De nouvelles familles sont arrivées à Tawila à la suite de nouvelles attaques dans les camps de Zamzam. Soudan, avril 2025 © Marion Ramstein/MSF
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Nouvelle attaque meurtrière contre le camp de Zamzam : des survivants arrivent à Tawila

Le lundi 14 avril 2025

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Le vendredi 11 avril, les Forces de soutien rapide (FSR) ont lancé une offensive terrestre de grande ampleur contre le camp de Zamzam, au Nord-Darfour. Étant donné que MSF a dû interrompre toutes ses activités à Zamzam en février dernier à la suite de l'escalade précédente de la violence et du siège, nous n'avons aucune possibilité de confirmer le nombre de victimes sur place, mais selon différentes sources, il y en aurait de nombreuses, y compris des enfants.

Il y a des rapports faisant état de personnes fuyant dans toutes les directions depuis Zamzam. Notre équipe à Tawila (à 60 km de Zamzam) a été témoin de l’arrivée de 10 000 déplacés en moins de 48 heures : principalement des femmes et des enfants, la majorité d'entre eux dans un état avancé de déshydratation et d’épuisement, et rapportant des violences horribles. En réponse d'urgence, nous avons mis en place un poste de santé, distribué de l'eau et des fournitures essentielles, fourni des consultations médicales et des références vers l’hôpital soutenu par MSF à Tawila.

Voici la déclaration de Marion Ramstein, coordinatrice des urgences MSF au Nord-Darfour : 

Après avoir été affamées, bombardées et privées d’une aide vitale, les personnes vivant dans le camp de déplacés de Zamzam, près d’El Fasher, subissent une nouvelle attaque. Les Forces de soutien rapide (FSR) et des groupes armés alliés ont lancé une offensive terrestre de grande ampleur le 11 avril. Des rapports font état de mouvements de fuite et de nombreuses victimes, bien que nous ne puissions pas encore en vérifier le nombre exact.

En février, nous avons été contraints de suspendre toutes les activités de MSF dans le camp en raison de la dégradation sécuritaire. Les bombardements répétés, les tirs sur nos ambulances, ainsi que le siège renforcé qui empêchait le ravitaillement et la relève des équipes, ont rendu notre travail impossible malgré les besoins immenses.

Le réseau de communication avec Zamzam a été coupé. Nous sommes sans nouvelles de nombreuses personnes ayant travaillé avec nous et qui ont choisi de rester avec leurs proches dans le camp après la fermeture de notre hôpital de campagne. Nous sommes horrifiés par ce qu’elles doivent endurer, et extrêmement inquiets pour elles et pour les centaines de milliers de personnes déjà au bord de la survie dans cette région.

Nous avons été consternés d’apprendre que neuf membres du personnel de Relief International ont été tués. C’était la seule organisation humanitaire internationale encore présente à Zamzam.

Les 12 et 13 avril, notre équipe à Tawila a vu plus de 10 000 personnes fuir Zamzam et les zones environnantes. Elles sont arrivées dans un état avancé de déshydratation, d’épuisement et de détresse. Elles n’avaient que les vêtements qu’elles portaient, rien à manger, rien à boire. Elles dorment à même le sol, sous les arbres. Plusieurs personnes nous ont raconté avoir laissé derrière elles des proches — perdus pendant la fuite, blessés ou tués.

MSF a mis en place un poste de santé à l’entrée de la ville de Tawila pour accueillir les nouveaux arrivants, leur donner de l’eau et leur prodiguer des soins médicaux. Les cas les plus graves sont transférés vers l’hôpital local que nous soutenons depuis octobre dernier. Nous avons distribué rapidement ce que nous avions sur place : couvertures, moustiquaires et seaux. Nous procédons également au dépistage de la malnutrition chez les enfants nouvellement arrivés, afin qu’ils reçoivent immédiatement une alimentation thérapeutique et soient intégrés à notre programme nutritionnel pour un suivi adapté. »

 

Alors que la famine a été déclarée dans le camp de Zamzam en août dernier par le Comité de révision de l’IPC, la réponse humanitaire massive nécessaire pour y faire face n’a jamais été déployée. 

À l’heure où cette situation déjà désespérée atteint un nouveau seuil critique, nous appelons les parties au conflit et tous les acteurs ayant une influence à épargner les civils et à lever les sièges ainsi que tous les obstacles entravant l’accès à une aide humanitaire vitale pour les populations du Nord-Darfour.

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