Le centre de traitement du choléra de MSF, situé à Kassala, a été inondé après de fortes pluies la nuit précédente.
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MSF appelle à une réponse urgente et à un accès illimité face à la menace du choléra dans la guerre au Soudan

Le mercredi 11 septembre 2024

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Une épidémie de choléra sévit dans le centre et l'est du Soudan, entraînant encore plus de risques, de morts et de misère pour des populations déjà meurtries par la guerre brutale qui sévit dans le pays. Les équipes d'urgence de Médecins Sans Frontières (MSF) apportent leur soutien en traitant les patients et en fournissant de l'eau et des services d'assainissement. 

Guerre, inondations et maintenant choléra 

En août, les autorités soudanaises ont déclaré une épidémie de choléra, qui touche actuellement les États de Kassala, Gedaref et River Nile, suivis par Al Jazirah et Khartoum. Selon le ministère de la santé, plus de 5 000 cas de choléra et 191 décès ont été signalés. Au cours de la deuxième quinzaine d'août, le nombre de cas hebdomadaires de la maladie a été multiplié par quatre. Les cas de choléra ne sont pas rares au Soudan, mais c'est la deuxième année depuis le début de la guerre en avril 2023 que le pays est confronté à des flambées de la maladie. Au cours des deux dernières années, nos équipes ont participé activement aux interventions d'urgence afin d'en atténuer l'impact.

« Les fortes inondations et les pluies torrentielles ainsi que les conditions de vie déplorables et un accès inadéquat à l'eau potable pour des millions de personnes, en particulier dans les camps surpeuplés de personnes déplacées, créent la combinaison parfaite pour la propagation de cette maladie souvent mortelle », explique Esperanza Santos, coordinatrice d'urgence de MSF pour le Soudan.

Le centre de traitement du choléra de MSF, situé à Kassala, a été inondé après de fortes pluies la nuit précédente.

À Kassala, par exemple, les fortes pluies et les crues des rivières ont détruit les infrastructures d'eau et d'assainissement et placé les communautés déplacées à l'intérieur du pays et les réfugiés érythréens et éthiopiens dans des conditions de vie encore plus épouvantables. 

Le choléra ajoute un nouveau défi à la crise au Soudan et au système de santé décimé, déjà aux prises avec une malnutrition infantile croissante, un grand nombre de blessés de guerre et des cas réguliers de maladies évitables. Régulièrement entravée par les deux parties belligérantes, la réponse humanitaire reste bien en deçà des besoins. 

Gestion des cas, eau et assainissement 

Les équipes MSF de Khartoum, River Nile, Kassala et Gedaref se sont mobilisées pour aider le ministère de la Santé à répondre à la situation, en mettant en place et en gérant des centres et des unités de traitement du choléra (CTC et CTU) ou en apportant un soutien aux structures de traitement existantes, débordées, dans certaines des zones les plus touchées et dans les endroits difficiles d'accès où les cas sont en recrudescence. 

Entre la fin du mois d'août et le 9 septembre, nous avons traité 2 165 patients dans les structures que nous soutenons.

Causé par une infection intestinale d'origine hydrique, le choléra se transmet par des aliments ou de l'eau contaminés, ou par contact avec des matières fécales ou des vomissures provenant de personnes infectées. Le choléra peut provoquer de graves diarrhées et vomissements, et s'avérer rapidement mortel, en quelques heures, s'il n'est pas traité. Pourtant, le choléra est très simple à traiter par la réhydratation.

« Un homme adulte était inconscient [à son arrivée au centre]. La déshydratation provoque un état de choc. Lorsque le corps atteint ce stade après quelques minutes, il est déjà trop tard. Les médecins l'ont réanimé en lui injectant des litres de liquide dans les veines pendant environ cinq minutes », se souvient Angela Giacomazzi, coordinatrice des ressources humaines à Tanedba, à propos d'un patient qui a heureusement survécu. « Son visage et sa respiration témoignaient d'une grande panique »

Le centre de traitement du choléra de MSF, situé à Kassala, a été inondé après de fortes pluies la nuit précédente.

Les équipes de MSF mettent en place des points de réhydratation orale, acheminent de l'eau potable par camion, construisent des points de lavage des mains et des latrines, distribuent des kits d'hygiène et font de la promotion sanitaire dans les communautés touchées. 

Au Darfour, où aucun cas n'a encore été enregistré, les équipes MSF contribuent à améliorer la préparation. 

Un accès rapide et sans restriction pour le personnel et les fournitures 

« Des gens meurent du choléra en ce moment-même. C'est pourquoi nous demandons aux Nations Unies et aux organisations internationales de financer et d'intensifier les activités, en particulier les services d'eau et d'assainissement (watsan), qui sont essentiels pour arrêter la propagation mortelle », déclare Frank Ross Katambula, coordinateur médical de MSF.

Après près de 17 mois de difficultés et d'obstructions autour de la fourniture de l'aide humanitaire au Soudan, MSF appelle également les parties belligérantes à permettre un accès sans entrave du personnel médical et des fournitures à toutes les zones dans le besoin à travers le Soudan, afin de permettre une réponse rapide et coordonnée et d’empêcher des décès évitables. 

« Il y a un risque de manquer de fournitures essentielles telles que des kits de choléra à un moment où il est urgent d'intensifier la réponse. Nous appelons les autorités à accélérer et à faciliter l'acheminement des fournitures et des médicaments, car les obstacles bureaucratiques restent un défi majeur », ajoute M. Katambula.

En collaboration avec le ministère de la Santé, MSF met en place et gère un centre de traitement du choléra (CTC) de 100 lits dans la ville d’Atbarah.

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