Un groupe de femmes va chercher de l'eau à un point de collecte géré par MSF à Djerbana, Soudan du Sud
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Soudan du Sud : des vies menacées par l’effondrement des soins de santé alors que la violence s’intensifie

Le lundi 8 décembre 2025

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La population du Soudan du Sud fait face à une situation humanitaire qui se détériore, tandis que l’intérêt et le soutien internationaux continuent de décliner, indique Médecins Sans Frontières (MSF) dans son dernier rapport "Left behind in crisis: Escalating violence and healthcare collapse in South Sudan" (en français : « Laissés pour compte dans la crise : escalade de la violence et effondrement des soins de santé au Soudan du Sud ») 

S’appuyant sur des données médicales recueillies par MSF ainsi que sur des témoignages de patients, de proches, de membres des communautés et de personnels de santé vivant dans les zones où MSF intervient, ce rapport met en lumière l’impact humain d’un système de santé et d’une réponse humanitaire vacillants

 

Lire le Rapport complet (en anglais)

Lire le résumé du Rapport (en anglais)

Page de garde du rapport MSF « Abandonnés en pleine crise : montée de la violence et effondrement du système de santé », Soudan du Sud

Le système de santé du Soudan du Sud est au bord de la rupture. 

Partout où nous travaillons, nos équipes constatent des lacunes énormes dans les services de santé. Les structures sont soit non fonctionnelles, soit en manque critique de ressources. Les pénuries récurrentes de médicaments et de personnel entraînent la mort de personnes atteintes de maladies pourtant évitables et traitables. 

Les structures de santé ont besoin de soutien concret, pas seulement sur le papier », déclare la Dre Sigrid Lamberg, responsable des opérations MSF au Soudan du Sud.

Le système de santé pris pour cible 

Cette année, la violence entre gouvernement, groupes d’opposition et groupes armés indépendants a fortement augmenté, marquant la pire escalade depuis la signature de l’accord de paix de 2018. L’intensification des violences, les attaques contre les structures de santé par toutes les parties au conflit et les restrictions d’accès entravent encore davantage la fourniture de soins et d’aide. Selon l’ONU, depuis janvier, de nouvelles vagues de violences ont entraîné le déplacement de plus de 320 000 personnes et causé la mort de 2 000 personnes. À Malakal, entre avril et novembre 2025, les équipes MSF ont pris en charge 141 patients blessés, dont des femmes et des enfants, beaucoup présentant des blessures par balle.

En violation flagrante du droit international humanitaire, l’année 2025 a également été marquée par une forte augmentation des attaques contre les structures de santé par toutes les parties au conflit. MSF a subi huit attaques ciblées contre ses structures et son personnel dans les États de l’Équatoria central, du Jonglei et du Haut-Nil, contraignant à la fermeture de deux hôpitaux à Ulang et Old Fangak. Le 3 décembre, notre structure à Pieri, dans l’État du Jonglei, a été touchée par une frappe aérienne. Le même jour, nos équipes ont été témoins d’autres frappes aériennes à Lankien, où MSF gère également des structures de santé.

Une aide internationale insuffisante

Les communautés font face à des crises multiples et simultanées : conflit, déplacements massifs, inondations, malnutrition et flambées épidémiques – dont la plus importante épidémie de choléra jamais enregistrée dans le pays. Pourtant, en 2025, le soutien international a continué de diminuer, alors même que les conditions de vie et l’accès aux services essentiels se dégradent.

Le Health Sector Transformation Project (HSTP), une initiative multi-bailleurs lancée en juillet 2024, reste le principal dispositif de prestation de soins au Soudan du Sud. Piloté par le gouvernement avec l’OMS, l’UNICEF et d’autres partenaires, le projet visait initialement à soutenir 1 158 structures de santé dans les 10 États et trois zones administratives. Cependant, faute de financements, seules 816 structures sont actuellement soutenues, et elles continuent de souffrir de pénuries persistantes de médicaments et de personnel.

J’ai voyagé depuis Keurdeng, cela a pris une heure. Il y a une petite structure de santé [à Keurdeng], mais elle n’a pas tous les médicaments – parfois les stocks s’épuisent très vite. J’ai emmené l’enfant au centre de santé, mais il n’y avait pas de médicaments », raconte une femme rencontrée par les équipes MSF à Toch.

Paludisme : une menace persistante 

Le paludisme reste un défi majeur, demeurant la principale cause de morbidité et de mortalité au Soudan du Sud, en particulier chez les femmes et les enfants. Pourtant, pour la deuxième année consécutive, le pays a subi en 2025 des ruptures généralisées de médicaments antipaludiques en pleine saison de transmission. Sans traitement rapide, le paludisme peut être mortel. Entre janvier et septembre 2025, les équipes MSF ont pris en charge 6 680 personnes atteintes de paludisme grave nécessitant une hospitalisation.

Depuis des années, la population du Soudan du Sud est confrontée à des besoins médicaux et humanitaires parmi les plus élevés au monde. En 2025, la situation s’est considérablement aggravée. L’augmentation des besoins exige une action urgente : les bailleurs internationaux doivent respecter leurs engagements pour soutenir les efforts sanitaires et humanitaires, et les lacunes des programmes existants doivent être comblées sans délai.

À tout le moins, la livraison rapide de médicaments essentiels, de fournitures et le paiement des salaires des personnels de santé doivent être garantis. Face à l’escalade des violences, l’accès humanitaire, la protection des civils et le respect des structures de santé doivent être assurés. MSF appelle également le gouvernement du Soudan du Sud à augmenter le budget national de la santé conformément à son engagement dans la Déclaration d’Abuja, qui prévoit d’allouer 15 % au secteur de la santé. Actuellement, seulement 1,3 % du budget national est consacré à la santé.

La situation dans le pays est catastrophique », déclare Lamberg. 

« Les besoins urgents de la population du Soudan du Sud exigent une action coordonnée, un engagement renouvelé et une véritable solidarité internationale.»

« Le monde ne peut pas détourner le regard, surtout pas maintenant. »

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