Et si nous rejetions les masques jetables ?
En 1 clic, aidez-nous à diffuser cette information :
Comment fournir des soins d’une manière qui ne nuise pas à l’environnement ? C’est la question à laquelle Médecins Sans Frontières (MSF) tente de répondre alors que les effets dévastateurs de l’urgence climatique se font ressentir de plus en plus fortement à travers le monde. Le secteur de la santé étant responsable d’environ 5 % des émissions carbones mondiales, il est nécessaire que les acteurs de la santé réduisent leur impact sur l’environnement.
C’est dans cette optique que MSF cherche des alternatives aux masques à usage unique – l’un des objets globalement les plus utilisés par notre personnel médical. Le matériel médical à usage unique représente une part importante des émissions du secteur de la santé. Au sein de MSF, il génère 12% des émissions liées aux produits achetés par l’organisation. De plus, ces objets à usage unique créent beaucoup de déchets, qui doivent être éliminés avec précaution.
« Nous sommes passés de 50 000 masques utilisés en 2011 à plus d’un demi-million en 2023 », explique Monica Rull, directrice médicale de Médecins Sans Frontières en Suisse, d’où sont supervisés des projets médicaux dans 30 pays.
Sachant que nos propres pratiques nuisent à l’environnement – et donc aussi aux populations que nous soutenons – il était clair pour nous que nous devrions trouver une alternative. »
Ainsi, en juin 2023, les équipes médicales de MSF au Mozambique et au Kirghizstan ont lancé un projet pilote visant à remplacer les masques à usage unique par des masques lavables et réutilisables jusqu’à 40 fois.
L’objectif était de comparer l’impact environnemental des masques à usage unique par rapport aux masques lavables, ainsi que de déterminer si ces derniers pouvaient être une alternative fonctionnelle du point de vue logistique dans les différents contextes où MSF opère. Une analyse du cycle de vie complet de ces masques a été conduite en partenariat avec la Technische Universität Berlin, en considérant le matériel utilisé pour créer le masque, le transport vers le lieu de fabrication, la production et l’emballage du masque, le transport vers le lieu d’utilisation, tout retraitement éventuel ainsi que l’élimination finale du masque. Cette analyse a clairement démontré que le masque réutilisable était plus performant que le masque à usage unique. Une majorité du personnel a également préféré le masque lavable, le trouvant plus agréable à porter.
Ces projets pilotes au Kirghizstan et au Mozambique ont montré qu’il était non seulement possible de réduire l’usage de masques à usage unique, mais qu’en plus cela avait un impact positif sur l’environnement et réduisait les émissions carbones, le tout sans compromettre la qualité des soins ou la sécurité des patients et du personnel médical. L’ambition à long terme est donc de remplacer largement les masques à usage unique par des alternatives plus durables à travers les projets MSF, et la prochaine étape est donc d’intégrer ces masques lavables aussi vite que possible.
Nelson Domingos Nuyunga, infirmier MSF au Mozambique, encourage ses collègues à employer ces masques.
En tant que travailleurs de santé, nous comprenons très bien les impacts du changement climatique. Aussi, c’est à mon avis notre devoir en tant qu’êtres humains de sauver notre planète », déclare-t-il.
Chaque effort compte. Remplacer un masque ne changera rien, mais en remplacer plusieurs dizaines de milliers fera une différence.
Le projet pilote des masques lavables n’est qu’une initiative parmi d’autres efforts entrepris par MSF pour devenir plus écologiquement responsable. MSF s’est engagé à réduire d’au moins 50% ses émissions carbones de 2019 d’ici à 2030.
Pour en savoir plus à ce propos : https://urgence-climatique.msf.ch/