« Nous cherchons des solutions juridiques pour minimiser les risques pour les patients et le personnel »
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Résidente luxembourgeoise et conseillère juridique pour Médecins Sans Frontières (MSF), Nailia Savenkova a passé sa mission de deux mois en Éthiopie (d’octobre à décembre 2024) à relever des défis juridiques et administratifs complexes pour garantir le bon déroulement des opérations humanitaires essentielles. Travaillant avec les sections belge et néerlandaise de MSF dans huit contextes différents, y compris à Addis-Abeba, Nailia a joué un rôle clé en naviguant dans les cadres juridiques locaux, en rédigeant des contrats et en atténuant les risques pour les patients et le personnel.
Oeuvrant dans l’un des contextes opérationnels les plus divers et exigeants de MSF, sa mission met en lumière les efforts essentiels en coulisses pour offrir des soins vitaux dans certaines des zones les plus défavorisées.
Pourquoi avez-vous décidé de partir en mission ?
Je voulais m’immerger dans une mission étroitement liée aux contextes où MSF mène ses projets. À cet égard, l’Éthiopie était le contexte parfait pour moi, car MSF y met en œuvre de nombreux projets variés, allant de projets à long terme à des interventions d’urgence.
À quoi ressemblait une journée type ?
Ma journée commençait généralement à 8 h. Mon travail consiste à soutenir les projets au quotidien, et je coopère très étroitement avec mes collègues sur le terrain. Nous avons un large éventail d’activités nécessitant différentes installations : des bases, des entrepôts pour le matériel médical et d’autres articles. Pour toutes ces activités, il est nécessaire de conclure divers contrats, protocoles d’accord avec les autorités compétentes, hôpitaux, centres de santé, ONG, et accords-cadres, ainsi que de rédiger des lettres et organiser des réunions avec d’autres acteurs. Une partie de mon travail consiste à fournir un soutien juridique à ces processus.
Je participe également activement à l’analyse du cadre juridique local et des contraintes administratives sur les opérations de MSF, en coordonnant la mise en œuvre de solutions juridiques et politiques pour garantir que l’assistance nécessaire soit fournie à la population.
En tant que conseillère juridique intersectionnelle, ma journée diffère de celle de la plupart de mes collègues sur le terrain, tels que les médecins, paramédicaux et logisticiens. Actuellement, deux sections de MSF opèrent en Éthiopie - MSF Belgique et MSF Hollande - et je travaille avec les deux. MSF gère actuellement huit projets à travers le pays, dans huit régions, y compris à Addis-Abeba, où se trouvent les bureaux de coordination des deux sections. Dans certains projets, MSF est la seule organisation humanitaire sur le terrain, ce qui rend notre travail encore plus précieux, mais aussi bien plus difficile à plusieurs égards.
Quels ont été les moments ou aspects les plus difficiles ?
Comme je travaille beaucoup avec des documents, une des difficultés pour moi est le calendrier et l’heure différents utilisés en Éthiopie (le pays utilise son propre calendrier unique, également connu sous le nom de calendrier Ge’ez).
Un autre problème, commun à de nombreux contextes MSF et particulièrement significatif, est la situation sécuritaire sur le terrain. Cela a malheureusement un impact considérable sur l’organisation, et nous devons constamment chercher des solutions, y compris juridiques, pour minimiser les risques pour nos patients et notre personnel.
Une autre difficulté est la barrière linguistique pour communiquer avec la population et les autorités locales. L’Éthiopie est un pays très diversifié en termes de culture et de langues. On y parle cinq langues officielles – l’amharique, l’oromo, le somali, l’afar et le tigrigna – toutes largement utilisées selon les régions et présentes dans les documents officiels, les tribunaux et autres procédures. Heureusement, mes collègues m’ont apporté beaucoup de soutien face à ces défis. Je suis également ravie d’avoir eu l’occasion de découvrir les traditions locales (comme les cérémonies du café avec du popcorn) et la cuisine (ces différents plats avec de l’injera, à la fois délicieux et très nutritifs).
Une anecdote amusante ?
Avant d’arriver à Addis-Abeba, j’avais vraiment peur des chiens à cause d’un incident survenu il y a environ un an. Or, Addis est plein de chiens errants. Cela a été un grand défi pour moi, surtout pendant la première semaine de mes trajets de 15 minutes pour aller au bureau et en revenir, mais je crois que cela a agi comme une thérapie. Maintenant, je n’ai plus peur. À la fin de ma mission, ces chiens de rue étaient devenus mes amis, et j’étais heureuse de reconnaître leurs visages familiers sur le chemin du travail et du retour.
Une personne, une histoire ou un moment qui vous a particulièrement marquée ?
Je me sens chanceuse d’avoir rencontré tant de collègues inspirants pendant cette mission. Tous - le personnel recruté localement et les IMS (International Mobile Staff) - sont des personnes incroyables, parlant de nombreuses langues, dotées de compétences et de connaissances variées, et engagées à faire de leur mieux pour soutenir les personnes dans le besoin.
Une chose à ne jamais oublier dans votre valise avant de partir ?
J’ai acheté un petit jouet au marché local – une poupée en tenue traditionnelle éthiopienne – pour mes amis qui venaient d’avoir une petite fille. C’était un objet très important à emporter.
Un dernier mot pour les personnes qui nous regardent ou nous écoutent ?
Je remercie tous les donateurs pour leur soutien. Chaque don compte énormément pour permettre des réponses efficaces aux urgences et combler les lacunes dans les soins de santé pour les personnes déplacées à l’intérieur du pays et les réfugiés en Éthiopie.
Des équipes dévouées, comme celles de Nailia, travaillent sans relâche pour fournir des soins au cœur des crises humanitaires.