Un infirmier s'occupe d'un patient aux urgences de la clinique MSF du camp de Zamzam, au Darfour Nord, prodiguant des soins critiques aux personnes dans le besoin.
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A Zamzam, des efforts urgents sont nécessaires pour acheminer nourriture et médicaments aux communautés bloquées

Le lundi 16 septembre 2024

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Les résultats d'un dépistage nutritionnel effectué par les autorités sanitaires soudanaises et Médecins Sans Frontières (MSF) au début du mois dans le camp de Zamzam, au Darfour Nord, indiquent une situation nutritionnelle catastrophique qui ne fait qu'empirer. MSF demande instamment aux Nations Unies et aux acteurs internationaux impliqués dans la négociation d'un accès humanitaire plus large d'envisager toutes les options pour acheminer rapidement de la nourriture et des fournitures essentielles dans la région, y compris par des largages aériens.

« Non seulement les résultats confirment la catastrophe que nous et d'autres acteurs observons et sur laquelle nous alertons depuis des mois, mais ils indiquent également que les choses empirent chaque jour et que nous manquons de temps », ajoute Michel Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence pour MSF. « Nous parlons de milliers d'enfants qui mourront au cours des prochaines semaines sans accès à un traitement adéquat et sans solutions urgentes pour permettre à l'aide humanitaire et aux biens de première nécessité d'atteindre le camp de Zamzam ».

Saadiah, avec sa fille à la clinique MSF du camp de Zamzam, au Darfour du Nord, regarde une infirmière effectuer un dépistage PB pour évaluer la santé de son enfant.

Malgré les annonces qui laissaient espérer une évolution positive, par exemple à la suite des pourparlers de paix de Genève, aucune aide humanitaire significative n'est parvenue à la population du camp de Zamzam et de la ville voisine d'El-Fasher, dévastée par la guerre, depuis que le comité d'examen de la famine du IPC (Integrated Food Security Phase Classification) a conclu, le 1er août de cette année, que les conditions de famine prévalaient dans la région. La plupart des routes d'approvisionnement sont contrôlées par les Forces de soutien rapide (FSR) qui ont rendu pratiquement impossible l'acheminement d'aliments thérapeutiques, de médicaments et de fournitures essentielles dans le camp depuis l'intensification des combats autour d'El-Fasher en mai dernier. 

Il n'y a plus de temps à perdre si l'on veut éviter des milliers de morts évitables. Parmi les plus de 29 000 enfants de moins de cinq ans examinés la semaine dernière lors d'une campagne de vaccination dans le camp de Zamzam, 10,1 % souffrent de malnutrition aiguë sévère (MAS), une condition potentiellement mortelle, tandis que 34,8 % souffrent de malnutrition aiguë globale (MAG), qui évoluera vers une forme plus sévère de malnutrition si elle n'est pas traitée efficacement et en temps opportun.

« Les taux de malnutrition constatés lors du dépistage sont énormes et probablement parmi les plus élevés au monde actuellement. C'est d'autant plus terrifiant que nous savons par expérience que les résultats sont souvent sous-estimés dans la région lorsque l'on utilise uniquement le critère de la circonférence du milieu et de la partie supérieure du bras, comme nous l'avons fait ici, au lieu de le combiner avec la mesure du poids et de la taille », explique Claudine Mayer, référente médicale de MSF.

Latifa, 3 ans, est assise sur les genoux de sa mère à la clinique MSF du camp de Zamzam, au nord du Darfour, tandis qu'une infirmière effectue un dépistage MUAC pour vérifier sa santé nutritionnelle.

Un dépistage de masse réalisé par MSF en mars 2024 avait révélé un taux de MAS de 8,2% et un taux de MAG de 29,4%, ce qui était déjà deux fois plus élevé que le seuil d'alerte de 15% de l'Organisation Mondiale de la Santé. 

La seule nourriture disponible provient de stocks préexistants, ce qui n'est pas suffisant pour les habitants de la région, et les prix des denrées alimentaires sont au moins trois fois plus élevés que dans le reste du Darfour. Les prix des carburants montent également en flèche, ce qui rend très difficile le pompage de l'eau et le fonctionnement des cliniques qui dépendent de générateurs pour l'électricité. Notre personnel sur place rapporte que pour beaucoup, il est impossible de compter sur plus d'un repas par jour.

« Dans une situation aussi désastreuse, nous devrions intensifier notre réponse : au lieu de cela, nous manquons cruellement de fournitures, nous atteignons le point de rupture et avons récemment été contraints de réduire notre activité pour nous concentrer uniquement sur les enfants qui se trouvent dans les conditions les plus graves », déclare Claudine Mayer. « Cela signifie que nous avons dû suspendre le traitement des formes moins sévères de malnutrition, qui représentaient une cohorte active de 2 700 enfants, et mettre fin aux consultations offertes aux adultes et aux enfants de plus de cinq ans, qui représentaient des milliers de consultations chaque mois ».

On estime que le camp de Zamzam accueille entre 300 000 et 500 000 personnes, dont de nombreux déplacés, qui tentent de fuir la guerre qui déchire leur pays depuis l'année dernière. À El Fasher, où vivaient de nombreux déplacés, un seul hôpital est encore partiellement debout, les autres ayant été endommagés ou détruits lors du conflit.

« En raison de ces blocages inadmissibles, nous avons l'impression de laisser derrière nous un nombre croissant de patients qui n'ont déjà que très peu d'options pour obtenir des soins médicaux vitaux », ajoute Michel Olivier Lacharité. « Si les routes ne permettent pas d'acheminer des quantités massives de fournitures urgentes dans le camp, les Nations unies devraient envisager toutes les options possibles. Retarder l'acheminement de ces fournitures, c'est provoquer de nouveaux décès, par milliers, parmi les plus vulnérables. »

Un enfant subit un dépistage MUAC à l'ATFC de la clinique MSF du camp de Zamzam, au Darfour du Nord, une étape cruciale dans le diagnostic de la malnutrition.

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