Patients en attente de soins médicaux, à l'entrée du service des urgences de l'hôpital Tawila
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MSF soigne près de 100 blessés après des attaques meurtrières au Darfour

Le vendredi 12 septembre 2025

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Suite à une série d'attaques menées par les Forces de soutien rapide (FSR) et les Forces armées soudanaises (FAS), 99 personnes blessées, dont des femmes et des enfants, sont arrivées le 10 septembre dans les structures de santé soutenues par Médecins Sans Frontières au Darfour Nord, Central et Sud. Quatre personnes ont été déclarées mortes à leur arrivée.

« Nous exhortons toutes les parties belligérantes à épargner immédiatement les civils, à protéger le personnel et les installations médicales, et à garantir un accès sûr et sans entrave à l'aide humanitaire, en commençant par El Fasher et les autres zones assiégées », déclare Marwan Taher, chef de mission MSF au Darfour. 

« La crise humanitaire s'aggrave, le monde ne peut continuer à détourner le regard. »

À Tawila, au Darfour-Nord, le personnel MSF a soigné 50 blessés rien que le 10 septembre. Plus de 650 blessés, ayant réussi à fuir El Fasher, sont arrivés à l'hôpital soutenu par MSF, situé à 60 kilomètres de la ville assiégée depuis la mi-août. Cela ne représente qu'une infime partie des victimes, car les survivants ont décrit avoir vu de nombreux cadavres sur les routes et avoir dû abandonner derrière eux les malades et les blessés les plus graves, des personnes qui n'auraient tout simplement pas survécu au voyage jusqu'à Tawila.

« Certaines personnes ont parcouru 60 kilomètres à pied, saignant des blessures par balle et des coups de fouet violents, mais elles font partie des rares personnes qui ont survécu aux horreurs d'El Fasher et au voyage pour y échapper », explique Sylvain Penicaud, coordinateur de projet MSF à Tawila. « Elles arrivent épuisées, brisées et dans un état de détresse extrême. »

Adil, 12 ans, blessé par balle en quittant le camp de Zamzam
Le Dr Abubaker Abdalla, responsable des activités médicales, réajuste le pansement d'un patient blessé par balle, dans ce qui était autrefois la salle d'isolement de l'hôpital de Tawila

Ceux qui arrivent racontent aussi combien la vie est devenue insupportable à El Fasher et dans ses environs. Les FSR et leurs alliés assiègent et bombardent la ville depuis plus d'un an, laissant des centaines de milliers de personnes piégées, pratiquement sans nourriture, médicaments, eau ni aide humanitaire. Les personnes qui tentent de fuir El Fasher sont victimes de meurtres, de torture, d'agressions sexuelles et d'autres formes de violence extrême le long de la route menant à Tawila, qui accueille désormais 800 000 personnes déplacés internes.

Alors que la guerre au Soudan dure depuis trois ans, la population est confrontée à une violence incessante et n'a nulle part où fuir.

Même les communautés éloignées des lignes de front ne sont pas en sécurité, car les attaques se multiplient simultanément dans toute la région. Une frappe de drone des FAS a touché la ville à seulement quatre kilomètres de l'hôpital universitaire de Zalingei, soutenu par MSF, au Darfour central. Il s'agissait de la première depuis février.

« Depuis l'hôpital, nos équipes ont entendu la frappe du drone », explique Taher. « Quelques instants plus tard, en plein jour, nous avons dû activer notre plan d'intervention massive face à l'afflux de blessés de guerre, dont six femmes et quatre enfants. Personne n'est en sécurité. »

Le même jour, à Nyala, au Darfour-Sud, deux drones des FAS ont frappé la ville. L'hôpital universitaire de Nyala, soutenu par MSF, a accueilli 12 patients ; quatre personnes, dont un enfant, sont décédées à leur arrivée. Il s'agissait de la huitième frappe de drone meurtrière sur la ville en seulement 11 jours, après les attaques du 30 août et des 1er et 3 septembre, où l'hôpital avait accueilli 44 blessés de guerre.

La situation au Darfour reste désastreuse : les établissements de santé sont sous pression extrême et peinent à faire face à l'afflux massif de patients, aux graves pénuries de fournitures et à la menace constante de nouvelles attaques.

Ces attaques simultanées ont eu lieu au lendemain des frappes aériennes des FSR sur Khartoum, la capitale soudanaise, le 9 septembre. Des éclats d'obus ont blessé deux personnes arrivées à l'hôpital Al-Nao d'Omdurman, soutenu par MSF. Ces mêmes frappes ont également détruit une centrale électrique, plongeant des quartiers de la ville dans le noir et obligeant les hôpitaux pédiatriques Al-Nao et Al-Buluk, soutenus par MSF, à dépendre de générateurs ou de sources d'électricité peu fiables. Sans électricité stable, les équipements médicaux vitaux et la climatisation tombent en panne, exposant les enfants prématurés et gravement malades à l'hyperthermie, aux infections et aux dysfonctionnements des équipements.

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