Une chambre de l'hôpital général de Lita, qui a été attaquée et pillée par des hommes armés, territoire de Djugu, province de l'Ituri, le 12 novembre 2019.
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RD Congo : l’insécurité et l’impunité obligent MSF à fermer des projets humanitaires vitaux à Nizi et Bambu

Le lundi 21 mars 2022

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Deux membres de MSF avaient été grièvement blessés par balles ce 28 Octobre 2021 sur la route entre les localités de Kobu et Bambu, dans le territoire de Djugu, situé dans la province de l’Ituri. Cette lourde décision intervient face à l’absence prolongée de garanties de sécurité de la part des différents acteurs qui s’affrontent dans la région.

Pourtant, dès le lendemain de l’incident, MSF avait appelé publiquement les parties au conflit à deux réactions : la condamnation ferme de cette attaque et un engagement fort en faveur du respect du droit international humanitaire et de la mission médicale, à savoir les structures sanitaires, le personnel soignant, les ambulances, les patients et les blessés. MSF a également demandé aux autorités d'ouvrir une enquête sur cet incident grave, sans résultat à ce jour.  

Cette situation est intenable et nous contraint à fermer ce projet”, explique Olivier Maizoué, responsable des programmes de MSF pour la République démocratique du Congo (RDC). “ Les risques sont tout simplement trop élevés pour MSF de retourner dans ces zones en confiance. Cette décision nous bouleverse, car elle va avoir des conséquences désastreuses pour une population dont les besoins sont aigus. Notre mission est de sauver des vies, mais pas au prix des nôtres.

MSF continuera, malgré tout, à apporter une assistance humanitaire en Ituri, à Drodro et Angumu où l’organisation est présente depuis plusieurs années. Pour Nizi et Bambu, des donations de médicaments et de matériel médical sont prévues pour aider les acteurs de santé à couvrir les mois à venir. “Nous sommes toutefois bien conscients que ces donations isolées ne compenseront pas notre départ et porteront préjudice aux populations qui ont cruellement besoin de soins de santé”, ajoute Olivier Maizoué.   

Toutes les parties au conflit sont censées faciliter l'accès sans entrave de l'aide humanitaire aux populations civiles dans le besoin. MSF réitère donc sa demande pour qu'une enquête soit menée par les autorités. L’organisation appelle toutes les parties prenantes, ainsi que toutes les personnes influentes, à assurer un environnement propice à l’acheminement de l'aide dont le peuple a si désespérément besoin. 

Cette attaque n’est que la dernière d’une liste d’incidents auxquels MSF a été confrontée en Ituri ces derniers mois. En juin 2021, l'hôpital général de référence de la ville de Boga, soutenu par MSF, avait été sévèrement endommagé après des combats urbains. Douze personnes y avaient perdu la vie. Plusieurs bâtiments, dont l'unité de soins intensifs, avaient été incendiés, et la pharmacie et le stock médical pillés.  

Nous sommes inquiets face aux nombreuses attaques et aux pillages des structures sanitaires. Nous sommes profondément troublés par le climat d’impunité qui règne aujourd’hui dans cette partie de la RDC”, souligne Jérome Alin, chef de mission MSF en RDC. “Nous savons que l’impunité alimente la violence.” 

Dans l’ensemble de la RDC, les équipes de MSF peuvent témoigner de violations similaires à l’encontre des équipes humanitaires et médicales. Pour exprimer notre inquiétude et en signe de solidarité avec nos collègues et les populations touchées, tout le personnel MSF en RDC protestera la journée du mercredi 23 mars 2022. L’ensemble des activités de l’organisation seront ainsi suspendues le temps d’une journée, à l’exception des activités médicales pour les cas critiques.  

Vue de l'hôpital général de référence de Boga, dans la province de l'Ituri, en République démocratique du Congo (RDC), après une attaque brutale le 7 juin 2021.
Une salle de consultation du centre de santé de Tché qui a été détruit et pillé par des hommes armés, territoire de Djugu, province de l'Ituri, 12 novembre 2019.

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