Combattre les moustiques pour prévenir le paludisme à Magaria
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Chaque année, d'août à novembre, l'unité pédiatrique gérée par MSF à l'hôpital de Magaria enregistre une augmentation significative d’admissions dues au paludisme et à la malnutrition. Depuis 2021, MSF, en collaboration avec les autorités sanitaires locales, procède à des pulvérisations intradomiciliaires d'insecticide dans le district sanitaire de Magaria afin de réduire la densité de moustiques pouvant transmettre le paludisme.
Yahanatou est à l’unité pédiatrique de l’hôpital de Magaria avec sa petite fille depuis 3 jours. « Je l’ai emmenée ici quand elle a commencé la fièvre. Elle était très malade quand nous sommes arrivées. Elle n'arrivait pas à manger à cause de son état de santé. Maintenant, elle va mieux. Nous vivons en brousse et rencontrons des difficultés à nous alimenter. Nous n’avons pas les aliments qu’il faut pour bien nous nourrir, c’est pour cela que nos enfants tombent très souvent malades ». La petite fille de Yahanatou est une parmi plusieurs enfants malades hospitalisés pendant cette période.
Dès le mois d’août, le pic de paludisme dont l’une des conséquences est la complication de cas de malnutrition, engendre l’admission de centaines de cas par jour à l’unité pédiatrique de l’hôpital de district de Magaria. Une approche multidisciplinaire est mise en œuvre pour faire face non seulement à la situation mais aussi pour mener une action de prévention afin d’amoindrir l’augmentation exponentielle des cas de paludisme.
Depuis 2021, MSF en collaboration avec le Programme national de lutte contre le paludisme du Niger organise des campagnes de pulvérisation intra domiciliaire dans le district de santé de Magaria dans la région de Zinder. Dans les villages d’où proviennent plus de cas de paludisme, les domiciles des habitants sont pulvérisés à l’entame de la période de pic.
Pararou Franck, père de sept enfants, vit à Adamawa, l’un des 25 villages ciblés par cette campagne de pulvérisation. Il y a quelques jours, des agents pulvérisateurs de MSF étaient dans sa localité.
Nous sommes très heureux que nos maisons aient été pulvérisées. Il y avait beaucoup de cas de maladies avant à cause des moustiques. La situation a maintenant changé parce que les moustiques ont disparu de nos maisons », se réjouit Pararou.
D'une durée d’efficacité estimée à trois mois, l'insecticide utilisé pour la campagne est approuvée par le ministère de la Santé et ne constitue aucun danger pour les habitants des villages concernés. Il permet exclusivement de se débarrasser des mouches et d'autres insectes nuisibles afin de contribuer à l’amélioration du cadre de vie.
Chaque jour, en nettoyant nos maisons, nous balayons des insectes morts. C’est un vrai soulagement », témoigne Pararou.
En cette année 2024, environ 30 000 personnes réparties dans les 25 villages cibles sont concernées par la campagne de pulvérisation. « Ces actions de pulvérisation permettront de réduire le nombre de moustiques dans ces zones d’intervention avec l’espoir de réduire ainsi le nombre de personnes susceptibles d’être hospitalisées dans les structures de santé (Centre de santé intégré les Hôpitaux).
Dans notre volet de communication, nous sensibilisons également la communauté pour l’amélioration de l’hygiène dans les villages afin d’impacter la reproduction des moustiques au niveau communautaire », explique Fousseni Bamba, responsable Eau, hygiène et assainissement.
Faire face au pic de malnutrition et paludisme
Plus de 100 membres de la communauté locale sont formés et équipés pour effectuer les pulvérisations au cours du programme de huit semaines. Pour chaque période pic de paludisme, les équipes de MSF augmentent la capacité d’accueil de l’unité pédiatrique, qui passe de 150 lits en saison régulière à plus de 450 lits. Par conséquent, le nombre de personnel de santé est revue à la hausse proportionnellement à la charge de travail dans le but de garantir une prise en charge de qualité aux patients.
Par ailleurs, le changement climatique avec ses manifestations comme les vagues de chaleur et les inondations que subit l’ensemble de la région du Sahel et le Niger en particulier, ont un impact sur le comportement et la survie des moustiques anophèles, porteurs du paludisme. Cet état de fait facilite la survie et la prolifération des moustiques, et par ricochet une transmission continue du paludisme.
Des admissions croissantes de cas de paludisme
Magaria est l'une des localités du Niger où l'incidence du paludisme est assez élevée. Depuis 2005, MSF intensifie son appui au district de santé pendant la période d’hivernage où l’on observe une augmentation de cas de paludisme et de malnutrition.
Après trois années de mise en œuvre, les campagnes de pulvérisation intra domiciliaires qui se déroulent dans le district de Magaria ont connu de plus en plus d’implication de la communauté. Travaillant en étroite collaboration avec diverses parties prenantes, telles que le ministère de la Santé, les chefs religieux et locaux, et les médias, MSF a fait connaître les avantages de la pulvérisation d'insecticide à effet rémanent et a instauré un climat de confiance avec les communautés, afin de garantir un taux d'adhésion élevé et l'efficacité du programme.
En ce qui concerne la suite de cette activité de pulvérisation, MSF s’emploiera avec les services spécialisés du ministère de la Santé pour mener une étude de terrain sur l’efficacité de la réduction de la densité des moustiques.
Depuis 2005, les équipes de MSF sont présentes dans le district de Magaria (région de Zinder) et sont intervenues pour la première fois en réponse à une crise de malnutrition. Elles offrent des soins pédiatriques gratuits aux enfants de moins de 5 ans, notamment sur la prise en charge des cas le paludisme et de malnutrition.
En 2023, MSF a traité 410 200 cas de paludisme au Niger.
Au Luxembourg : une crise oubliée, remise en lumière grâce à la mobilisation de lycéens
Malgré son impact dévastateur, le paludisme reste une crise largement oubliée sur la scène internationale. En 2022, la maladie a touché 249 millions de personnes et causé plus de 600 000 décès, principalement chez les femmes et les enfants de moins de 5 ans. Pourtant, cette réalité alarmante n'est que rarement au cœur des priorités mondiales en matière de santé publique. Le paludisme souffre d’un manque de visibilité, en partie à cause de la concentration géographique des cas dans des régions pauvres et marginalisées, comme en Afrique subsaharienne. Cette absence de médiatisation et de mobilisation internationale perpétue un cycle d’oubli, laissant des millions de vies vulnérables face à une maladie évitable et traitable.
C'est dans ce contexte de négligence du paludisme que l'initiative « Call to Action », organisée par MSF Luxembourg avec les élèves du lycée Fieldgen, a pris tout son sens. Ce concours solidaire a invité les jeunes à se mobiliser autour de la crise du paludisme, en les encourageant à créer des supports de communication – posters, podcasts, vidéos – pour sensibiliser le public à cette maladie négligée. En se penchant sur le paludisme, les élèves ont non seulement approfondi leurs connaissances sur une crise humanitaire qui touche des millions de vies, mais ont également pris part à une démarche citoyenne visant à briser le silence autour de cette problématique. Leur engagement reflète une volonté de redonner une visibilité à cette crise, tout en illustrant la manière dont la jeunesse peut jouer un rôle clé dans la lutte contre des maladies oubliées.