Restes explosifs de guerre à Deir ez-Zor, où les rues et les champs sont désormais contaminés par des restes explosifs de guerre , notamment des mines antipersonnel, des munitions non explosées , des roquettes et des pièges explosifs. Syrie, Juin, 2025 © Asmar Al-Bahir/MSF
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Syrie : à Deir ez-Zor, des mines non explosées font des blessés et des morts parmi les personnes de retour chez elles

Le vendredi 6 juin 2025

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Les personnes qui rentrent chez elles à Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie, dans des maisons et villages ravagés par la guerre, sont victimes de mines non-explosées. Entre le 28 mai et le 1er juin, quatre incidents ont fait huit victimes : quatre enfants ont été tués et quatre autres personnes blessées, soulignant le besoin urgent de déminer la zone. Face au grand nombre de blessures liées aux explosions, Médecins sans Frontières (MSF) a soutenu la réouverture des urgences de l’hôpital national de Deir ez-Zor et appelle au renforcement du déminage et des soins médicaux spécialisés.  

« Depuis le 7 avril, nos équipes travaillant aux urgences de l’hôpital de Deir ez-Zor reçoivent en moyenne un patient chaque jour, blessé par des mines, des munitions non explosées et des pièges explosifs », explique Will Edmond, chef de mission de MSF en Syrie. « Ils sont le plus souvent blessés dans les champs ou sur des routes. »  

« Parmi les personnes qui se sont présentées à notre service d'urgence, près des deux tiers présentaient des blessures graves ou potentiellement mortelles, et près d'un quart ont dû subir une amputation », poursuit Will Edmond. 

 Ce qui est particulièrement choquant, c’est que 40% des patients que nous avons vus sont des enfants. »  

L’enfant Abdulrazzaq, âgé de 12 ans, a été blessé alors qu’il gardait des moutons dans la zone désertique de la ville d’Al-Asharah, dans la campagne de Deir ez-Zor, à 10h30 le 17 avril 2025. Syrie, mai 2025  ©  Asmar Al-Bahir/MSF

Des années de conflit ont détruit les infrastructures essentielles du gouvernorat de Deir ez-Zor, notamment les établissements de santé. Les rues et les champs étant contaminés par des mines et des engins explosifs, la vie quotidienne des rapatriés est dangereuse et leurs efforts de réhabilitation sont entravés. 

Les équipes de MSF ont déjà découvert quatre engins non explosés dans des centres de santé qu’elles prévoyaient de soutenir, sans compter les engins probablement enfouis sous terre.  

Entre le 8 décembre 2024 et le 14 mai 2025, 91 enfants ont été tués et 289 blessés dans des accidents impliquant des munitions explosives à travers le pays, selon la Mine Action Area of Responsibility. Beaucoup de ces cas tragiques concernent des enfants qui tombent sur des mines en ramassant des truffes, en gardant des moutons ou en jouant dans des zones contaminées. 

Destruction à Deir ez-Zor ©  Asmar Al-Bahir/MSF

Ali Abd Khalaf, ancien producteur de blé, a également marché sur une mine terrestre près d'Az-Zabari, à proximité d'Al-Mayadin. « Il y a deux mois, je voyageais à moto avec mon frère », raconte-t-il. 

Nous avons décidé de nous arrêter en chemin, alors je suis descendu de la moto, j'ai fait quelques pas et l'explosion s'est produite – j’avais marché sur une mine antipersonnel. »

Ali a d'abord reçu des soins dans une clinique privée avant d'être transporté à l'hôpital national de Deir ez-Zor, où il a subi deux opérations chirurgicales et a été amputé du pied gauche, au-dessus de la cheville.

Ali, âgé de 28 ans, a été blessé après avoir marché sur une mine enterrée en périphérie de la ville de Subaykhan, à 18h00 le 12 mai 2025, ce qui a entraîné l’amputation de sa jambe gauche. ©  Asmar Al-Bahir/MSF

Les patients ont fait état de graves difficultés d'accès aux soins. La plupart d'entre eux sont obligés de recourir à des moyens de transport privés coûteux, les ambulances étant surchargées. Par conséquent, de nombreux patients venant de villes éloignées ne reviennent pas pour des soins de suivi. D'autres parlent du coût élevé des soins privés.

Nous nous sommes empressés de conduire Ali dans une clinique privée à Al-Mayadin, où l'on nous a demandé de payer d'avance 80 dollars pour commencer son traitement », ont déclaré les proches d'Ali Abd Khalaf. 

Bien qu'il s'agisse d'une somme considérable, nous l'avons payée. Ensuite, nous l'avons rapidement transféré à l'hôpital de Deir ez-Zor, où il a reçu des soins médicaux complets et gratuits. »

 

Un financement urgent est nécessaire pour soutenir les organisations de lutte contre les mines, intensifier le déminage et améliorer la cartographie des zones contaminées. Ces actions sont indispensables pour que les habitants puissent rentrer chez eux, reconstruire leur vie et se remettre du conflit.  

MSF demande également au gouvernement syrien, aux bailleurs de fonds et aux organisations médicales à renforcer leurs capacités de soins d'urgence, les références médicales et les banques de sang. Les services de rééducation, de santé mentale et les services psychosociaux sont essentiels pour le rétablissement des survivants.  

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