Un membre du personnel de MSF range des boites de médicament dans un hangar
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Santé mondiale en danger : MSF met en garde contre les conséquences des coupes budgétaires

Le mercredi 17 septembre 2025

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Les efforts mondiaux pour lutter contre trois des maladies infectieuses les plus dangereuses et les plus répandues au monde – le sida, la tuberculose et le paludisme – sont désormais menacés en raison de coupes budgétaires drastiques dans le financement de la santé mondiale. 

En janvier 2025, les États-Unis, auparavant principaux bailleurs de fonds des programmes de santé mondiale, ont annoncé la suspension et la révision de toute l'aide internationale. Depuis, près de 3 milliards de dollars sur les 6 milliards de dollars promis au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour la période 2023-2025 restent non-honorés. 

Dans le cadre de la Conférence internationale sur le financement pour le développement de Séville, qui s’est tenue en juin, le Luxembourg a annoncé une contribution de 13.8 millions d’euros au Fond, marquant une augmentation par rapport à son engagement initial lors de la Septième Reconstitution du Fonds mondial en 2022. MSF reconnaît l’effort, dans un contexte où d’autres grands donateurs ont choisi de réduire considérablement leur coopération. 

Le Fonds mondial joue depuis longtemps un rôle fondamental dans le soutien des systèmes de santé fragiles en Afrique, en Asie, en Amérique latine et au-delà. 

Ses subventions contribuent à l'achat de médicaments et de tests de diagnostic, à la rémunération des professionnels de santé et au maintien des efforts de prévention des maladies. Sans engagements substantiels dans les semaines et les mois à venir, les progrès réalisés depuis des décennies en matière de réduction de la maladie et de la mortalité pourraient être réduits à néant. 

Médecins Sans Frontières, qui fournit des soins médicaux à des dizaines de milliers de patients atteints du VIH ou de la tuberculose et à plus de 3 millions de personnes atteintes du paludisme chaque année, est profondément préoccupée par l'impact de la diminution du soutien au Fonds mondial. Bien que le travail de MSF ne soit pas financé par le Fonds, des centaines d'organisations de santé communautaires qui dépendent de son soutien réduisent désormais leurs plans face à l'incertitude financière et aux coupes budgétaires imminentes. 

 Les conséquences sont déjà visibles », a déclaré Antonio Flores, conseiller principal VIH/TB chez MSF. « Au Honduras, les coupes budgétaires brutales du PEPFAR ont interrompu les programmes de prévention et de soins du VIH. Du jour au lendemain, les patients ont perdu l'accès à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et les soignants ont perdu leur emploi. Nous constatons maintenant que des patients reviennent avec des infections opportunistes avancées.» 

Les maladies infectieuses, lorsqu’elles ne sont pas contrôlées, s'aggravent et se propagent. Réduire les financements compromet des années de progrès durement acquis, tandis que maintenir des approches efficaces et soutenir des innovations prometteuses peut sauver des vies. 

Malgré les progrès médicaux, le VIH est encore responsable d'environ 1,3 million de nouvelles infections et de plus de 600 000 décès chaque année. Les organisations communautaires soutenues par le Fonds mondial se sont avérées très efficaces pour améliorer les résultats en matière de prévention et de traitement. Leurs progrès ne doivent pas être inversés. 

La nouvelle PrEP injectable offre une protection prometteuse aux personnes à haut risque de VIH, mais les efforts nationaux de mise à l'échelle au Malawi sont au point mort en raison de la réduction du financement américain. Les travailleurs du sexe du pays sont confrontés à des taux de prévalence du VIH proches de 60 %. 

La tuberculose cause environ 1,5 million de décès par an. Grâce aux efforts du Fonds mondial et de la Réunion de Haut Niveau des Nations Unies sur la Tuberculose, de moins en moins de cas passent inaperçus. Néanmoins, au Soudan, MSF a constaté qu’une partie du matériel de dépistage de la tuberculose restait inutilisé, faute de personnel qualifié. En Biélorussie, la recherche sur la tuberculose pharmacorésistante, soutenue par MSF et le Fonds mondial, a récemment été interrompue en raison de financements non honorés. 

Le paludisme reste la principale cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans dans les pays endémiques. Les équipes MSF en République centrafricaine, au Soudan du Sud et en République démocratique du Congo signalent de fréquentes pénuries de tests diagnostiques et de médicaments, ainsi que des structures sanitaires en sous-effectif, avec des conséquences mortelles pour les jeunes patients. 

Imaginez entendre la voix de votre enfant pour la dernière fois à cause d'une maladie évitable. Si la 8e reconstitution des ressources n'est pas menée à bien, des décennies de progrès seraient compromises, entraînant une résurgence des cas de paludisme et des pertes de vies humaines inutiles. » a commenté Joseph Wato, président de la COFIS-CSU Cameroun (Coalition des OSC pour le financement de la santé et la couverture maladie universelle au Cameroun).  

L'idée que la mobilisation des ressources nationales puisse remplacer le financement mondial de la santé n'est pas viable dans de nombreux endroits où MSF intervient. 

Comme le souligne le récent rapport de MSF "Deadly Gaps: Don't turn away from saving lives", le fardeau financier pèse de plus en plus sur les patients qui n'ont pas les moyens de se faire soigner. 

Des programmes entiers ont été fermés : en conséquence, des patients sont perdus de vue, l'observance thérapeutique s'affaiblit et des données font état d'une augmentation des décès inexpliqués, possiblement liés à des troubles psychosociaux, des rechutes ou à l'insécurité alimentaire », a ajouté le directeur pays de Youth Alive Liberia, soulignant ainsi le besoin urgent d'un soutien international durable. 

MSF exhorte le Luxembourg à maintenir son soutien au Fonds mondial au nom des communautés durement touchées à travers le monde. 

La lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme est un défi mondial et générationnel, et elle est loin d'être terminée.