Urgence Ukraine : « Le désastre humanitaire continue »
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Moldavie : des milliers d’Ukrainiens affluent chaque jour pour fuir les combats
Au poste frontière de Palanca, en Moldavie, des milliers d’Ukrainiens affluent chaque jour pour fuir les combats dans le sud du pays. Au 8 mars, plus de 230 000 réfugiés sont arrivés dans ce petit pays de 2,6 millions d’habitants. Moins de la moitié d'entre eux sont restés dans le pays. Ceux qui arrivent à Palanca sont principalement originaires de Mykolaïv, une ville sous blocus située à 130 kilomètres à l'est d'Odessa, et cible d'intenses bombardements. Des familles entières - principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées - attendent souvent plusieurs heures sous des températures négatives et dans le vent avant d'être autorisées à franchir la frontière. Des bénévoles les accueillent avec du thé et de la nourriture, et quelques tentes pour les abriter du vent.
Des dizaines de personnes, victimes de décompensation de maladie chronique - hypertension notamment - sont prises en charge chaque jour dans le poste médical situé dans le bureau de douane moldave. MSF a positionné un centre médical à Palanca, en appui aux équipes moldaves déjà sur place.
Une fois la frontière passée, la majorité des réfugiés ukrainiens quitte le pays, direction la Roumanie, la Pologne et d’autres destinations en Europe.
En Ukraine, le conflit exerce une pression énorme sur les établissements de santé
Nous avons été en contact avec des hôpitaux qui reçoivent des patients blessés à la suite des combats. Le conflit exerce une pression énorme sur les établissements de santé qui ont un personnel et des fournitures limités ; de nombreux hôpitaux sont confrontés à des pénuries. Il est difficile de trouver des fournitures médicales et autres fournitures cruciales dans le pays, car elles sont très demandées pour répondre aux besoins de tant de patients.
Dans l'est de l'Ukraine, certains hôpitaux ont déclaré avoir traité des dizaines de blessés par moments. Les hôpitaux signalent également des pénuries de médicaments pour traiter les personnes atteintes de maladies chroniques, comme l'insuline pour les patients atteints de diabète.
Marioupol, des milliers de personnes, dont le personnel de MSF et leur famille, restent coupées du monde
La ville de Mariupol est actuellement encerclée et soumise à de lourds bombardements. Les magasins ne sont plus ouverts ; il n'y a ni chauffage ni électricité. Les pharmacies sont à court de médicaments. Plus inquiétant encore, il n'y a pas d'accès à l'eau potable. Pendant trois jours (5, 6 et 7 mars), un cessez-le-feu a été convenu chaque jour pour permettre aux civils de quitter la ville en toute sécurité ; à chaque fois, le cessez-le-feu a échoué. La situation dans la ville est de plus en plus désespérée.
Le 9 mars, un complexe hospitalier comprenant une maternité à Mariupol a été frappé dans une attaque largement rapportée dans les médias. Avec les bombardements actifs, les fusillades et les bombardements aériens qui se poursuivent à Mariupol, il est de plus en plus difficile de se faire soigner.
« Dans une ville où le système de santé est proche de l'effondrement, priver les gens des soins de santé dont ils ont tant besoin est une violation des lois de la guerre », témoigne Kate White, responsable des urgences MSF.
Il est impératif que les civils et les infrastructures civiles, y compris les établissements de santé, soient épargnés par les attaques, et que le droit de la population à recevoir des soins de santé et à être en sécurité soit garant ». Kate White, responsable des urgences MSF.
Notre personnel est toujours bloqué à Mariupol et nous savons que la situation de cette zone assiégée reste alarmante et empire chaque jour. Dans un témoignage audio, ils soulignent les énormes difficultés auxquelles les gens sont confrontés pour obtenir des soins de santé et accéder aux médicaments. « Il n'y a plus du tout d'eau potable et nulle part où la prendre (…). Les explosions continuent et la situation est très, très mauvaise pour les personnes âgées, les enfants et les personnes handicapées. Le désastre humanitaire continue ».
Dans le sud de l'Ukraine, le système de santé a déjà été perturbé par la guerre. De manière significative, les fournitures sont en train de s'épuiser dans de nombreux hôpitaux. Carla Melki, coordinatrice d’urgence MSF, revient sur la situation en cours de la ville portuaire d'Odessa et anticipe les besoins à venir : « Nous avons visité les hôpitaux sur lesquels il est prévu de faire converger les blessés civils. Ce sont de grands hôpitaux, de bon niveau, bien équipés. Mais ce ne sont pas des structures habituées à faire face à des afflux massifs de blessés polytraumatisés ou touchés par des éclats de munitions (…).
Le manque de médicaments et de matériel est déjà un énorme problème dans tout le pays, et la situation ne peut qu’empirer (…). Tout le monde se prépare au pire. » Carla Melki, coordinatrice d’urgence MSF
Les équipes d'urgence MSF ont été déployées dans tous les pays voisins de l’Ukraine. Ceci est le témoignage de Christina Psarra, coordinatrice MSF en Pologne, qui explique l’arrivée des unités médicales mobiles dans différentes régions du pays en guerre.
Des équipes et du matériel d'urgence déployés en Ukraine et dans les pays voisins
Comme vous l'avez vu, nous avons rapidement étendu notre réponse humanitaire médicale dans plusieurs régions du pays. Nous avons envoyé des cargaisons de fournitures médicales d'urgence et de traumatologie aux hôpitaux de Kiev, Mariupol, Kramatorsk et Pokrovsk. Le personnel médical d'urgence et un certain nombre de spécialistes médicaux sont déjà entrés en Ukraine. Et, dans les jours à venir, d'autres renforts continueront d'arriver pour soutenir nos équipes déjà sur place.
En outre, nous avons mobilisé des équipes d'urgence dans la plupart des pays voisins de l'Ukraine avec un double objectif : premièrement, pré-positionner du matériel médical pour pouvoir entrer dans le pays et s'occuper non seulement des blessés de guerre mais aussi de toutes les urgences médicales que nous pouvons dans la mesure de nos possibilités (personnes atteintes de maladies chroniques dont le traitement peut être interrompu, ou personnes atteintes de tuberculose et de VIH, etc.) et, deuxièmement, évaluer les besoins non satisfaits des réfugiés à ces postes frontaliers. Les personnes que nous voyons arrivent épuisées, affrontant le voyage même à pied et endurant des températures glaciales.