Vue générale des bâtiments détruits dans le quartier d'Al-Shifa, à proximité de la clinique MSF, dans la ville de Gaza. Juin 2024.
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Lancement de la campagne de vaccination contre la polio dans un contexte d'effondrement du système de santé

Le lundi 2 septembre 2024

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Le ministère de la Santé et les Nations Unies ont lancé une vaste campagne de vaccination contre la polio dans la bande de Gaza. Cette campagne a commencé hier et devrait durer jusqu'au 11 septembre, se déroulant sur trois jours dans chaque zone géographique (centre, sud et nord de Gaza). Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) apporteront un soutien logistique et organisationnel dans cinq centres de santé à Deir Al Balah, dans le centre de Gaza, et à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza.

La résurgence de la polio à Gaza est une conséquence de la destruction continue des infrastructures et du système de santé par les forces israéliennes. Les conditions de vie déplorables et insalubres qui en résultent, ainsi que le manque d'accès à la vaccination, peuvent favoriser la propagation de la maladie. 

La campagne et l'annonce de pauses militaires pendant la vaccination ne doivent pas détourner l'attention de la violence incessante et de l'impact du conflit sur l'acheminement de l'aide humanitaire. Le système de santé a été presque entièrement détruit par les forces israéliennes : sur 36 hôpitaux, seuls 16 sont fonctionnels. 

La campagne qui cible environ 640 000 enfants de moins de 10 ans est une étape positive, mais elle reste une goutte d'eau dans l'océan de la réponse aux besoins humanitaires médicaux critiques. La seule solution est un cessez-le-feu immédiat et durable pour garantir à la population de Gaza un accès adéquat à l'aide et aux soins de santé.

Un taux de vaccination de 90 %, que l'OMS espère atteindre, ne semble pas possible dans ces circonstances. « Cet objectif ne sera probablement pas atteint » déclare le Dr. Amrish Baidjoe, épidémiologiste et directeur de l'unité de recherche opérationnelle de Luxembourg (LuxOR). 

« Dans une zone de conflit semi-active, il est possible d’atteindre un taux élevé de vaccination pendant les premiers jours, peut-être 50 %. Après cela, il devient de plus en plus difficile d’aller audelà. Pour ce faire un cessez-le-feu permanent est nécessaire. » 

Par ailleurs, « de nombreuses personnes ne veulent pas ou ne peuvent pas se rendre dans les cliniques », poursuit le Dr. Baidjoe. « Tout déplacement dans une zone de guerre peut être dangereux. S'il y a des pauses de huit ou neuf heures dans les combats, quelle est votre priorité en tant que civil ? Vérifier si vos proches sont encore en vie, chercher de la nourriture, ou faire vacciner votre enfant ? Beaucoup de personnes ne voient pas l’urgence car la polio n’est pas encore un gros problème à Gaza. » 

Le Dr. Baidjoe, qui a beaucoup d’expérience dans les zones de crise, considère le fait qu’il y ait maintenant une action contre la polio d’un œil « positif, mais aussi amer ». « Beaucoup d’enfants à Gaza meurent de tout et de rien. Je comprends que combattre la polio est politiquement bien vu, mais c’est un peu bancal. »

« Le problème n’est vraiment pas seulement la polio », poursuit Baidjoe. « Les enfants ne mangent pas assez, ils ne reçoivent pas les vaccinations de routine et beaucoup d’enfants ont perdu des membres. D’autres maladies évitables par la vaccination, comme le choléra et la rougeole, représentent actuellement une menace plus grande à Gaza. »

La polio n’est qu’un des nombreux problèmes de santé qui touchent la population de Gaza. Les conditions de vie insalubres et déplorables ont un impact direct sur la santé des personnes, avec des problèmes liés au manque d’eau et d’assainissement, tels que des affections cutanées (comme la gale, les éruptions cutanées, les infections de la peau) et des troubles gastro-intestinaux, qui figurent parmi les principales maladies traitées par les équipes de MSF dans les centres de santé que nous soutenons. Les équipes de MSF dans les cliniques de soins de santé primaires constatent une augmentation des maladies transmissibles, telles que la diarrhée et les maladies de la peau, très probablement causées et aggravées par le manque d’eau potable et d’accès aux produits d’hygiène.

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