Frappes au sud de Beyrouth.
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Témoignages : « Cette nuit-là, c'était comme un film d'horreur »

Le mardi 1 octobre 2024

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Suite aux bombardements israéliens à grande échelle au Liban la semaine dernière, des centaines de milliers de familles libanaises ont été forcées de quitter leur maison et se sont retrouvées sur les routes, à la recherche désespérée d'un endroit sûr.

MSF apporte son soutien aux personnes déplacées dans des abris, comme des écoles, dans le sud du pays ainsi qu'à Beyrouth et dans ses environs. Nos équipes acheminent de l'eau par camion, fournissent des premiers soins psychologiques et des consultations médicales, et donnent des produits de première nécessité tels que des matelas, des couvertures, de l'eau potable et des kits d'hygiène.

« Cette nuit-là, c'était comme un film d'horreur. »

Témoignage recueilli le 30 septembre à Ramleh El-Bayda, Beyrouth.

« Je m'appelle Hassan* et je viens du gouvernorat de Nabatieh, dans le sud du Liban. Je vivais avec ma femme et mes trois enfants dans la banlieue sud de Beyrouth. 

Il y a quatre jours, nous avons décidé de quitter notre maison avec ma famille parce que nous étions inquiets pour notre sécurité. Cette nuit-là, on se serait cru dans un film d'horreur : avions de guerre, frappes aériennes, et j'en passe. Alors que nous étions dans la voiture, nous pouvions sentir le sol trembler.

Nous avons passé les deux premiers jours dans une maison située dans un autre quartier de Beyrouth, puis le propriétaire nous a demandé de quitter l'appartement.

Nous sommes aujourd'hui à Ramleh El-Bayda, à Beyrouth. Nous sommes 20 membres de ma famille, bloqués sur la plage. Tous les abris et toutes les écoles sont pleins. Où devrions-nous aller ? Nous n'avons nulle part où aller. Il semble qu'aucun endroit ne soit sûr aujourd'hui.

La situation est bien pire que tout ce que l'on peut imaginer. Nous avons tant de besoins. Lorsque nous sommes partis, nous n'avons pris que quelques vêtements et nos documents. Nous n'avons même pas pu emporter un matelas ou un oreiller. La nuit dernière, nous avons dormi sur des chaises. Personne ne nous aide.

Tout ce qui m'importe, ce sont les enfants. Le plus jeune a un an et demi. Comment puis-je m'occuper de ma famille ? »

*Le nom de ce témoin a été modifié à sa demande pour protéger sa vie privée.

« J'espère que nous pourrons retourner dans nos maisons, s'il y a des maisons où retourner. »

Témoignage recueilli le 25 septembre dans une école de Barja, au Mont-Liban.

Alia* est assise sur le trottoir de l'humble jardin de l'école de Barja, une petite ville située au Mont-Liban, le visage perplexe, comme si elle ne savait pas quoi faire. Sa belle-mère, qui vient de subir une opération des yeux, essaie d'éviter les rayons du soleil.

L'école dans laquelle Alia* s'est réfugiée est pleine de personnes déplacées comme elle. Les bruits d'enfants qui jouent emplissent l'air, mais ne parviennent pas à masquer les explosions des frappes aériennes qui s'abattent sur les collines environnantes et font trembler le bâtiment.

« Nous venons de la ville de Khiam, à la frontière sud. Nous avons été forcés de quitter notre maison il y a environ un an lorsque les affrontements ont commencé. Et maintenant, nous avons été contraints de quitter une nouvelle fois la maison dans laquelle nous nous réfugions. Nous avions à peine commencé à nous adapter, à inscrire nos enfants dans une école voisine, et tout a disparu », raconte Alia*.

Avant d'être chassée de chez elle en octobre 2023, Alia* travaillait comme infirmière. Depuis, elle n'a pas pu travailler et la famille a perdu sa source de revenus.

Au cours du dernier trimestre 2023, elle a passé deux mois à essayer de trouver une maison sûre pour elle, son mari et ses deux garçons. La famille se déplaçait presque tous les dix jours d'une ville à l'autre, essayant désespérément de trouver un endroit plus permanent où rester. Finalement, un ancien collègue lui a trouvé une maison dans la ville méridionale de Kfartebnit, à 20 kilomètres de sa ville natale.

Le lundi 23 septembre 2024, un bombardement israélien à grande échelle a frappé le Sud-Liban, s'étendant bientôt à d'autres régions densément peuplées du pays. Alia* n'a eu que le temps d'emballer quelques affaires et la famille s'est mise en route.

« Nous avons quitté la maison à 1h30 du matin sous un bombardement intense. La circulation dans le sud était insensée. Nous sommes d'abord allés dans deux villes, mais leurs écoles étaient pleines à craquer. Nous avons fini par dormir cette nuit-là dans notre voiture. Le lendemain matin, nous sommes arrivés à cette école et, heureusement, nous avons trouvé une salle de classe pour nous loger. Mais nous n'avions rien pour dormir. Heureusement, j'ai réussi à apporter deux couvertures avec moi ».

L'ampleur des déplacements au Liban est sans précédent et dépasse la capacité du pays à héberger les personnes déplacées.  Les principaux besoins exprimés sont des matelas, des oreillers, des couvertures, des produits d'hygiène et des soins médicaux.

« Ce déplacement est de loin plus difficile que le premier. Mes enfants me disent qu'ils préféreraient mourir sous les bombardements plutôt que de vivre ainsi. L'école a tremblé toute la nuit. Nous nous considérons en sécurité ici pour l'instant, mais que se passera-t-il si Israël décide de cibler les écoles ? »

La dernière fois qu'Alia* a visité sa maison à Khiam, il y a trois mois, elle était très endommagée, toutes les fenêtres ayant volé en éclats, mais au moins elle était encore debout. Elle craint qu'avec les dernières vagues de frappes israéliennes, sa maison ne soit réduite à l'état de ruines.

« J'espère qu'un jour nous pourrons retourner dans nos maisons - nos maisons d'origine - s'il y a des maisons où retourner. »

* Le nom a été modifié à la demande de la personne afin de protéger son identité.

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