Le 19 mai, les forces israéliennes ont frappé l’enceinte de l’hôpital Nasser, à 100 mètres de l’unité de soins intensifs et du service d’hospitalisation gérés par MSF. Cette frappe a gravement endommagé le dépôt pharmaceutique du ministère de la Santé, exerçant une pression supplémentaire sur les approvisionnements à un moment où les stocks médicaux sont dangereusement bas en raison du siège. Gaza, Khan Younis, le 21 mai 2025.© MSF
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L’hôpital Nasser en première ligne : le dernier recours vital du sud de Gaza doit être préservé

Le jeudi 5 juin 2025

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Dans le sud de la bande de Gaza, les ordres de déplacement et les restrictions de mouvement imposés par les autorités israéliennes à l’hôpital Nasser poussent cet établissement médical vital au bord du gouffre, alerte Médecins Sans Frontières (MSF). Obliger les hôpitaux à refuser de nouveaux patients et compliquer l’accès aux soins s’inscrit dans un schéma répété par les forces israéliennes pour rendre les hôpitaux inopérants dans le cadre de cette guerre. 

L'hôpital Nasser est le dernier recours vital pour la population locale et sa pleine capacité opérationnelle doit être rétablie d’urgence et préservée.

Le 3 juin, nos équipes ont été informées que tout déplacement vers l’hôpital Nasser nécessiterait désormais une autorisation à demander au moins 24 heures à l’avance. En conséquence, le personnel médical prévu pour la journée n’a pas pu rejoindre l’hôpital. 

Le personnel de nuit précédent a dû prolonger son service, travaillant au final pendant 48 heures consécutives.

Le service des consultations externes est resté fermé toute la journée. Les ambulances qui ont réussi à acheminer des patients à l’hôpital l’ont fait au péril de leur vie, car sans autorisation, elles risquaient d’être la cible de tirs. 

La situation de l’hôpital Nasser, situé sur la ligne de front, entrave l’accès à ce centre de soins essentiel tant pour le personnel que pour les patients.

Cela se produit alors que la population est épuisée, sa vie brisée par 20 mois de guerre extrêmement violente et un siège asphyxiant, où même la distribution de la moindre aide humanitaire peut entraîner des massacres. Dans ce contexte, chaque structure médicale encore en activité est d’une importance cruciale et doit être protégée.

Les attaques contre les soins de santé ne se limitent pas aux actions militaires. Elles passent aussi par les restrictions à l’importation de fournitures médicales, obligeant les médecins à rationner les analgésiques. Elles prennent la forme d’ordres de déplacement, contraignant des hôpitaux entiers à fermer en urgence. Elles se manifestent par du harcèlement et des instructions confuses des autorités israéliennes, rendant de plus en plus difficile la fourniture de soins vitaux.

Nous avons déjà vu ce scénario », déclare Jose Mas, responsable des programmes d’urgence de MSF. « Cela s’est produit dans des établissements comme l’hôpital Al Awda ou l’hôpital indonésien, dans le nord de Gaza, où ils ont d’abord été sommés de ne plus admettre de patients, avant d’être attaqués et pratiquement fermés quelques jours plus tard. 

« Mettre l’hôpital Nasser hors service équivaudrait à une condamnation à mort pour les patients les plus gravement blessés, les malades critiques et les femmes nécessitant des soins obstétricaux d’urgence. »

L’hôpital Nasser est un grand hôpital de référence doté de nombreux services spécialisés introuvables ailleurs dans le sud de Gaza : blocs opératoires, usine de production d’oxygène, respirateurs, banque du sang et incubateurs. Réduire l’accès à cet hôpital et bloquer les évacuations de patients ayant besoin de soins spécialisés et d’urgence revient à priver des personnes de traitements susceptibles de leur sauver la vie.

Au cours des derniers mois, les équipes médicales de MSF à l’hôpital Nasser ont pris en charge plus de 500 patientes en maternité, y compris des femmes ayant besoin d’une intervention chirurgicale, ainsi que plus de 400 nouveau-nés et enfants. L’hôpital est rempli de patients souffrant de brûlures et de traumatismes graves.

Les soins de santé sont attaqués partout à Gaza. Le matin du 4 juin, les forces israéliennes ont frappé à trois reprises l’hôpital Al Aqsa, soutenu par MSF, principal établissement de Deir Al Balah, dans le centre de Gaza. Bien qu’aucune victime n’ait été rapportée, cela rappelle brutalement que les patients, le personnel médical et les infrastructures de santé sont constamment en danger à Gaza.

Nos équipes ont reçu des patients grièvement blessés alors qu’ils tentaient d’obtenir de la nourriture, victimes des tirs survenus autour des centres de distribution de la Fondation humanitaire de Gaza. À cela s’ajoutent les personnes blessées lors des bombardements incessants sur la bande de Gaza. Les hôpitaux sont submergés par l’afflux de patients.

Il est essentiel que les autorités israéliennes protègent l’hôpital Nasser et garantissent un accès total et sans entrave aux patients comme au personnel médical, afin d’éviter de nouvelles pertes humaines.

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