Table ronde Droit International Humanitaire du 24/09/2022
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« Le droit humanitaire, un garant pour l’humanité »

Le lundi 3 octobre 2022

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Lors de la conférence Louise Debugne, chargée de mission Droit International Humanitaire à la Croix-Rouge luxembourgeoise et Roberto Baldanza, travailleur humanitaire actuellement engagé au sein du département « Public Engagement » de Médecins Sans Frontières, ont échangé sur d’épineuses questions liées au respect du Droit International Humanitaire, en présence du Ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, Monsieur Franz Fayot.
MSF a saisi l’occasion pour rappeler les principes qui sont à la base de son existence, notamment la liberté d’action dans ses interventions médico-humanitaires et de parole, pour l’exercer en faveur de ceux qui ne l’ont pas.

Mise en danger de l'aide humanitaire

L'assistance médicale fournie par MSF est souvent entravée par des acteurs étatiques ou non-étatiques, comme nous l’avons décrit amplement dans notre programme radio « Première Ligne » (Radio ARA, tous les premiers mardis du mois, 18h30) du mois d’août dernier. L’Art. 9 de la 1ère Convention de Genève de 1949 protège les personnes qui ne participent pas aux hostilités, comme par exemple les civils, les membres du personnel sanitaire ou d'organisations humanitaires, ainsi que celles qui ne prennent plus part aux combats. Malgré ces dispositions légales internationales, les travailleurs humanitaires et sanitaires qui fournissent de l’aide et soignent les malades ou les blessés sont encore pris pour cible, considérés comme une menace aux intérêts des parties prenantes et empêchés d’acheminer l’assistance à ceux qui en ont le plus besoin. L’instabilité sécuritaire peut même obliger les acteurs humanitaires à devoir suspendre leurs activités, voire à abandonner le pays dans les cas plus extrêmes.

 

Roberto Baldanza, rappelle les principes fondateurs de Médecins Sans Frontières

Les travailleurs humanitaires ne sont pas des cibles

Depuis 2018, le système de surveillance des attaques contre les soins de santé, ou SSA, a été mis en place par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Depuis sa mise en place le système a recensé plus de 3.700 attaques, pendant lesquelles un millier de personnes ont perdu la vie et 2.500 ont été blessées, dans 18 pays ou territoires du monde.

Par ailleurs, en octobre 2021, MSF a publié un rapport, « Adding Salt to the Wound », dans le but d’évaluer l’impact des politiques anti-terrorisme sur les opérations humanitaires et sur la provision d’une assistance médicale impartiale. Basé sur des entretiens en profondeur avec des travailleurs de MSF en première ligne dans nos interventions au Nigeria, en Irak et en Afghanistan, le rapport relate les difficultés rencontrées par les travailleurs MSF en première ligne dans certaines zones de « lutte contre le terrorisme ». Le rapport, dont l’Unité de recherche opérationnelle de MSF au Luxembourg (LuxOR) en a assuré la qualité méthodologique et l’adhérence à nos principes d’éthique médicale, est arrivé aux conclusions suivantes : 

  • Le contre-terrorisme empêche les travailleurs humanitaires de fournir des soins de santé impartiaux et les expose à des risques réels élevés ;
  • Le contre-terrorisme entrave l'accès aux soins de personnes dans le besoin ;
  • Le contre-terrorisme entrave l'accès négocié aux bénéficiaires par l’inhibition ou la criminalisation des soins apportées sans discriminer les parties en conflit ;
  • Le contre-terrorisme empêche de s'exprimer et augmente la peur des représailles ;

Les principes humanitaires sont donc essentiels pas seulement dans le cadre de conflits armés conventionnels, mais aussi lorsque l'on travaille dans des contextes de contre-terrorisme : les travailleurs humanitaires ne peuvent jamais être considérés comme des cibles !

De gauche à droite : Thomas Kauffmann, Roberto Baldanza, Rémi Fabbri, Louise Debugne, Franz Fayot, Luc Scheer

L’événement, organisé dans le cadre splendide de la cour intérieure de l’Abbaye de Neumünster, a aussi été l’occasion de présenter notre nouveau Directeur, Thomas Kauffmann, qui a salué cette collaboration entre la Croix-Rouge et MSF, deux acteurs incontournables de l’aide humanitaire. Il a souligné l’importance de faire connaître notre rôle et, surtout, l’expression locale de nos Mouvements au sein de la société luxembourgeoise. Il a aussi rappelé que nos organisations doivent répondre aux besoins de nos bénéficiaires dans des cadres toujours plus instables, moins prévisibles ; il est donc nécessaire d’accroître nos capacités de réponse aux enjeux humanitaires toujours plus complexes. Thomas souhaiterait aussi une meilleure collaboration entre acteurs humanitaires sur le terrain par l’amélioration des échanges d’information préalable, plus d’opérations conjointes dans l’apport de nos réponses, en nous coordonnant selon les besoins et la capacité de réponse de chacun de nous et, finalement, plus d’initiatives de plaidoyer  conjointes auprès de autorités étatiques ou des parties belligérantes pour le plus grand respect de normes contenues dans le Droit International Humanitaire.

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