La mort de 61 personnes dans un naufrage est le résultat direct des politiques migratoires de l'Europe
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La mort de 61 personnes, noyées dans un naufrage au large des côtes libyennes dans la nuit du 14 au 15 décembre est une tragédie totalement évitable et montre une fois de plus les conséquences des politiques meurtrières de non-assistance de l'Europe et de l'externalisation honteuse de la gestion des frontières, déclare Médecins Sans Frontières (MSF).
Il est inacceptable qu'un bateau avec 86 personnes en détresse, à seulement 18 milles nautiques, à moins de 45 minutes des côtes libyennes, ait causé la mort de 61 personnes, dont des enfants », déclare Virginia Mielgo, coordinatrice de projet MSF à bord du Geo Barents, le navire de recherche et de sauvetage de MSF.
« En confiant la responsabilité de la gestion de ses frontières aux garde-côtes libyens, qui ont une fois de plus démontré leur incapacité à coordonner des activités de recherche et de sauvetage sûres et à empêcher la perte de vies en mer, les gouvernements européens se sont rendus complices de leur mort. »
Bien que les autorités italiennes, maltaises et libyennes aient été alertées de la situation périlleuse, ce n'est qu'au bout de huit heures qu'un navire marchand, le Vos Triton, a fini par arriver à proximité du bateau en détresse.
Outre l'insuffisance des capacités de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale, l'absence de navires de sauvetage d'ONG dans la zone cette nuit-là est le résultat de l'obstruction constante et irresponsable du travail de recherche et de sauvetage civil par les autorités italiennes au cours de l'année écoulée.
Deux navires d'ONG, dont le Geo Barents, qui se trouvaient dans la zone où le naufrage s'est produit seulement deux jours auparavant, ont été contraints de naviguer vers des ports éloignés au nord de l'Italie avec moins de 40 survivants à bord de chacun d'entre eux.
Une fois de plus, nous avons été envoyés dans un port inutilement éloigné, à Gênes, avec très peu de personnes à bord, et nous avons été contraints de suivre, impuissants, les alertes lancées aux autorités, qui sont restées sans réponse pendant des heures. Alors qu'il était évident que la vie des gens était en danger imminent, rien n'a été fait pour les aider jusqu'à ce qu'il soit trop tard », déclare Virginia Mielgo.
Les 25 survivants du naufrage ont été renvoyés de force à Tripoli, en Libye, où d'horribles violences et abus infligés aux migrants, demandeurs d'asile et réfugiés ont été largement documentés par MSF et d'autres organisations. Un risque dont les autorités européennes étaient pleinement conscientes lorsque Vos Triton est intervenu - le même navire qui a déjà été accusé d'avoir illégalement repoussé 270 personnes vers la Libye en 2021.
« Dès que nous avons remarqué que le Vos Triton se dirigeait vers la Libye, nous l'avons contacté pour lui rappeler le principe de non-refoulement et le fait qu'il serait illégal de débarquer des personnes en Libye », explique Virginia Mielgo. « Apprendre quelques heures plus tard que non seulement ce refoulement illégal avait eu lieu, mais aussi que plus de 60 personnes étaient mortes au cours de cette nuit, nous a brisé le cœur. »
Avec cette nouvelle tragédie, les gouvernements européens ne peuvent plus se cacher des conséquences évidentes de leurs choix politiques inhumains. Un changement radical est nécessaire en Europe pour adopter des politiques migratoires qui sauvent des vies au lieu de les sacrifier », déclare Virginia Mielgo.
Cette année déjà, près de 2 300 hommes, femmes et enfants sont morts ou portés disparus alors qu'ils tentaient de traverser la Méditerranée centrale pour rejoindre l'Europe.