À Al Saraya, dans la ville de Gaza, les gens sont assis sur les décombres de leur maison détruite, avec leur tente installée en face des débris.
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« La destruction est hors norme, catastrophique, comme si une bombe nucléaire avait frappé la zone »

Le lundi 20 janvier 2025

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Alors que le cessez-le-feu à Gaza a finalement été annoncé, ces derniers mois, les habitants de la bande de Gaza ont souffert des bombardements incessants des forces israéliennes. Le gouvernorat du nord de Gaza en particulier a été assiégé et soumis à des bombardements et des attaques horribles. Pendant ce temps, presque aucune aide humanitaire n'a réussi à entrer dans le nord et les gens ont été privés d'accès aux soins de santé, les hôpitaux étant également assiégés et sujets à des incursions.

Dans notre clinique de la ville de Gaza, les patients qui ont réussi à échapper à l'horreur racontent leur expérience pendant le siège.

La destruction est hors norme, catastrophique, comme si une bombe nucléaire avait frappé la zone. C’est une scène indescriptible. »

Des enfants jouent sur les décombres de leur maison près de la clinique MSF dans la ville de Gaza.

Mustafa Hassan Abu Hamada et sa famille vivaient dans le camp de Jabalia, dans le nord de Gaza, pendant le récent siège militaire israélien brutal, qui a laissé la ville complètement détruite et tué et blessé d'innombrables civils, y compris le personnel de Médecins Sans Frontières (MSF). 

Les gens qui étaient devant nous ont essayé de fuir au carrefour d’Al-Awda, mais ils ont été pris pour cible. Nous avons été obligés de rentrer. Nous avons dit : « Laissez-nous mourir chez nous. » Je préfère mourir chez moi plutôt que d’être déplacé », explique Mustafa.   

Dans la rue Wehda, à Gaza, des enfants ramassent des bouteilles en plastique et d'autres déchets pour les brûler comme combustible pour cuisiner.

Dans le nord de Gaza, l’armée israélienne mène une offensive terrestre depuis le 6 octobre 2024. Cette offensive militaire en cours est une illustration claire de la guerre brutale que les forces israéliennes mènent contre Gaza, et nous assistons à l’effacement de la vie des Palestiniens dans cette région.

« Quand les forces israéliennes sont arrivées, nous sommes restés une heure ou deux avant que les obus ne commencent à pleuvoir de toute part sur nous », raconte Sabah Al-Sharawi, qui s'était réfugiée dans sa maison de Beit Hanoun, dans le nord de Gaza, lorsque celle-ci a été prise pour cible par une frappe aérienne.

« Le premier obus est passé par le salon. Il m’a touché les jambes, les deux jambes », raconte-t-elle. « Ils nous ont emmenés à l’hôpital Kamal Adwan ». 

Sur le chemin, nous avons vu des corps partout. Des chiens les rongeaient. Des drones planaient au-dessus de nous et un hélicoptère tournait au-dessus de nos têtes. »

Sabah a été évacuée de Kamal Adwan vers la ville de Gaza, où elle est désormais déplacée et reçoit des soins pour ses blessures à la clinique MSF de Gaza.

Une femme et ses enfants tentent de déterrer leurs affaires sous les décombres au carrefour Palestine, rue Naser, dans la ville de Gaza.

J’ai enterré ma fille et je suis partie. Je ne l’ai même pas vue une dernière fois. Je n’ai pas vu ma fille. Je n’ai pas vu mes proches. Je suis partie sans voir personne », raconte Sabah.

Outre les destructions incessantes, l’offensive a privé des milliers de personnes d’accès à la nourriture, à l’eau et aux soins de santé dans le nord de Gaza. Les effets de ces conditions sont dévastateurs, en particulier pour les personnes âgées, les enfants et les personnes ayant des besoins particuliers, notamment les personnes handicapées.

Depuis plusieurs semaines, les hôpitaux sont assiégés et font l’objet d’incursions violentes. De nombreux membres du personnel médical sont arrêtés, dont un membre de MSF. Le nombre d’hôpitaux a progressivement diminué et depuis le 9 janvier, il n’y a plus un seul hôpital fonctionnel dans le nord de Gaza pour les personnes ayant besoin de soins médicaux. 

En outre, depuis le 21 novembre 2024, les autorités israéliennes n’autorisent plus aucun camion de ravitaillement de MSF à entrer dans le nord. Cela signifie que les personnes souffrant de problèmes de santé, notamment de blessures de guerre, n’ont pratiquement pas accès aux soins médicaux.

La situation dans le nord de Gaza étant devenue intenable, de nombreuses personnes ont risqué leur vie pour fuir vers la ville de Gaza. 

Dans notre clinique, nous avons constaté une augmentation du nombre de patients nécessitant des soins médicaux. Avant octobre 2024, nos équipes assuraient environ 600 consultations par semaine, mais depuis le début des incursions violentes, nous avons assuré plus de 1 400 consultations par semaine jusqu'en décembre 2024, avec une proportion accrue de brûlures.

Mohammed Wadi, accompagné du Dr Nadreen, effectue une échographie pour vérifier l'état de l'enfant d'une femme enceinte à la clinique MSF de la ville de Gaza.

« Honnêtement, cette situation est sans précédent. J’ai 40 ans et je n’ai jamais vu un tel niveau d’agression ou de conflit de toute ma vie », explique Mohammed Wadi, coordinateur médical adjoint de MSF à Gaza. 

« C’est une guerre qui a anéanti de nombreux aspects de la vie. L’eau potable n’est pas disponible. La nourriture, malheureusement, n’est pas disponible en quantité suffisante. C’est extrêmement déchirant. »

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