Séisme en Haïti : les défis se multiplient pour les blessés
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Le séisme, d'une magnitude de 7,2, a débuté à 8 h 29, heure locale, et s'est terminé quelques minutes plus tard. Pourtant, dans ces moments terribles, alors que les murs et les toits s'effondraient dans les zones les plus durement touchées, plus de 2 200 personnes ont perdu la vie et plus de 12 000 personnes ont été blessées selon les chiffres officiels.
Après que la maison de la famille de Widnika dans la petite ville de Camp-Perrin s’est écroulée, les voisins ont aidé à extraire le petit garçon des décombres, et sa mère l’a accompagné d’abord à l’hôpital le plus proche, ensuite vers l’hôpital MSF de Tabarre, le jour même. Pendant plusieurs jours, les hôpitaux de la capitale, Port-au-Prince, ont commencé à se remplir de blessés venus du Sud. Certains ont été transférés via le système national d'ambulances, d'autres par leurs propres moyens, et d'autres encore à bord d'hélicoptères et d'avions qui ont été rapidement déployés.
Dans le quartier de Turgeau à Port-au-Prince, MSF a ouvert un centre d’urgence dès le jour du séisme pour stabiliser ces patients. Au cours des huit premiers jours d’activité, le centre a traité 133 blessés du tremblement de terre en provenance du Sud et 152 autres patients. 82 patients ont été orientés vers des hôpitaux locaux pour recevoir des soins supplémentaires ou être opérés. Vingt-sept d'entre eux ont été dirigés vers l'hôpital MSF du quartier de Tabarre, spécialisé dans les traumatismes graves et les brûlures.
Au moment du séisme, l'hôpital, qui dispose de 70 lits, était déjà presque plein de patients hospitalisés pour des brûlures ou des traumatismes. L'hôpital a ensuite reçu un total de 70 survivants du tremblement de terre en quelques jours, dont 48 ont été admis pour une intervention chirurgicale ou d’autres soins. Le dispositif d’urgence a été activé, et 19 lits supplémentaires ont été installés dans la cour de l’hôpital et dans d’autres pièces
À Tabarre, Widnika a subi une intervention chirurgicale. Les os sont maintenant maintenus en place par un fixateur externe pendant qu’ils commencent à guérir - une tige est installée à l'extérieur de son tibia. Widline exprime sa reconnaissance pour les soins prodigués à son fils et sa tristesse à l'idée de retourner dans une maison qui a été détruite. Leur ville, Camp-Perrin, est à cinq heures de route en temps normal, et maintenant les routes sont endommagées dans toute la région, rendant tout déplacement beaucoup plus difficile.
Les nombreux défis auxquels les patients et leurs familles sont désormais confrontés - médicaux, psychologiques et pratiques - occupent également le personnel de l’hôpital, qui cherche à s’assurer que les patients reçoivent les soins dont ils auront besoin dans les semaines et les mois à venir.
Dans le Sud, de nombreux hôpitaux sont endommagés et ne peuvent pas fournir les services essentiels et le suivi dont de nombreux blessés ont besoin.
Nous sommes en train de prendre contact avec d'autres organisations pour nous assurer que les patients pourront poursuivre la physiothérapie et les soins psychologiques lorsque nos patients retourneront chez eux . Dr Kanoute Dialla, coordinateur MSF de l'hôpital de Tabarre
« Il est très important que les patients souffrant de fractures reçoivent des consultations médicales régulières pour surveiller la façon dont leurs os consolident, et pour adapter le traitement si nécessaire. Nous devons évaluer si les hôpitaux ont la capacité de réaliser des radiographies, et d'autres aspects liés à ce type de soins. », explique LE Dr Dialla.
Les défis logistiques sont également nombreux. Il est très difficile de se déplacer entre Tabarre et le Sud, car les routes ont été fortement endommagées par des glissements de terrain. De nombreux blessés souffrent également d'un handicap temporaire ou permanent à la suite de leurs blessures, ce qui complique encore davantage leur voyage.
Elvie Pierre, assistante sociale de l'hôpital de Tabarre, veille à ce que les patients restent en contact avec leur famille, ce qui est une source très importante de soutien psychologique. « Est-ce que quelqu'un sait que vous êtes à l'hôpital ? » demande-t-elle régulièrement, sortant son téléphone si un appel est nécessaire. Lorsque l'état des patients s'améliore et qu'ils se préparent à sortir de l'hôpital, elle leur demande s'ils ont des parents à Port-au-Prince chez qui ils peuvent rester pendant qu'ils poursuivent leur traitement ambulatoire.
Pourtant, rester à Port-au-Prince sur le long terme n'est pas une option pour certains patients. De nombreux d’entre eux, qui vivent à plusieurs heures de route, ne connaissent personne dans la ville. Les logements à Port-au-Prince sont souvent très petits, explique Elvie Pierre, et il peut être difficile pour les proches d'accueillir une personne supplémentaire.
MSF a installé une tente dans l'enceinte de l'hôpital pour les patients sortis de l'hôpital qui ne peuvent pas aller ailleurs, mais ce n'est qu’une solution temporaire.
Les patients victimes de traumatismes ont besoins de plusieurs types de soins, comme un bon suivi post-opératoire, de la kinésithérapie, ou encore un support psychologique. Par conséquent, avant que nos patients repartent chez eux, nos équipes veulent être sûres qu’ils pourront y être suivis. Dr. Alain Ngamba, coordinateur médical de MSF en Haïti.
« En attendant d’identifier des solutions à plus long terme, nous allons trouver un logement pour certains patients à Port-au-Prince, pour qu’ils puissent continuer d’être suivis à l’hôpital de Tabarre ».
Les équipes d'urgence de MSF soignent également les survivants du séisme dans les zones touchées du Sud, y compris dans les villes de Jérémie et des Cayes. Ces équipes aideront à évaluer si les établissements médicaux de la région peuvent fournir des soins de suivi, a déclaré Ngamba.
Dans le cas de Widnika, il n’est pas encore temps de se poser ces questions sur le retour à Camp-Perrin et ce qu’il y trouvera. Dans son lit d’hôpital, l’enfant ouvre brièvement les yeux et regarde la chambre autour de lui. Il croise le regard de sa mère avant de se rendormir.
Pour lui comme pour de nombreux blessés du séisme, le processus de guérison a commencé, mais il sera sans doute long. Le rétablissement complet dépendra de l’accès à différents types d’aide, et de beaucoup de persévérance.