Face à la violence des colons et de l'armée israélienne, MSF dispense des formations aux premiers secours
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Depuis plus d’un an, les attaques menées par les colons, les incursions militaires et les frappes aériennes de l’armée israélienne se multiplient en Cisjordanie. Près de 700 Palestiniens ont été tués et plus de 6 000 ont été blessés. Les équipes MSF ont dispensé des formations médicales aux habitants du camp de réfugiés de Nur Shams, afin de leur permettre de prodiguer des premiers secours.
C'est une matinée ensoleillée dans le camp de réfugiés de Nur Shams, à Tulkarem, en Cisjordanie. Plus de vingt femmes entrent dans une pièce aménagée par le personnel de MSF, s'assoient en cercle et discutent en arabe autour d'un café. Au milieu de la pièce, il y a une table avec des gazes, des garrots et des tableaux expliquant la circulation du sang dans le corps humain. Il s'agit de la formation « stop the bleed » de MSF. La plupart des femmes réunies dans cette salle ont peu ou pas de formation médicale, mais les blessures traumatiques et les hémorragies graves ne leur sont pas inconnues. Elles sont ici pour apprendre à soigner les blessures, à poser des garrots et à prodiguer les premiers soins de base aux membres de leur famille et à leurs voisins jusqu'à ce qu'elles puissent accéder à des soins médicaux lors des fréquentes incursions militaires des forces israéliennes.
« Nous souffrons des raids, des bombardements et des blessures causées par les fusillades », explique Saeda Ahmad, une participante à la formation du camp de Nur Shams. « Nous avons souvent une personne blessée juste devant nous. Dans de telles situations, il est important que nous ayons les connaissances et l'expérience nécessaires pour administrer correctement les premiers secours. Pendant les raids, il est extrêmement difficile pour les ambulances d'arriver sur les lieux. C'est pourquoi tout le monde dans le camp doit avoir des connaissances en matière de premiers secours. Ainsi, nous pouvons nous-mêmes aider la personne blessée ».
Ici, les raids militaires des forces israéliennes sont de plus en plus fréquents et les blocages de l'accès aux soins de santé font partie du modus operandi. Les routes sont bloquées, les ambulances ne peuvent pas circuler, le personnel de santé est harcelé, pris pour cible ou entravé, et les blessés ne peuvent souvent pas atteindre les hôpitaux.
Les incursions des forces israéliennes augmentent également en violence et en intensité ; le 3 octobre 2024, 18 personnes ont été tuées lors d'une frappe aérienne sur le camp de réfugiés de Tulkarem.
Le recours aux frappes de drones, aux frappes aériennes et à d'autres bombardements par les forces israéliennes, dans des zones souvent densément peuplées et dans des camps de réfugiés, est devenu de plus en plus courant. En août dernier, à Jénine, au nord de Tulkarem, les forces israéliennes ont lancé une incursion militaire de grande envergure qui a duré neuf jours.
Dans ce contexte de violence et d'insécurité constantes, les habitants des camps ont discuté avec le personnel de santé mentale de MSF des profonds impacts psychologiques de ces raids. Les incursions militaires des forces israéliennes remodèlent la vie des gens, les privant de toute normalité et de tout sentiment de sécurité. Les gens vivent avec les conséquences de la dernière incursion, reconstruisant les rues éventrées et les maisons détruites, tout en retenant leur souffle jusqu'au prochain raid militaire. MSF fournit également des premiers soins psychologiques aux résidents du camp afin de répondre aux problèmes de santé mentale liés à l'impact de ces incursions, qui affectent tous les résidents, mais plus particulièrement les enfants.
« La situation est très difficile. Les enfants des camps ont peur d'aller à l'école, car ils craignent qu'un raid se produise pendant qu'ils y sont », explique un éducateur de santé communautaire de MSF à Tulkarem. « Dans leur vie de famille, la stabilité a disparu. Les gens restent sur le qui-vive. Les enfants ont cessé de jouer dans les ruelles. Ils passent la plupart du temps à la maison et ne peuvent pas sortir. Ils ne peuvent même pas aller acheter ce dont ils ont besoin parce que leurs parents ne les laissent pas faire, de peur qu'un raid ou un incident ne se produise pendant qu'ils sont dehors. Il y a des enfants dont les jeux sont entièrement centrés sur la violence qu'ils ont subie ».
Dans un contexte de peur et d'insécurité, il devient impossible de mener une vie normale ou de faire des projets d'avenir. Des formations telles que « stop the bleed » peuvent apporter un certain sentiment de contrôle sur la situation, en donnant aux résidents les outils nécessaires pour agir en cas d'urgence médicale lors d'une incursion, mais leur existence même met en évidence la gravité de la situation en Cisjordanie. Dans cette salle, alors que les participants s'exercent à enrouler de la gaze autour des bras des autres, les blessures émotionnelles se révèlent également. Les participants partagent les récits des violences qu'ils ont subies, dans des conversations, des histoires et des photos de membres de la famille tués sur l'écran de verrouillage d'un téléphone. Les blessures psychologiques sont également profondes. Et les réparer prend plus de temps que d'appliquer une pression ou de serrer un garrot.