Jamla, résidente du rassemblement Khirbet Al-Fakhit, Masafer Yatta.
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Territoires Palestiniens Occupés : les mesures coercitives d'Israël nuisent à la santé des habitants de Masafer Yatta

Le lundi 3 avril 2023

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Vivre dans la crainte constante d'une expulsion, voir sa maison démolie et voir ses déplacements limités sont quelques-uns des défis auxquels sont confrontés les Palestiniens de Masafer Yatta et de ses environs, dans le sud de la Cisjordanie, dans les territoires palestiniens occupés. Dans son nouveau rapport « The unbearable life : the health impacts of the Israeli measures to forcibly evict the residents of Masafer Yatta », l'organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) met en lumière la pression exercée par les autorités israéliennes pour pousser les communautés locales à quitter la zone et l'impact de cette pression sur la santé physique et mentale des habitants.

« Si je perds mes terres, je perds ma vie », a déclaré un habitant du village d'Al-Majaz à Masafer Yatta, résumant ainsi l'importance de cet enjeu pour les communautés touchées. 
Outre la menace d'expulsion de leurs maisons, les habitants vivent sous la menace constante de la violence. « Les soldats pénètrent dans les villages la nuit, imposent des couvre-feux et d'autres restrictions de mouvement, organisent des entraînements militaires à proximité des zones d'habitation, confisquent les véhicules et démolissent les maisons », explique David Cantero Pérez, chef de mission de MSF dans les Territoires palestiniens occupés. « Ils rendent la vie des habitants insupportable. » 

Les mesures prises par les autorités israéliennes se sont intensifiées depuis mai 2022, à la suite d'une décision de la Cour suprême israélienne qui a supprimé tous les obstacles juridiques au déplacement forcé des Palestiniens de Masafer Yatta pour faire place à une zone militaire. Ces mesures ont eu un impact considérable sur la capacité des résidents à accéder aux services de base, y compris aux soins médicaux.
 

Safa, résidente du village d'Al-Markez, Masafer Yatta.
Masafer Yatta est une région où vivent 1 144 Palestiniens répartis dans 12 villages. Dans les années 1980 le terrain sur lequel sont construites leurs maisons a été déclaré "zone militaire fermée" par les autorités israéliennes.

Le rapport de MSF révèle que les patients se voient régulièrement refuser l'accès aux villages où MSF fournit des services médicaux si leur carte d'identité indique qu'ils viennent d'un autre village. Dans d'autres cas, les ambulances qui tentent d'atteindre Masafer Yatta sont retardées, voire bloquées, et les habitants qui tentent d'atteindre les hôpitaux sont arrêtés aux postes de contrôle et doivent faire face à de longs retards. En conséquence, de nombreux habitants signalent que l'accès incertain aux soins médicaux à Masafer Yatta a contraint les personnes médicalement vulnérables - notamment les femmes enceintes dans leur dernier trimestre, les personnes âgées souffrant de maladies chroniques et les personnes atteintes de maladies graves - à quitter leur maison et leur famille pour la ville voisine de Yatta.

Les mesures coercitives poussent les résidents à vivre dans une crainte constante pour leur sécurité et les parents se sentent impuissants à protéger leurs enfants. Un parent a rapporté que son enfant avait été réveillé la nuit par un soldat armé et un chien qui sont entrés dans sa chambre. D'autres parents ont décrit leur sentiment de désespoir et d'impuissance lorsque leurs enfants sont rentrés de l'école et ont découvert que la maison familiale avait été démolie. 

Vivre dans des conditions aussi difficiles pèse lourdement sur la santé mentale des personnes, affirme MSF, dont les équipes mobiles fournissent des soins médicaux, y compris des soins de santé mentale, aux habitants de Masafer Yatta depuis 2021. Le rapport de MSF met en évidence une forte augmentation de la demande de soutien en santé mentale parmi les résidents qui ont subi des incursions dans leur maison et des démolitions. À la suite de ces incidents, plus de la moitié des patients de MSF en 2022 ont signalé des symptômes psychosomatiques, un quart des patients ont présenté des symptômes post-traumatiques et deux tiers ont décrit des symptômes dépressifs.« Au cours de l'année écoulée, nous avons été les premiers témoins de l'impact de l'environnement de plus en plus coercitif sur la santé physique et mentale des habitants de Masafer Yatta », déclare M. Cantero Pérez. « En tant qu'organisation médicale humanitaire, nous dénonçons les politiques israéliennes et appelons les autorités à mettre immédiatement un terme au plan d'expulsion et à cesser la mise en œuvre de mesures qui restreignent l'accès aux services de base, y compris les soins médicaux, pour les Palestiniens de Masafer Yatta. Ces souffrances inutiles doivent s’arrêter. »

Enfin, MSF appelle la communauté internationale à prendre les mesures urgentes et nécessaires pour protéger la population de Masafer Yatta et garantir le respect de ses droits humains.

MSF fournit des services médicaux et de santé mentale aux habitants de Masafer Yatta via des cliniques mobiles depuis 2021, et des soins de santé mentale dans le gouvernorat d'Hébron, qui inclut Masafer Yatta, depuis 1996. Au cours de cette période, les équipes de MSF ont été témoins de l'impact des mesures coercitives d'Israël sur tous les aspects de la vie quotidienne des résidents.

Documentaire "Masafer Yatta, Forced From Home"

Masafer Yatta est une région désertique du sud de la Cisjordanie où vivent 1 144 Palestiniens répartis dans 12 villages. Leur vie a radicalement changé dans les années 1980, lorsque le terrain sur lequel sont construites leurs maisons a été déclaré "zone militaire fermée" par les autorités israéliennes.

Le 4 mai 2022, la Cour suprême israélienne a déclaré qu'il n'y avait pas d'"obstacles juridiques" aux expulsions.
Suite à cette décision, 211 ménages palestiniens (1144 personnes) sont exposés à un risque immédiat d'expulsion forcée, de déplacement arbitraire et de transfert forcé.
La décision de la Cour suprême israélienne en mai 2022 a entraîné une forte augmentation des mesures hostiles appliquées par les autorités israéliennes à Masafer Yatta pour exercer une pression extraordinaire sur les résidents de Masafer Yatta afin qu'ils quittent leurs maisons. Ces mesures comprennent la démolition de maisons et d'écoles, l'émission d'avis d'expulsion et une augmentation des points de contrôle, la confiscation des véhicules des résidents, l'entraînement militaire, les incursions nocturnes dans les maisons, les couvre-feux forcés et d'autres restrictions de mouvement, rendant la vie des gens insupportable.

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