L'hôpital Al Shifa gravement détruit dans la ville de Gaza.
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Pas de répit, ni de chance de guérison pour les brûlés de Gaza

Le vendredi 25 avril 2025

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Une brûlure est plus qu'une simple blessure : c'est une longue période de souffrance, et ce d'autant plus dans la bande de Gaza, en Palestine. De nombreuses personnes souffrent de brûlures étendues qui couvrent de larges parties de leur corps, certaines jusqu'à 40 % de leur surface corporelle totale. Après plus de 19 mois d'attaques des forces israéliennes ayant décimé le système de santé de Gaza, les patients souffrant de brûlures dues aux explosions de bombes et aux méthodes de cuisson improvisées n'ont que peu d’options de soins. Alors que les autorités israéliennes maintiennent le siège de Gaza, bloquant l'accès aux secours de base, aux médicaments et aux fournitures vitales, de nombreux patients sont contraints de supporter d'atroces douleurs sans aucun soulagement.

En août 2024, Tayseer Mansour, 17 ans, a été gravement brûlé sur tout le corps lors d'une frappe israélienne qui a touché sa maison, tuant sa mère et blessant son père et ses frères. Il est soigné par les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) à l'hôpital Nasser de Khan Younis, dans le sud de Gaza. 

« J'ai été gravement brûlé au troisième degré. Je suis hospitalisé depuis plus de 150 jours. Je ne peux plus bouger les mains, c'est très douloureux », explique Mansour. 

Je ne peux plus manger seul ni faire grand-chose d'autre. Cela a eu un impact considérable sur moi. J'espère que je vais guérir. »

Depuis la reprise des hostilités par les forces israéliennes le 18 mars, les équipes MSF ont constaté une augmentation du nombre de patients brûlés, principalement des enfants. En avril, à la clinique de la ville de Gaza, gérée par MSF, dans le nord de la bande de Gaza, les équipes MSF ont accueilli en moyenne plus de 100 patients brûlés et blessés par jour. À l'hôpital Nasser, le plus grand hôpital encore en activité à Gaza, les équipes MSF soignent les patients brûlés. Depuis mai 2024, les équipes MSF travaillant à l'hôpital Nasser ont pratiqué plus de 1 000 interventions chirurgicales sur des patients brûlés, dont 70 % étaient des enfants, la plupart âgés de moins de cinq ans. Nombre de ces enfants ont été brûlés par des explosions de bombes, d'autres par de l'eau bouillante ou du combustible utilisé pour cuisiner ou se chauffer dans des abris de fortune.

Les brûlures graves nécessitent des soins complexes et de longue durée, comprenant de multiples interventions chirurgicales, des changements quotidiens de pansements, de la physiothérapie, une gestion de la douleur, un soutien psychologique et un environnement stérile pour prévenir les infections. Cependant, après 50 jours sans approvisionnement à Gaza en raison du blocus, les équipes MSF manquent d'analgésiques, même les plus basiques, laissant les patients sans soulagement adéquat. Parallèlement, depuis le début de la guerre, seuls quelques chirurgiens à Gaza sont capables de prendre en charge des interventions de chirurgie plastique complexes pour les brûlures.

Les enfants hurlent tandis que nous sommes obligés de retirer les tissus brûlés de leur peau », explique le Dr Ahmad Abu Warda, responsable des activités médicales de MSF à l'hôpital Nasser. 

« Ils nous supplient d'arrêter, mais si nous ne retirons pas les tissus brûlés, l'infection et la septicémie peuvent entraîner la mort. Sans fournitures médicales suffisantes et avec un nombre trop élevé de patients nécessitant une intervention pour des brûlures, nous ne sommes pas en mesure de prodiguer des soins adéquats. Nous ne faisons que retarder des infections inévitables. »

Si les patients brûlés nécessitent des soins de santé de qualité, ils ont également besoin de plus du double de calories quotidiennes pour guérir correctement. En l'absence de nourriture à Gaza, les patients survivent avec des quantités insuffisantes de nourriture, ce qui compromet leur rétablissement.

Les conditions à Gaza sont extrêmement difficiles. Il n'y a ni nourriture saine, ni viande, ni nutrition adéquate », explique Mansour. 

« Le corps de nos patients consume plus d’énergie pour refermer des plaies qui ne cicatrisent jamais », explique un chirurgien MSF. « Tayseer est hospitalisé depuis huit mois. En temps normal, il aurait guéri en trois mois. Mais sans nourriture, sans analgésique, sans eau potable, il est pris dans un cycle d'échecs de greffe, d'infections et de désespoir. »

Depuis décembre 2024, les équipes MSF travaillant à la clinique de la ville de Gaza et à l'hôpital de campagne de Deir al-Balah, gérés par MSF, ainsi qu'à l'hôpital Nasser, ont fourni plus de 6 518 pansements pour brûlures. Pourtant, près de la moitié de ces patients ne sont pas revenus pour un suivi. Selon OCHA, au 24 avril, plus de la moitié des établissements de santé fonctionnels à Gaza se trouvaient dans des zones soumises à des ordres d'évacuation, ce qui rend les soins de santé quasiment inaccessibles aux patients et au personnel.

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