortes pluies, d’inondations et de glissements de terrain ont frappé l’État du Rio Grande do Sul, dans le sud du pays, faisant des centaines de morts et des centaines de milliers de déplacés. MSF a mis en place une réponse axée sur le soutien aux populations vulnérables grâce à des cliniques mobiles, à une aide médicale et psychologique dans les abris, et à la formation de professionnels locaux aux premiers secours psychologiques.

Les personnes les plus touchées sont souvent celles qui n’ont déjà pas accès aux soins de santé de base ou qui en sont exclues – notamment les personnes vivant dans des zones de conflit, les familles déplacées, les populations rurales, les personnes vivant dans la pauvreté, et les communautés autochtones. L’urgence climatique exacerbe les inégalités sanitaires et sociales existantes, aggravant les vulnérabilités préexistantes.

D’autres de nos projets répondent à des événements climatiques extrêmes, tels que les cyclones et les inondations catastrophiques, qui sont devenus plus fréquents et plus intenses, notamment ceux qui ont frappé le Mozambique l’an dernier et Madagascar cette année.

Les schémas de précipitations sont de plus en plus irréguliers, ce qui favorise la propagation de maladies vectorielles telles que le paludisme ou la dengue. Ces maladies, ainsi que d’autres, peuvent devenir plus mortelles lorsqu’elles s’ajoutent à la malnutrition, comme nous l’avons constaté l’an dernier dans le nord du Nigéria.

Les sécheresses peuvent se prolonger, limitant l’accès à l’eau, comme c’est le cas au Mozambique, et les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes. Au Zimbabwe, la sécheresse a entraîné des pertes de récoltes, ce qui a poussé les agriculteurs à se tourner vers l’exploitation minière informelle ces dernières années. L’accès à l’eau potable est alors devenu un problème majeur pour les mineurs, et MSF est intervenue pour cartographier les sources d’eau contaminées et commencer à mettre en place des solutions.

Les conséquences de la crise climatique sont nettement plus graves pour les populations vivant dans des zones vulnérables au changement climatique. Pour certaines d'entre elles, même s'hydrater suffisamment est impossible faute d'accès à une source d'eau potable sûre. Une inondation en ville peut causer des dégâts – pire encore, une inondation dans une zone dotée d'un système d'assainissement précaire peut propager des maladies comme le choléra et la diarrhée, comme ce fut le cas en Haïti.

« Il est important de comprendre que nombre de ces impacts sont cumulatifs et pèsent sur des communautés qui disposent généralement de ressources limitées pour réagir efficacement », explique le Dr Maria Guevara. Elle précise que MSF s'efforce d'adapter ses opérations afin d'améliorer l'efficacité de la réponse aux problèmes engendrés par la crise climatique 

« Nous avons besoin de systèmes de détection précoce qui prennent en compte non seulement les modèles météorologiques, mais aussi les données épidémiologiques, afin de mieux comprendre cette interconnexion et de réagir plus rapidement et efficacement. »

Vue aérienne du camp de déplacés de Ngueli, N'Djamena, Tchad
Juliette, dont la maison et celles de ses voisins ont été ravagées par le cyclone Batsirai, Madagascar

Des engagements à l'action

La COP30 devrait amener les pays à présenter des objectifs climatiques plus ambitieux. Jusqu'à présent, le non-respect des engagements de réduction des émissions a entraîné une aggravation du réchauffement climatique au niveau mondial. Si le changement climatique s'accélère sans relâche, les conditions de vie de certaines populations dans le monde deviendront encore plus inacceptables.

Au-delà de la définition d’objectifs climatiques ambitieux, il est urgent d'agir. 

« Les pays et les communautés les plus touchés ne reçoivent pas le soutien dont ils ont besoin, à savoir un soutien financier et technique concret qui puisse se traduire par de réelles améliorations de la santé des populations et des systèmes de santé sur le terrain », explique le Dr Guevara.

MSF plaide pour l’intégration d’une perspective sanitaire et humanitaire plus forte dans l’agenda de la conférence, et pour la mobilisation d’actions concrètes visant à protéger la santé des communautés les plus à risque, en particulier celles en situation de vulnérabilité. Il est également essentiel de garantir un large accès aux stratégies d'adaptation au changement climatique, afin de ne pas perpétuer des mécanismes qui creusent les inégalités et privilégient les pays riches. Cela est d'autant plus difficile que les financements alloués à l'adaptation sont manifestement insuffisants pour couvrir les besoins, ce qui accentue les inégalités.

Malgré ce contexte difficile, un aspect prometteur de la conférence de Belém réside dans le rôle accru attendu des populations locales et autochtones dans l'élaboration et la mise en œuvre des solutions, ravivant ainsi l'espoir que leur mise en œuvre, longtemps retardée, puisse enfin avancer là où elle compte le plus. 

« Notre expérience montre qu’une approche descendante serait non seulement inefficace, mais qu’il serait en réalité imprudent de ne pas s’appuyer sur les connaissances des communautés traditionnelles pour nous aider à relever un défi aussi complexe que l’urgence climatique », déclare Renata Reis, directrice générale de MSF Brésil. 

Elle espère que le rôle prépondérant que devraient jouer les mouvements citoyens lors de cette COP permettra d’influencer positivement son résultat. 

« Si nos efforts négligent les savoirs locaux et autochtones, nous risquons de passer à côté des besoins réels et d’aggraver les inégalités existantes », conclut-elle.

Nos actualités en lien