Sud-Soudan : Un espoir intact face à l'adversité
En 1 clic, aidez-nous à diffuser cette information :
Les conflits et les hostilités dans l'Ouganda voisin entre les parties belligérantes ont poussé MSF à lancer son premier projet à Yei, en Equatoria central. En 1983, une équipe MSF, composée de personnel médical et de soutien provenant du Sud-Soudan et d'autres pays, a fourni des soins médicaux d'urgence aux communautés d'accueil et aux réfugiés qui fuyaient les troubles civils en Ouganda. Cette région elle-même en proie à un conflit est devenue un refuge, un foyer pour des milliers de personnes.
Les besoins des réfugiés et des communautés d'accueil augmentant, les activités de MSF ont évolué au fil des ans pour répondre aux déplacements provoqués par les conflits, à la famine et aux épidémies, en fournissant des traitements médicaux et en menant des campagnes de vaccination, des activités d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement, ainsi que la distribution d'articles non alimentaires.
Avec 13 projets dans tout le pays, les activités de MSF ont laissé une marque notable dans la vie de milliers de personnes.
Indépendance et guerre civile
Après une longue et terrible guerre civile, le Sud-Soudan a accédé en 2011 à l'autonomie et à un calme relatif. Le conflit a éclaté entre le gouvernement et les forces d'opposition en décembre 2013, entraînant une guerre civile qui a causé la mort de dizaines de milliers de personnes et forcé une personne sur trois à fuir son foyer.
« Lorsque le pays a obtenu son indépendance en 2011, il y avait beaucoup d'espoir », explique Andrew Dak, Hospital Coordinator Support, qui travaille avec MSF depuis 2004.
Les gens pensaient qu'il n'y aurait plus de guerre et qu'il y aurait beaucoup d'investissements dans les infrastructures de santé du pays. Mais deux ans plus tard, il y avait déjà des combats dans le pays. Tout est revenu à zéro. »
Depuis lors, outre les conflits récurrents, le pays a continué à souffrir d'urgences concomitantes, notamment d'insécurité alimentaire, d’épidémies et de graves inondations.
Faire face aux conséquences du changement climatique
Plus récemment, quatre années consécutives d'inondations ont laissé environ deux tiers du Sud-Soudan sous l'eau l'année dernière, la plupart des États ayant connu des inondations catastrophiques.
« Au fil des ans, la gravité des inondations a augmenté en termes d'ampleur, de niveau d'eau et d'impact sur la population », explique Mohammad Ibrahim, chef de mission MSF au Sud-Soudan.
Plus des deux tiers du pays étaient sous l'eau lors de la dernière saison des pluies. Nous avons vu des inondations déraciner des personnes, mais aussi détruire des terres cultivées, tuer du bétail et endommager des maisons, des écoles et des centres de santé. Pour un pays qui a déjà été touché par des années de violence, dont le système de santé est fragile et qui connaît des niveaux élevés de malnutrition, les inondations aggravent sérieusement une situation humanitaire déjà désastreuse ».
Surmonter les obstacles aux soins de santé
Dans tout le Sud-Soudan, les patients sont confrontés à des obstacles majeurs lorsqu'ils tentent d'accéder aux soins de santé. Les inondations en sont un, auxquelles s'ajoutent le manque général d'infrastructures et l'insécurité.
« Beaucoup de mères et de femmes enceintes vivent dans des zones très reculées et ne peuvent pas accéder aux structures médicales », explique Harriet Wikoru, responsable des activités des sages-femmes MSF à Old Fangak. « La plupart d'entre elles ne peuvent se rendre que chez les accoucheuses traditionnelles de leur village. Le manque d'accès aux structures de santé met les femmes en danger pendant la grossesse et l'accouchement ».
Pour surmonter ces obstacles, les équipes de MSF soutiennent les communautés les plus à risque en organisant des cliniques, des activités de proximité et de prévention, et en formant des agents de santé communautaires dans les zones reculées.
Renforcer les capacités en matière de soins de santé
Après des décennies de conflit et de sous-investissement, la grave pénurie d'infrastructures de santé et de professionnels médicaux qualifiés continue de poser des défis majeurs au développement d'un bon système de santé au Sud-Soudan.
« Depuis plus de 15 ans, MSF fournit des soins aux patients ici à Bentiu, mais l'organisation ne sera pas là éternellement et ne devrait être là que pour fournir des soins d'urgence », explique John Puok, médecin chez MSF. « Si le gouvernement du Sud-Soudan faisait quelque chose pour remédier à la situation, MSF pourrait transférer ces services à d'autres personnes qui en ont besoin. Peut-être pas au Sud-Soudan, mais dans d'autres parties du monde ».
Pour avoir un impact à long terme sur la qualité des soins dans le pays, l'Académie MSF pour les soins de santé forme des travailleurs de la santé sud-soudanais recrutés localement dans plusieurs États afin de renforcer les compétences et d'améliorer la qualité des soins.
Un besoin urgent d'assurer aux populations vulnérables l'accès aux soins vitaux
Douze ans après son indépendance, le Sud-Soudan continue de faire face à d'immenses besoins, à des crises permanentes telles que les conflits et les déplacements, et à de nouveaux défis tels que le changement climatique. Ces crises et ces défis amplifient et accélèrent les maladies déjà existantes et la situation humanitaire déplorable.
Selon les Nations unies, les deux tiers de la population, soit environ 9,4 millions de personnes, ont besoin d'aide humanitaire, de soins de santé et de protection.
Le pays, qui connaît déjà l'une des pires crises au monde, fait face à des besoins supplémentaires avec l'arrivée de rapatriés et de réfugiés du Soudan, que la réponse humanitaire actuelle ne peut pas absorber.
Malgré cela, MSF a observé une réduction progressive du financement international pour la santé dans le pays, ce qui entraîne un risque accru d'impacts sanitaires et sociaux graves pour la population. Le gouvernement du Sud-Soudan et les partenaires internationaux du secteur du développement doivent investir, s'engager et soutenir le système de santé du pays. Des investissements soutenus et cohérents sont nécessaires pour éviter une détérioration continue de la situation et toute autre crise potentielle