Vue aérienne des habitations détruites à la bande de Gaza. Décembre, 2023. © MSF
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Gaza : Les attaques contre les travailleurs humanitaires et les bombardements incessants rendent l'aide vitale quasi impossible

Le mercredi 28 février 2024

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Il y a un mois, la Cour internationale de justice (CIJ) a pris des mesures provisoires ordonnant à Israël de prévenir et de punir les actes de génocide et de veiller à ce que les services de base et l'aide parviennent aux habitants de la bande de Gaza. Cependant, la situation humanitaire des habitants de Gaza pris au piège reste catastrophique. 

Selon les autorités sanitaires locales, le nombre de personnes tuées à Gaza s'élève à 30 000, alors qu'aucun signe n'indique que les forces israéliennes tentent de limiter les pertes civiles ou d'alléger les souffrances de la population.

Le renforcement du blocus de Gaza par Israël entrave l'entrée de fournitures vitales dans l'enclave. Dans le même temps, l'acheminement de l'aide à l'intérieur de l'enclave est quasiment impossible en raison du mépris total d'Israël pour la protection et la sécurité des missions médicales et humanitaires et de leur personnel, ce qui prive les gens d'une aide vitale. Cette réalité fait de la réponse humanitaire à Gaza une simple illusion.

« L'absence totale d'espace humanitaire et le manque de fournitures dont nous sommes témoins à Gaza sont vraiment horribles », déclare Lisa Macheiner, coordinatrice de projet de MSF à Gaza. « Si les gens ne sont pas tués par les bombes, ils souffrent de privation de nourriture et d'eau et meurent par manque de soins médicaux. »

Youssef Al-Khishawi, un agent MSF chargé de l'eau et de l'assainissement, aide des enfants à transporter de l'eau jusqu'à leur tente dans le quartier de Tal Al-Sultan, dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, le 27 janvier 2024. © Mohammed Abed

Le personnel médical et humanitaire est contraint de risquer sa vie

Aucun endroit de Gaza n'est sûr, ni pour les civils, ni pour ceux qui tentent de leur apporter une aide essentielle.  Le mépris flagrant et total d'Israël pour la protection des installations médicales et des travailleurs humanitaires de Gaza a fait de la fourniture de soins et d'une assistance vitale une tâche presque impossible.

Au cours des cinq derniers mois, les établissements de santé ont fait l'objet d'ordres d'évacuation et ont été attaqués, assiégés et perquisitionnés à plusieurs reprises. Le personnel médical et les patients ont été arrêtés, maltraités et tués. Parmi eux figurent cinq membres du personnel de Médecins Sans Frontières (MSF). Plusieurs membres de la famille de notre personnel MSF ont également été tués.

Consultation de suivi à l'hôpital de campagne indonésien de Rafah. Decembre 2023 © MSF
Gaza : les ordres d'évacuation et les déplacements forcés compromettent la continuité des soins aux blessés
Au cours de la semaine écoulée, les attaques se sont intensifiées à Rafah et les habitants ont commencé à fuir vers le nord, en direction de la zone médiane de la bande de Gaza. Il n'y a pas d'endroit sûr à Gaza ; les gens n'ont nulle part où aller.

L'hôpital Nasser, le plus grand hôpital du sud de Gaza, a été assiégé pendant des semaines, ce qui constitue l'un des derniers cas de ciblage impitoyable des établissements de santé. Après qu'un obus a frappé le service d'orthopédie, tuant et blessant plusieurs personnes, le personnel de MSF a été contraint de fuir et de laisser des patients derrière lui. Un membre du personnel de MSF a été détenu à un poste de contrôle par les forces israéliennes alors qu'il tentait de quitter le complexe. 

Nous réitérons notre appel aux autorités israéliennes pour qu'elles partagent les informations sur l'endroit où notre collègue se trouve et pour qu'elles protègent son bien-être et sa dignité.

Le personnel médical resté à l'intérieur de l'hôpital décrit une situation effroyable, où les patients sont bloqués avec peu de nourriture et sans électricité ni eau courante. 

 Chaque soir, je dis au revoir à mes collègues palestiniens. Chaque matin, j'ai peur de ne pas les voir à la réunion du lendemain matin », déclare Macheiner. 

« Chaque jour, j'ai l'impression que nous sommes de plus en plus à court d'options - pour traiter les blessés, obtenir les fournitures médicales ou fournir l'eau dont les gens ont désespérément besoin. »

Attaque dans le refuge de MSF à Al Mawasi, Khan Younis.  21 février, 2024 © Mohammed Abed
MSF condamne fermement l'attaque israélienne sur un abri à Al-Mawasi
MSF condamne avec la plus grande fermeté le meurtre de deux membres de la famille d'un employé de MSF lors d'une offensive israélienne sur Al-Mawasi, à Khan Younis, dans la bande de Gaza. Six autres personnes ont été blessées dans cette attaque.

Le 20 février, en fin de soirée, un char israélien a bombardé un abri de MSF à Al-Mawasi, tuant deux membres de la famille d'un employé de MSF et en blessant sept autres. Les forces israéliennes avaient été clairement informées de l'emplacement précis de l'abri, ce qui montre bien qu’il n'y a de sécurité nulle part dans la bande de Gaza et que les mécanismes de déconfliction ne sont pas fiables.

Restrictions et manque de protection des convois d'aide

Au nord comme au sud, les intervenants humanitaires n'ont aucune garantie de sécurité pour effectuer leur travail et leurs convois sont bloqués et gravement retardés aux points de contrôle, ce qui les empêche d'atteindre les personnes qui ont désespérément besoin d'aide. 

Le nord de la bande de Gaza est largement coupé de toute assistance depuis des mois, laissant les gens pris au piège et n'ayant d'autre choix que d'essayer de survivre avec de minuscules quantités de nourriture, d'eau et de fournitures médicales. Des quartiers entiers ont été bombardés et détruits. Bien que MSF n'ait qu'une visibilité limitée de la situation humanitaire et sanitaire globale dans le nord, quelques membres de notre personnel y restent bloqués.

« La situation dans le nord de la bande de Gaza est catastrophique et ne fait qu'empirer », déclare une infirmière de MSF dans le nord.

Il n'y a pas d'hôpitaux pour les traitements de base et les pharmacies sont vides de médicaments. Mes enfants sont malades depuis des semaines à cause du manque d'eau potable et de nourriture, et leur état s'aggrave. »

Selon les Nations unies, entre le 1er janvier et le 12 février, la moitié des missions prévues par les partenaires humanitaires pour acheminer l'aide et procéder à des évaluations dans les zones situées au nord de Wadi Gaza se sont vu refuser l'accès par les autorités israéliennes. Le Programme alimentaire mondial (PAM) est la dernière organisation humanitaire en date à avoir été contrainte d'interrompre l'aide vitale au nord de Gaza, déclarant que les conditions ne permettaient pas la distribution de nourriture en toute sécurité.

Ordures accumulées dans les rues de Yabna, un quartier de la ville de Rafah, au sud de Gaza. © Mohammed Abed

« Les gens ne peuvent plus endurer d'autres souffrances »

Dans le cadre du siège complet et inhumain de Gaza par Israël, l'interruption de l'acheminement de l'aide a plongé quelque deux millions d'habitants de Gaza dans le désespoir. Le nombre de camions entrant dans l'enclave est passé d'une moyenne de 300 à 500 camions par jour avant la guerre à une moyenne de seulement 100 camions par jour entre le 21 octobre et le 23 février. Le 17 février, seuls quatre camions ont été autorisés à entrer dans Gaza.

La longueur et l'imprévisibilité des procédures administratives pour les livraisons d'aide à Gaza entravent l'accès à l'équipement de survie et à l'approvisionnement des établissements de soins de santé. Il peut s'écouler jusqu'à un mois avant que les fournitures n'entrent à Gaza, car chaque boîte de chaque camion est soumise à un contrôle. Si les autorités israéliennes rejettent ne serait-ce qu'un seul article au cours du processus de contrôle, la totalité de la cargaison doit être renvoyée en Égypte. En l'absence d'une liste officielle d'articles soumis à des restrictions, MSF s'est toujours vu refuser l'importation de générateurs électriques, de purificateurs d'eau, de panneaux solaires et de divers équipements médicaux.

Chaque seconde de retard dans l'approvisionnement et chaque fois qu'un article est bloqué entraînent des souffrances plus dévastatrices et inacceptables », déclare M. Macheiner. « Ces fournitures font la différence entre la vie et la mort pour de nombreuses personnes. »

Sud de Gaza. Les rues de Rafah sont pleines de gens qui construisent des abris. 28 novembre, 2023 © MSF

À Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, quelque 1,5 million de personnes déplacées de force vivent dans des conditions épouvantables. Elles manquent des éléments de base nécessaires à leur survie. Les femmes sont obligées d'utiliser des bouts de vêtements comme serviettes hygiéniques, et les gens vivent dans des tentes boueuses sans matelas ni vêtements chauds.

Les personnes souffrant de maladies chroniques telles que le cancer, le diabète ou l'épilepsie n'ont pratiquement aucun accès aux médicaments », explique le Dr Hossam Altalma, un médecin de MSF qui travaille dans la clinique d'Al-Shaboura. « Les gens sont désespérés et prêts à payer n'importe quel prix pour obtenir des médicaments. »

Les équipes de MSF continuent de fournir des soins humanitaires et médicaux à Gaza dans la mesure du possible, y compris des interventions chirurgicales, des soins post-opératoires, des soins de maternité, un soutien en santé mentale et la distribution d'eau. Mais tout cela n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan par rapport aux besoins de la population. MSF demande une fois de plus un cessez-le-feu immédiat et durable, des garanties de sécurité significatives pour les travailleurs humanitaires et la fin du blocus inhumain, afin de s'assurer que les gens reçoivent une aide vitale.

Image d'une famille prise à la bande de Gaza en novembre, 2023. © MSF

Les habitants de Gaza ne peuvent plus endurer de souffrances », poursuit M. Macheiner. « Ils ont perdu tout sentiment de sécurité, qu'il s'agisse de la menace constante d'être tué par des bombes la nuit ou de l'incertitude de trouver leur prochain repas ou leur prochain verre d'eau. »

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