L'hôpital Al Shifa gravement détruit dans la ville de Gaza.
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Franz Luef (MSF) depuis Gaza : « Nous fonçons droit vers l’abîme »

Le jeudi 24 avril 2025

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Déclaration de Franz Luef, coordinateur d’urgence de MSF à Gaza.

Franz Louf, emergency coordinator in Al Mawasi, Khan Younis

Les Palestiniens de Gaza traversent l’un des chapitres les plus sombres de cette guerre depuis son déclenchement en octobre 2023.

Depuis la reprise des hostilités le 18 mars, les forces israéliennes ont intensifié leurs opérations militaires dans l’ensemble de la bande de Gaza, tout en déplaçant de force des populations entières par le biais d’ordres d’évacuation, et en menant des attaques et des assassinats de travailleurs médicaux et humanitaires. 

Ces actions, combinées au siège total de Gaza qui dure depuis plus de 50 jours, ne sont pas des événements isolés — elles s’inscrivent dans un effort systématique de démantèlement du système de santé et de toute réponse humanitaire efficace et fondée sur des principes.

Comme la plupart des acteurs humanitaires présents à Gaza, MSF est confrontée chaque jour à des dilemmes opérationnels dans un contexte extrêmement instable et imprévisible. Devons-nous déplacer nos équipes d’un endroit à un autre sans recevoir de confirmation des forces israéliennes après les avoir informées ? Pouvons-nous continuer à travailler dans des structures médicales qui sont constamment prises pour cibles ? Comment augmenter notre capacité d’intervention sans approvisionnement, sans carburant entrant dans Gaza, et alors que les équipements essentiels et les infrastructures sont bombardés ?

La situation pour les Palestiniens et ceux qui tentent de leur venir en aide à Gaza est devenue un enfer. Et sans perspective d’amélioration, nous fonçons droit vers l’abîme.» 

Les frappes israéliennes visent aussi des véhicules de service public et de construction, notamment des bulldozers, des citernes d’eau et des camions d’assainissement. Sans accès à ces outils essentiels, nous ne pouvons garantir un minimum d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, ni prévenir les risques sanitaires supplémentaires pour la population gazaouie.

Depuis le début du conflit, les forces israéliennes ont mis en place des mécanismes imparfaits pour protéger les civils et les humanitaires. Mais ces mécanismes ne sont qu’un écran de fumée : plus de 50 000 Palestiniens ont été tués, selon le ministère de la Santé, et au moins 409 travailleurs humanitaires ont perdu la vie, d’après l’ONU. Aujourd’hui, même ces dispositifs illusoires ne sont plus en vigueur. Les ordres d’évacuation des forces israéliennes transfèrent de force les Palestiniens dans des zones de fortune surpeuplées, et les humanitaires n’ont aucune garantie de sécurité.

L’usage de l’aide humanitaire comme arme politique par les autorités israéliennes, couplé à l’imposition de restrictions arbitraires aux acteurs humanitaires internationaux, tout en maintenant l’illusion d’un accès humanitaire, contraint les acteurs médicaux et humanitaires à compromettre leur sécurité et leurs principes.

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