Une équipe MSF dans un hangar servant d'abri collectif sur le site de réfugiés de Musenyi
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Burundi : Médecins Sans Frontières clôt une seconde intervention d’urgence pour les réfugiés congolais

Le vendredi 29 août 2025

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Depuis le début de l’année, des dizaines de milliers de personnes ont fui l’instabilité persistante dans l’est de la République démocratique du Congo pour trouver refuge au Burundi

Dans le sud-est du pays, plus de 17.000 réfugiés vivent aujourd’hui dans le site de Musenyi, où les conditions de vie précaires et l’accès limité aux soins ont favorisé l’apparition de nombreuses maladies et complications, en particulier liées au paludisme

Après une première intervention en début d’année, Médecins Sans Frontières (MSF) est intervenue une seconde fois cet été pour renforcer la prise en charge du paludisme sévère et prévenir sa propagation. 

En ce mois de juillet, Ismael et Crispin font partie des nombreux enfants pris en charge pour paludisme grave dans l’unité pédiatrique de l’hôpital de district de Gihofi. Référés depuis le site de réfugiés de Musenyi, situé à près de 80 kilomètres, ils sont soignés aux côtés d’enfants de la communauté locale par l’équipe médicale de l’hôpital, avec l’appui de Médecins Sans Frontières. 

Le docteur Jean-Claude Cishahayo, responsable de l’intervention de MSF à Gihofi, explique :

« Le pic saisonnier de paludisme au printemps a entraîné une augmentation des cas graves, souvent associés à des complications comme l’anémie sévère, l’hypoglycémie, des détresses respiratoires ou l’insuffisance rénale. 

La seule structure de santé sur le site de réfugiés de Musenyi, gérée par une association locale, est débordée. Et le manque de médicaments est dramatique. Ce qui a entraîné de nombreuses complications et, malheureusement, des décès. »

Daudi Ismael (23 ans) et son neveu Shukuru (5 ans) se trouvent dans l'extension mise en place par Médecins Sans Frontières (MSF) à l'hôpital de Gihofi.

Renforcer les soins d’urgence durant le pic de paludisme

Entre février et avril 2025, près de 30 % des enfants de moins de cinq ans transférés de Musenyi vers les structures de santé environnantes n’ont pas survécu. Un taux de mortalité alarmant, également dû au manque d’ambulances disponibles pour les urgences médicales: paludisme grave, complications obstétricales, besoins en transfusions sanguines ou d’infections sévères.

« Il peut arriver qu’on se rende au poste de santé du site à huit heures du matin et qu’on ne soit pris en charge qu’à midi, même dans des cas graves », témoignait en juillet Kasongo*, un réfugié congolais installé à Musenyi. « Et si un transfert vers un hôpital est nécessaire, l’attente peut durer des heures avant qu’une ambulance soit disponible. »

Face à cette situation, MSF a déployé mi-juin des équipes pour soutenir l’hôpital de Gihofi, en ciblant la prise en charge du paludisme grave chez les enfants et les femmes enceintes, particulièrement vulnérables. Une ambulance a également été mise à disposition pour assurer les transferts depuis et vers le site de réfugiés de Musenyi. Outre l’appui médical à la prise en charge, MSF a élargi les capacités d’accueil en pédiatrie, en portant le nombre de lits de 45 à 70. 

« Notre priorité était de faire baisser la mortalité durant le pic palu », poursuit le Dr Cishahayo. « Les cas graves ont baissé et nous avons pu retirer nos équipes de l’hôpital mi-août. Mais les défis restent nombreux, comme l’accès au sang pour les transfusions. La chaîne de froid nécessaire à sa conservation se trouve à Rutana, à une trentaine de minutes d’ici. »

Des actions préventives pour les réfugiés de Musenyi

Parallèlement à ce soutien hospitalier, MSF a poursuivi ses efforts de prévention sur le site de Musenyi. 

En avril, lors d’une première intervention d’urgence, 8 000 moustiquaires imprégnées avaient été distribuées aux familles. Une campagne de vaccination contre la rougeole avait également permis d’immuniser 8 500 enfants, en collaboration avec les autorités sanitaires burundaises. 

Début juillet, les équipes de MSF sont revenues sur le site installer des systèmes répulsifs anti-moustiques dans les 116 hangars collectifs où résident des familles, avant de lancer début août une vaste campagne de pulvérisation d’insecticide à effet rémanent, protégeant plus durablement les réfugiés du site des moustiques porteurs du paludisme. Cette campagne a permis de traiter 1 146 abris du site contre les moustiques. 

« Nous espérons que cette action réduira les risques, car les cas sont très nombreux et les enfants meurent beaucoup », indique Elias, un réfugié vivant à Musenyi. « Le soir, on ne peut pas rester longtemps dehors, les moustiques sont partout, comme des mouches! »

Après cette campagne, les équipes de MSF ont quitté le site mi-août, en remettant du matériel médical - médicaments, lits, matelas – à la structure de santé du site où une nouvelle organisation est venue épauler l’association qui la gérait. Ses équipes continuent de suivre la situation et se tiennent prêtes à intervenir à nouveau en cas de besoin urgent.

Vue intérieure d'un hangar d'habitation collective sur le site de réfugiés de Musenyi.
Dans le site de réfugiés de Musenyi, les équipes soutenues par MSF organisent une campagne de pulvérisation à grande échelle et de longue durée contre les moustiques

Des besoins toujours immenses

Malgré ces efforts, l’accès aux soins de base reste très préoccupant à Musenyi. De nombreux réfugiés font état de pénuries chroniques de médicaments et de transferts hospitaliers souvent retardés.

« Il est évident que cette population vulnérable a besoin d’un appui médical renforcé », alerte Adélaïde Ouabo, coordinatrice des projets MSF au Burundi. « L’intervention de MSF à Gihofi et à Musenyi était cruciale, mais elle ne peut, à elle seule, répondre à des besoins aussi immenses. L’urgence est aussi d’améliorer durablement les conditions de vie et l’accès aux soins. » 

Alors que les violences se poursuivent en RDC, de nouveaux réfugiés continuent d’arriver au Burundi. A Musenyi, un site conçu à l’origine pour accueillir 10 000 personnes, une extension a été lancée par le gouvernement burundais et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), afin de pouvoir accueillir jusqu’à 30 000 personnes.

* Les prénoms ont été modifiés pour respecter la confidentialité du témoignage

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