
Journée mondiale des réfugiés : les visages de la résilience
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« Visages de la résilience » est l'histoire collective de quatre femmes qui ont reconstruit leur vie en Grèce après avoir fui les conflits, les difficultés et les déplacements en Afghanistan, au Bangladesh et en Iran.
À l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés, ces femmes refusent d'être définies par des étiquettes comme « réfugiées » ou par les difficultés qu'elles ont rencontrées. Elles se considèrent comme des personnes résilientes et puissantes, façonnant leur propre destin. Travailleuses fières, mères aimantes, étudiantes dévouées et leaders communautaires : elles construisent chaque jour une nouvelle vie avec courage et détermination.
Leur identité naît de leur force, de leurs rêves et de leur espoir inébranlable. Elles créent un sentiment d'appartenance par leurs actions, leurs voix et leurs liens avec les autres. Elles se tiennent debout, s'expriment pour elles-mêmes et pour ceux qui ne le peuvent pas, brisant les barrières et réécrivant leur histoire.
Elles nous inspirent en montrant que, quel que soit le passé, nous avons le pouvoir de définir qui nous sommes, non pas par nos origines, mais par ce que nous choisissons de devenir.
Ces quatre femmes sont membres d'Experts par Expérience, un programme international d'autonomisation géré par la section grecque de Médecins Sans Frontières. Ses membres planifient et mettent en œuvre des actions pour défendre leurs droits. Leur objectif est d'apporter des changements positifs grâce à leur force, leur leadership et leurs initiatives.
Fatimah
« Je suis fière des efforts que je fais. Pour mon travail, pour ma maison, pour mon enfant qui va à l'école, pour apprendre le grec. J'aime essayer. Je n'aime pas rester à la maison à ne rien faire, assise. En Afghanistan, j'ai toujours travaillé, à fabriquer des tapis (tentures murales) à la main. Un tapis par mois. C'est très difficile.
Maintenant, je travaille dans un restaurant. Je m'occupe des salades. Je coupe la laitue, les tomates, les oignons, les légumes, et je m'occupe de tout le travail de préparation. Après le travail, je vais à la crèche chercher mon fils, Elias, je fais le ménage, puis je vais aux cours de grec. Je n'ai du temps libre que le mardi. C'est le jour que je consacre à moi-même. »
Fatimah est une femme originaire de Kaboul, en Afghanistan, arrivée en Grèce il y a cinq ans après un voyage transfrontalier difficile et dangereux. Débarquée sur les côtes de Lesbos sans affaires, sans téléphone et sans aucune certitude, elle a fait ses premiers pas dans une nouvelle vie en demandant à un inconnu d'appeler son mari. Leurs retrouvailles émouvantes quelques jours plus tard ont marqué le début de sa reconstruction.
D'abord experte en tissage de tapis complexes à la main en Afghanistan, Fatimah continue de construire de ses mains, cette fois-ci en se forgeant un avenir fondé sur l'effort, l'apprentissage et l'appartenance. Sa motivation est ancrée dans sa foi dans le progrès et l'autonomie.
L’histoire de Fatimah est celle d’un leadership discret, celle d’une femme qui avance chaque jour non seulement pour elle-même mais aussi pour sa famille et son avenir, refusant la passivité et choisissant l’action.
Ovileya
« En tant que réfugiée ici en Grèce, j'ai dû faire face à des difficultés que je n'aurais jamais cru pouvoir surmonter. Il y a eu des moments où je me suis sentie impuissante, où le simple fait d'accéder aux services de base, de me sentir chez moi ou d'avoir un avenir me paraissait lointain et incertain. Mais à travers toutes ces difficultés, j'ai gagné en résilience et en détermination.
Je suis particulièrement passionnée par l'amélioration des soins de santé pour les personnes transgenres, car je sais pertinemment à quel point c'est important. L'accès à des soins appropriés n'est pas un privilège, c'est une nécessité, et je veux être la voix de ceux de ma communauté qui ne peuvent peut-être pas encore s'exprimer. Mes difficultés ont fait naître en moi une profonde motivation : lutter pour la dignité, l'équité et la compassion pour tous, à commencer par la communauté dont je fais partie.
Ma vie est un voyage vers un avenir meilleur, non seulement pour moi-même, mais pour tous ceux dont le chemin est un peu plus difficile en raison de qui ils sont ou de leurs origines. Je m'engage à améliorer ma vie et à garantir aux générations futures davantage d'opportunités, de compréhension et d'espoir. »
Née au Bangladesh, dans une région en proie à des conflits, elle a grandi sans la sécurité d'un foyer stable ni la liberté de vivre comme un enfant le devrait. Son enfance a été marquée par le déplacement et l'isolement, des expériences qui l'ont privée de ses droits fondamentaux à l'appartenance et à la sécurité. Après avoir enduré les conditions difficiles du camp de réfugiés de Moria en Grèce, où elle a vécu sous une tente pendant neuf mois, elle a commencé à reconstruire sa vie avec une vision claire : créer un foyer défini non par la nationalité, mais par la dignité, la liberté et l'autodétermination.
Aujourd'hui, elle ne se contente pas de vivre cette vision, mais œuvre activement pour la protéger. Refusant les étiquettes et les systèmes imposés qui annihilent l'identité, elle est devenue une voix forte pour les droits des femmes, les droits des réfugiés et le droit à l'autoreprésentation. Grâce à son leadership et à son engagement communautaire, elle aide les autres à prendre conscience de leur propre histoire, leur rappelant que leur passé ne définit pas leur valeur et que leur foyer est quelque chose que l'on construit, pas quelque chose qu'on reçoit.
Je refuse les étiquettes. Être réfugiée n'est pas mon identité », dit-elle, affirmant son pouvoir de se définir.
Dans son travail comme dans sa vie, elle incarne la résilience, la dignité et la révolution silencieuse qui transforme la survie en force – et la force en solidarité.
Karimeh
« Je suis mère, étudiante, travailleuse et leader communautaire. Pendant une grande partie de ma vie, je n'ai eu aucune voix au chapitre : aucun droit de décision, aucun espace pour être moi-même. Mais maintenant, je suis enfin moi-même. Je suis fière de dire que j’emprunte ce chemin par moi-même, même lorsque personne ne marche à mes côtés».
Karimeh est née en Afghanistan et a grandi en Iran, où le mariage précoce et le manque d'éducation ont marqué son enfance. Sa voix a été réduite au silence avant même qu'elle n'ait eu l'occasion de l'exprimer. Pourtant, à travers la douleur et la persévérance, elle a trouvé le courage de prendre un nouveau départ dans un nouveau pays, non seulement pour reconstruire sa vie, mais aussi pour façonner un avenir meilleur pour ses deux fils et pour d'innombrables autres femmes comme elle.
Aujourd'hui, Karimeh est étudiante à l'université, mère aimante et fondatrice de Hidden Goddess, une organisation de défense des droits des femmes ancrée dans le soin, l'autonomisation et la solidarité féminine. L'éducation, autrefois un rêve lointain, est désormais son pilier. Elle décrit le fait d'entrer en classe pour la première fois comme « une marche dans le ciel ». À la maison, elle enseigne à ses fils ce que signifie réellement le respect des femmes, pas seulement en paroles, mais au quotidien. « J'apprends à mes enfants à cuisiner, à faire le ménage et à prendre soin d'eux-mêmes », dit-elle. « Si leur future partenaire souhaite étudier ou travailler, elle ne devrait pas être la seule à tout faire. »
Avec Hidden Goddess, Karimeh crée des espaces sûrs pour les femmes qui n'ont jamais eu le droit de rêver. « Certaines d'entre elles ne savent même pas ce qui les rend heureuses. Même s'asseoir et boire du thé sur le balcon – elles ne se sont jamais donné cette chance. »
Elle les aide à faire leurs premiers pas : une danse, un cours, une réunion. Et de ces petits débuts, une communauté se développe. « Une fois que nous rassemblons les femmes autour de la table, nous pouvons commencer à résoudre les problèmes. Nous pouvons nous protéger les unes les autres. Nous pouvons guérir. »
Le leadership de Karimeh est ancré dans la compassion, la justice et la compréhension culturelle. Elle croit en l'intégration, et non à l'assimilation, en construisant des ponts entre les communautés grâce au respect partagé et à l'épanouissement mutuel. Son parcours est celui d'une profonde transformation : du silence à la force, de l'isolement à l'impact. Face à chaque épreuve, elle est restée guidée par une vérité : nous méritons tous la paix, la dignité et une vie où nos voix sont entendues.
« Je n'aime pas rester à la maison à ne rien faire. J'aime l'aventure. J'aime découvrir toujours plus. Même à 54 ans, je ne me sens pas comme si j'en avais 54. Je me sens comme si j'en avais 15. J'aime danser, m'entraîner, faire du sport, être en vie. Je ne suis pas du genre à rester assise à pleurer. J'essaie de me distraire et de continuer.
J'ai commencé à cuisiner après avoir appris la couture. Maintenant, je veux ouvrir mon propre restaurant, avec des plats de tous les endroits où j'ai vécu et quej’ai aimé. Je sais faire des desserts non seulement de mon pays, mais de beaucoup d'autres. Je suis curieuse et j'apprends toujours. Cuisiner est pour moi un moyen de donner de la joie aux autres.
Ce que je n'ai pas pu avoir, j'ai essayé de le donner à mes enfants. C'est ce qui me rend fière. Chacun de mes enfants a un travail maintenant. C'est ma réussite. Même loin d'eux, je continue d'apprendre pour pouvoir leur offrir toujours plus. J'ai suivi des cours de lutte contre les incendies, des cours de cuisine et j'apprends l'anglais. Je ne veux jamais cesser de grandir. Je me sens jeune quand j'apprends. Je veux être active, vivre pleinement.
J'essaie de ne pas me laisser abattre par les épreuves. Je reste positive. C'est comme ça que j'avance».
Sakineh, originaire d'Afghanistan, vit en Grèce depuis cinq ans. Mère de plusieurs enfants, aujourd'hui adultes et vivant à travers l'Europe, elle a reconstruit sa vie à Athènes avec force, espoir et détermination, malgré les déplacements, la séparation d'avec sa famille et la discrimination.
D'abord couturière de formation, Sakineh s'est découvert une passion pour la cuisine et rêve depuis d'ouvrir son propre restaurant multiculturel. Elle a suivi des formations culinaires et de lute contre les incendies en Grèce et, malgré les obstacles systémiques – comme le refus d'opportunités d'emploi, possiblement en raison de ses origines ou de son hijab – elle reste active et ambitieuse.
Sa résilience repose sur l'amour qu'elle porte à ses enfants, qu'elle a fièrement accompagnés dans leur indépendance professionnelle. Sakineh refuse de se laisser définir par les difficultés ; elle danse, fait du sport, apprend et rêve avec audace. Elle défend le droit humain à la dignité, aux opportunités et à l'inclusion, en particulier pour les femmes migrantes qui, comme elle, ont subi des déplacements et continuent de construire une vie pleine de sens.
L'histoire de Sakineh est celle du courage, de la créativité et d'un engagement sans faille pour bâtir un avenir meilleur, pour elle-même, sa famille et sa communauté.