© Mahab Azizi - Paediatric Care in Herat
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Traiter la malnutrition en Afghanistan

Le jeudi 11 juillet 2024

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Le bébé est couché les yeux fermés, sa couverture molletonnée est une palette de rouges, de roses et de verts. Sur son nez, un sparadrap maintient en place les tubes qui passent dans ses minuscules narines et l'alimentent d'une solution lactée qui devrait l'aider à reprendre des forces. Sa mère l'observe attentivement depuis une chaise voisine, tandis qu'à proximité, d'autres femmes parlent et rient, leurs enfants étant allongés sur le lit qui les sépare. Le centre d'alimentation thérapeutique pour patients hospitalisés (ITFC) d'Herat est très fréquenté, les chambres étant petites par rapport au nombre de lits accueillant des enfants souffrant de malnutrition et leurs soignants.

Plus au sud, dans la province d'Helmand, on assiste à des scènes similaires à l'hôpital Boost. Lors de l'admission, une infirmière glisse la bande colorée du ruban de mesure de la circonférence du bras (MUAC) sur le petit bras de Nazifa et tire sur le plastique pour le resserrer. La bande se fixe fermement dans le rouge, ce qui indique une malnutrition. Elle sera alors mesurée et pesée avant d'être admise et restera deux semaines pour stabiliser son poids et traiter sa diarrhée. Les parents parlent de la difficulté de nourrir leur famille par manque d'argent plutôt que par manque de nourriture, mais à cela s'ajoutent les conséquences d'une alimentation ou d'une nutrition inadéquate sur les mères qui allaitent et l'effet de contagion sur les nourrissons. Certaines mères ne sont pas en mesure de produire suffisamment de lait : "Quand il est né, il était en bonne santé, mais je n'avais pas de lait maternel, alors nous avons commencé à lui donner des préparations pour nourrissons, mais cela l'a rendu malade". Les mères, à leur tour, peuvent se retrouver inscrites pour des soins ambulatoires de malnutrition, par exemple à Kandahar et à Herat. 

©Tasal Khogyani/MSF - Kandahar Ambulatory Therapeutic Feeding Centre
©Tasal Khogyani/MSF -  Kandahar Ambulatory Therapeutic Feeding Centre

"Nous sommes venus ici depuis Kamari, dans la province de Badghis, à quatre heures de route", explique Fatima*, qui a amené son fils à Herat pour le faire soigner de la malnutrition et de la varicelle. Ils avaient auparavant cherché de l'aide dans une clinique plus proche de chez eux, mais n'ont pas pu trouver l'aide dont ils avaient besoin. Les hôpitaux et cliniques de MSF, ainsi que les hôpitaux du ministère de la Santé publique (MoPH) soutenus par MSF, reçoivent des patients qui parcourent de longues distances parce qu'ils ont du mal à accéder à des soins de qualité près de chez eux. La situation économique désastreuse de l'Afghanistan signifie que la plupart des personnes qui auraient pu auparavant se payer des soins dans des cliniques privées dépendent maintenant des centres de santé soutenus par les organisations internationales. Roya, une mère dont l'enfant est hospitalisé depuis deux semaines, explique que dans son village, presque tous les enfants souffrent de malnutrition en raison de la situation économique. "Ils n'ont pas d'argent, même s'il s'agit de 50 ou 100 afghans (70 cents ou 1,40 dollar américain) pour payer le taxi qui amène leurs enfants ici pour le traitement".

Assises dehors sur des bancs à Kandahar, le soleil se reflétant sur le gravier gris, des mères attendent patiemment avec leurs enfants sur les genoux et des documents médicaux serrés dans leurs mains. Un peu plus loin, dans une zone séparée, sont assis les pères, les frères et les oncles. De là, les petits patients et leurs parents ou tuteurs seront appelés dans un bureau à conteneurs pour être évalués. S'ils souffrent de malnutrition sévère sans complications médicales, ils seront inscrits dans un programme de soins ambulatoires pour la malnutrition et recevront des aliments thérapeutiques prêts à l'emploi, qu'ils emporteront chez eux avant de revenir la semaine suivante pour un contrôle. Ce processus se poursuivra pendant une période de six à huit semaines, jusqu'à ce qu'ils soient considérés comme guéris. Au cours de l'année 2023, les structures gérées et soutenues par MSF à Herat, Lashkar Gah et Kandahar ont admis un total de plus de 10 400 enfants âgés de moins de cinq ans, et entre janvier et avril 2024, elles ont admis 2 416 patients, ce qui représente déjà une augmentation de 5 % par rapport à la même période de l'année précédente. Les équipes de Herat et de Kandahar ont inscrit plus de 6 900 enfants dans des centres d'alimentation thérapeutique ambulatoire (ATFC) en 2023. 

À Herat, de nombreux patients que nous voyons ont moins d'un an, ce qui révèle des problèmes d'allaitement et d'alimentation complémentaire (introduction d'aliments nutritifs en plus du lait maternel). Nous nous efforçons d'y remédier par nos activités de promotion de la santé auprès des mères et de leurs familles. Les enfants de moins de six mois sont souvent trop jeunes pour être inscrits dans les programmes de nutrition. Il est donc plus difficile pour les familles de leur apporter les soins dont ils ont besoin lorsqu'ils souffrent de malnutrition, et sans un élargissement des critères d'admission, cela restera le cas".

explique Aline Plener, coordinatrice médicale de MSF en Afghanistan

 

© Mahab Azizi -  Paediatric Care in Herat

Souvent, les services d'hospitalisation pour malnutrition sont tellement surpeuplés que deux bébés et leurs mères partagent le même lit, une situation loin d'être idéale pour eux ou d'un point de vue médical. Certains sont traités par MSF, rentrent chez eux, puis reviennent quelques semaines plus tard - les causes profondes de leur malnutrition n'ayant pas été traitées. Pour ceux qui souffrent de maladies congénitales, cela s'explique par le fait que les soins hospitaliers spécialisés nécessaires sont difficiles à trouver, souvent loin de chez eux et coûteux. Certaines mères, comme Roya, bénéficient toutefois d'un soulagement temporaire : "La santé de mon enfant s'est complètement améliorée et elle se rétablit. Nous sommes arrivés à un stade où nous pouvons rentrer chez nous".

© Mahab Azizi -  Paediatric Care in Herat
© Oriane Zerah -  Boost Hospital - ITFC | Qudratullah Story

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