
MSF prends en charge les réfugiés fuyant les violences à la frontière entre le Soudan du Sud et l'Éthiopie
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Face à l'intensification des violences à la frontière entre le Soudan du Sud et l'Éthiopie, Médecins Sans Frontières (MSF) a décidé de transférer ses services médicaux de la ville frontalière de Burbeiye à Mattar, en Éthiopie. Cette décision fait suite à un déplacement massif de réfugiés sud-soudanais, qui avaient déjà fui vers Burbeiye, ville frontalière, et qui fuient maintenant vers Mattar, en Éthiopie. Ce dernier déplacement fait suite à une escalade des combats à la frontière et à des échanges de tirs entre les Forces de défense du peuple sud-soudanais et un groupe d'opposition. Au 12 mai, la plupart des personnes fuyant Burbeiye étaient arrivées à Mattar. Notre personnel est actuellement sur place pour répondre à une épidémie de choléra et répondre aux besoins médicaux urgents de la population.
Ces dernières semaines, la région éthiopienne de Gambella a connu une double situation d'urgence. De plus en plus de personnes sont infectées par une épidémie de choléra qui s'étend dans le woreda de Wanthoa, conjuguée à l'afflux massif de réfugiés en raison des combats intenses dans les États du Haut-Nil et de Jonglei, au Soudan du Sud. Dans les semaines précédant le déplacement, MSF avait traité plus de 1 200 patients atteints de choléra et assuré plus de 3 000 consultations externes du côté éthiopien de Burbeiye.
La situation s'est aggravée lorsque des tirs transfrontaliers des forces sud-soudanaises ont blessé plusieurs personnes à Burbeiye le 12 mai. MSF a reçu neuf blessés de guerre, portant le nombre total de blessés pris en charge dans notre structure de Burbeiye à 217 depuis l'escalade du conflit dans l'État du Haut-Nil, au Soudan du Sud, en février.
« Burbeiye est devenue extrêmement dangereuse. Avec des milliers de réfugiés fuyant en une seule nuit, il était évident que nous devions suivre la situation et répondre aux besoins », explique Joshua Eckley, chef de mission MSF en Éthiopie.
Les réfugiés arrivant à Mattar racontent avoir fui les bombardements aériens et autres violences dans les villes de Nasir et d'Ulang, dans l'État du Haut-Nil au Soudan du Sud. Au moins un survivant soigné par MSF souffrait de graves brûlures.
Nous avons traversé des villages sans dispensaires, sans médicaments, ni même d'eau. J'ai traversé la rivière, fui vers Burbeiye, puis marché jusqu'à Mattar. Ce n'est pas la vie, c'est la survie », raconte Nyayul, qui avait initialement fui du côté éthiopien de Burbeiye, puis s'est de nouveau réfugié à Mattar.
« Quand les bombes ont commencé à tomber, tout le monde s'est enfui. J'ai perdu mes enfants dans le chaos ; il n'en reste plus que deux avec moi. Les autres, je ne sais plus où ils sont », raconte Nyayul.
On estime aujourd'hui qu'entre 35 000 et 85 000 personnes se trouvent à Mattar, la plupart des réfugiés vivant dans des abris de fortune surpeuplés. Les infrastructures locales sont débordées. Plus de 40 % des tests de diagnostic rapide du paludisme sont positifs et près de 7 % des enfants de moins de cinq ans présentent des signes de malnutrition aiguë sévère. Chez les femmes enceintes et allaitantes, le taux de malnutrition aiguë globale est encore plus élevé, dépassant 14 %. Avec la hausse des maladies d'origine hydrique comme le choléra et la diarrhée aqueuse aiguë, le risque d'une catastrophe sanitaire est imminent.
Pour y remédier, MSF transfère ses services de santé essentiels de Burbeiye à Mattar, en mettant en place des services d'urgence comprenant des soins de santé mentale, des bilans nutritionnels et un soutien aux victimes et aux survivants de violences sexuelles et sexistes.
« Nous avons besoin d'une action immédiate de la part des donateurs, de l'ONU et des ONG partenaires », déclare Eckley.
Les soins de santé et autres services essentiels sont indispensables, et ces communautés ne peuvent pas être laissées en attente. Elles ne fuient pas seulement la violence, mais l'effondrement total de tous les systèmes censés les protéger. »
MSF appelle toutes les parties concernées à garantir un espace humanitaire sûr et à protéger les civils comme les travailleurs humanitaires. Nous exhortons également les donateurs et les partenaires humanitaires à intensifier l'aide, en particulier à Mattar, où les abris, l'eau et les soins médicaux sont insuffisants pour les personnes ayant fui d'atroces violences.