Une patiente victime des violences sexuelles, au côté d'un membre de sa famille.
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Salamabila : un important besoin de mettre fin aux violences sexuelles

Le lundi 7 février 2022

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« C’était au milieu de la journée, lorsque trois hommes masqués ont fait irruption chez moi. L’un d’eux a pointé son arme sur mon visage, l’autre a grogné des ordres que n’ai pas compris, le troisième s’est empressé de se jeter sur moi.  J’étais terrifiée mais je n’ai pas pu crier, (…elle fait une pause puis reprend),  je pense qu’à l’instant précis, j’avais perdu l’usage de ma voix », elle baisse la tête et une larme de douleur coule.

Tumaïni (nom d’emprunt) a 72 ans, elle vit à Salamabila dans la province du Maniema, en République démocratique du Congo. Comme beaucoup d'autres personnes dans cette cité minière, elle est survivante des violences sexuelles. A Salamabila, les conflits armés autour du contrôle des zones minières entraînent des déplacements massifs et continus des populations, suivie d’un manque important en besoins sanitaires.

 « Elles sont généralement renfermées sur elles. Il leur faut beaucoup de courage pour chercher de l’aide. Et quand elles parviennent à arriver à mon domicile, elles ont l’air perdues. Certaines refusent catégoriquement d’être conduites dans une structure des soins. Elles ont peur d’être indexées.

Nous donnons les premiers soins médicaux et psychologiques comme MSF nous l’a si bien appris et après l’avoir mis en confiance, je peux l’amener si possible dans une structure », explique une dame, agent de santé de la reproduction qui a souhaité garder l’anonymat.

A Salamabila, tout le monde peut être sujet aux violences, femmes, enfants aussi bien que les hommes. Les agents de santé de reproduction sont des personnes de confiance choisies par la communauté et formées par MSF pour administrer les premiers soins médicaux et psychologiques aux survivant(e)s en attendant d’être conduits dans une structure. C’est une méthode qui facilite l’obtention des soins aux survivant(e)s avant les 72 heures recommandées dans cette situation.

La petite Asha passe un examen nutritionnel chez un agent de santé communautaire dans la zone de santé de Salamabila.

La stigmatisation fait partie de leur quotidien

Plusieurs conséquences pèsent sur les survivant(e)s des violences sexuelles. Partant des blessures physique et psychologique à l’exclusion de la communauté, en passant par les infections sexuellement transmissibles, grossesses non désirées, ces personnes vivent un traumatisme intense. Cependant, le plus dur est la stigmatisation dont elles sont victimes.   

 Il a été raconté dans le quartier que j’avais été violée mais en partie que je l’avais voulu parce que je n’avais pas crié. Certains voisins ont même interdit leurs enfants de passer devant ma maison. Je ne pouvais plus me déplacer sans que les gens ne m’indexent. », confie avec amertume Tumaïni.

Dans la communauté, le fait d'oser parler d'une agression sexuelle a souvent des conséquences dévastatrices pour les survivant(e)s. Cette stigmatisation repose en partie sur l'idée que la violence sexuelle est dégradante pour la victime.

Les équipes MSF fournissent des soins médicaux et psychologiques aux victimes de violences sexuelles dans six des 26 provinces de la RDC : Ituri, Kasaï-Central, Haut- Katanga, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema.

A Salamabila, MSF appuie également le bureau central de la zone de santé à réduire le taux de mortalité des maladies courantes dans la région. La zone est endémique au paludisme, aux maladies d’origine hydrique, les maladies respiratoires ainsi que la malnutrition. L’organisation offre des soins gratuits aux enfants de moins de 15 ans, aux femmes enceintes et allaitantes ainsi qu’aux victimes des catastrophes, dans les centres de santé, à l’hôpital général ainsi qu’au niveau de la communauté avec la possibilité de référer à tous les niveaux.

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