
Bombardements à Gaza: plus de 400 victimes en une nuit
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Aux premières heures du 18 mars, les forces israéliennes ont attaqué plusieurs zones de la bande de Gaza, après près de deux mois d'un cessez-le-feu déjà fragile. Selon le ministère de la Santé, des centaines de personnes ont été tuées.
Les équipes MSF répondent à l'afflux de patients dans le sud et le centre de Gaza. À l'hôpital Nasser, nous avons enregistré 55 décès et 113 blessés. À Deir Al Balah, l'hôpital de campagne MSF a accueilli 10 blessés, et l'hôpital Al Aqsa a accueilli 20 décès et 68 blessés aux urgences. À la clinique MSF Attar d'Al-Mawasi, dans le sud de Gaza, notre équipe a reçu 26 blessés, dont trois dans un état critique, qui ont ensuite été transférés à l'hôpital Nasser. La clinique a également été touchée par des éclats d'obus, mais les équipes MSF sont indemnes.
Trois membres de notre personnel sur place partagent leur expérience avec nous.
Claire Nicolet, responsable des urgences MSF, actuellement à Gaza
Cette nuit, à 2 heures du matin, nous avons été réveillés par le bruit de bombardements intenses. C'était absolument terrifiant. Pendant 20 minutes, les bombes ont fusé partout et, en observant la situation dans toute la bande de Gaza, nous avons compris que l'attaque massive, avec frappes aériennes, artillerie lourde et drones, visait toute la bande de Gaza. Après ces 20 minutes, nous avons continué à entendre toute la nuit de lourds bombardements, des frappes aériennes et des tirs d'artillerie à Rafah, à Khan Younis, dans presque tout Gaza.
Dès le début, nous avons également entendu le bruit des ambulances, car il y avait manifestement un grand nombre de patients, de blessés et de morts. De nombreux patients sont donc arrivés dans les différents hôpitaux. Il était évidemment très compliqué, lors d'une telle attaque, de fournir des soins dans les délais nécessaires.
C'était très compliqué pour les hôpitaux, ils étaient débordés, et c'est encore difficile aujourd'hui, car les patients ne peuvent pas vraiment se déplacer et ne savent pas s'ils sont en sécurité. Même nos équipes ne savent pas si nous pouvons nous déplacer dans la bande de Gaza, car la trêve étant en cours, il n'y avait plus de système de notification ni de système garantissant la sécurité des déplacements. Cela signifie également que les équipes du nord et du sud sont à nouveau divisées. La population ne peut donc pas se déplacer librement et, en réalité, l'accès aux soins de santé et aux abris est très limité, car tout est détruit.
La population est terrorisée. Bien sûr, elle a compris qu'il s'agissait d'une reprise des combats et elle a très peur de la suite.
Malheureusement, nous avons également compris que les évacuations médicales étaient interrompues pour le moment. Normalement, quelques patients pouvaient sortir de Rafah chaque jour. Mais ce ne sera plus le cas à partir d’aujourd'hui, et nous ignorons combien de temps cela va durer.
Telle est la situation actuelle : les besoins sont malheureusement importants, mais l'incertitude quant à l'avenir est grande. La situation est très angoissante pour la population.
Dr Mohammed Abu Mughaiseeb, coordinateur médical adjoint de MSF, sud de Gaza
Nous nous sommes réveillés à 2 heures du matin sous des frappes aériennes très intenses. La zone de Rafah-Mawasi tremblait énormément. Le sol tremblait.
L'endroit où je me trouvais tremblait complètement. Cela nous a rappelé le début de la guerre, avec ce même type de frappes aériennes, qui étaient très intenses. Nous avons commencé à contacter nos équipes qui travaillent dans notre établissement à l'hôpital Nasser.
MSF a reçu environ cinq patients, dont trois enfants, une femme et un homme. Les blessures étaient très graves, allant de l'amputation de membres à des cas orthopédiques complexes et des brûlures.
Au total, le ministère de la Santé a annoncé plus de 400 victimes pendant la nuit, lors des frappes aériennes, dans toute la bande de Gaza, du nord au sud. Les hôpitaux ne sont pas en mesure de faire face à la situation, de faire face à l'afflux massif de victimes qu'ils ont reçu simultanément dans tous les hôpitaux du nord au sud.
Dr Mohammad Qishta, médecin urgentiste MSF à l'hôpital Nasser
La réponse d’urgence à l'hôpital Al-Nasser s’est déroulée dans des conditions désastreuses.
Nous avons reçu de nombreux corps et parties de corps, principalement des enfants et des femmes. La situation était terrible.
Les corps étaient partout aux urgences, créant une confusion totale parmi les citoyens. Certains se sont précipités pour se faire soigner, tandis que d'autres familles se sont précipitées aux urgences pour se protéger.
Chacun de nous avait deux préoccupations : trier les cas et aider les personnes dans le besoin, pour intervenir rapidement. L'autre était de veiller à ce que les familles soient saines et sauves, d'autant que la plupart d'entre nous étaient rentrés chez eux après un long déplacement. À ce moment-là, chacun priait Dieu pour qu'aucun de leurs proches ne figure parmi les martyrs et les blessés.
La situation était très tendue, et les médecins des urgences se sont effondrés. Ils pleuraient tant la situation était difficile.
Il y a eu ensuite des cas graves, comme des brûlures au troisième degré, des brûlures au visage, des amputations, des blessures à la tête, des blessures au thorax… La plupart des cas ont été classés comme cas rouges selon la règle de triage. Enfin, certains cas ont été classés comme cas jaunes ou verts, comme des coupures ou des fractures.
La situation était désastreuse. Il était difficile de contrôler la situation sur place en raison de l'affluence à l'hôpital Nasser.
MSF continue d'appeler à un cessez-le-feu durable à Gaza. La population ne peut tout simplement pas se permettre une nouvelle vague de violence et de dévastation. Israël doit mettre fin à la punition collective infligée à la population. L'aide humanitaire et les fournitures essentielles doivent être autorisées à entrer.