Dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, 'hôpital que nous soutenons à Bambo fait face à un afflux de blessés civils, tandis que les équipes médicales, malgré l'insécurité et la saturation des capacités hospitalières, traitent également la malnutrition sévère et une épidémie persistante de rougeole. RDC, mai 2025 © MSF
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RDC : à Bambo, ville encerclée par de violents combats, des milliers de déplacés et des besoins immenses

Le mardi 10 juin 2025

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La région de Bambo, située dans le territoire de Rutshuru dans le Nord-Kivu, est le théâtre d’une violente reprise du conflit entre le groupe armé M23/AFC, les forces armées congolaises, et leurs alliés respectifs. La ville de l'est de la République Démocratique du Congo (RDC), encerclée par les combats, est devenue un refuge pour des milliers de personnes qui racontent avoir fui des combats violents, des villages incendiés et des pillages.

 Médecins Sans Frontières (MSF), l’une des seules organisations médicales internationales présentes sur place, appelle à une mobilisation urgente pour protéger les civils et répondre à leurs besoins essentiels. 

Un afflux massif de déplacés dans une ville encerclée par les combats

Depuis le 15 mai, des affrontements violents ont éclaté autour de la ville de Bambo, provoquant la fuite de milliers de familles et la saturation des capacités d’accueil locales. Alors que les villages environnant se vident de leurs habitants, la ville est devenue un dernier refuge. Beaucoup craignent la survenue d’affrontements directs entre les groupes armés dans la ville. Plus de 11 050 ménages se sont réfugiés chez des familles d’accueil, tandis que plus de 1 000 familles survivent dans des abris de fortune, des écoles ou des églises transformées en sites d’hébergement informels. 

Selon différents témoignages, les personnes déplacées rapportent avoir fui des scènes de violence extrême, des maisons incendiées, des villages bombardés, des pillages et des exactions commises à l’encontre de civils, dont des exécutions sommaires.

Une personne déplacée récemment arrivée à Bambo raconte, sous couvert d’anonymat :

Le 17 mai, les hommes en arme ont ordonné à toute la population de quitter le village. Le lendemain, vers 10h, on a entendu des bombes venant du village de Kabizo, c'est alors que nous avons fui. Je suis venu à Bambo à pied avec toute ma famille, laissant derrière nous nos biens. Ici, nous n’avons pas d’abri, la vie est pénible. Nous trouvons de l’eau difficilement. On se sent humiliés de vivre ainsi.»  

L’hôpital de Bambo sous pression et des besoins humanitaires immenses

L’hôpital général de référence de Bambo, soutenu par MSF, fait face à un afflux de blessés, principalement des civils victimes de balles perdues ou d’éclats d’artillerie. Le 15 mai, l’hôpital a reçu vingt blessés, trois sont décédés, et le 26 mai, dix autres blessés ont été pris en charge, à la suite d’affrontements dans la ville.

Des personnes déplacées par les conflits entre le M23, l'armée congolaise et leurs alliés respectifs à Bambo, dans la région du Nord-Kivu à l'est de la RDC, le 28 mai 2025. © MSF

La situation dans la ville est critique : la majorité des déplacés sont arrivés sans rien, dormant à même le sol, sans moustiquaires ni accès suffisant à l’eau potable, au savon ou à des installations sanitaires adéquates. Les équipes médicales continuent de prendre en charge les urgences et la malnutrition sévère chez les enfants, malgré l’insécurité.

Dans un contexte de ressources limitées, la situation actuelle aggrave la vulnérabilité de tous, déplacés comme résidents. Notre unité de traitement intensif pour les enfants malnutris, d’une capacité de 19 lits, est actuellement occupée à plus de 100%. Nous allons devoir augmenter le nombre de lits de cette unité pour faire à cette augmentation de la malnutrition », explique François Calas, chef des programmes de MSF en RDC. 

Les conditions précaires dans les sites de déplacement font craindre l’apparition de nouvelles épidémies, notamment de choléra. Nos équipes font également état d’une augmentation du nombre de consultations de prise en charge de victimes de violences sexuelles.

Face à l’urgence, les équipes de MSF distribuent des articles ménagers à plus de 1 000 familles déplacées, mettent en place des dispositifs d’eau et d’assainissement, construisent des latrines et des douches, et renforcent temporairement l’hôpital général de Bambo pour élargir l’accès aux soins. Cependant, les centres de santé sont débordés, la réponse humanitaire demeure insuffisante et MSF ne peut couvrir l’ensemble des besoins.

Dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, MSF alerte sur la situation critique des civils et sur les récits de violence entendus par les équipes MSF à Bambo, où les forces armées congolaises et leurs alliés respectifsont forcé des milliers de personnes à fuir leurs villages depuis la mi-mai. RDC, mai 2025 © MSF
Dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, MSF alerte sur la situation critique des civils et sur les récits de violence entendus par les équipes MSF à Bambo, où les forces armées congolaises et leurs alliés respectifsont forcé des milliers de personnes à fuir leurs villages depuis la mi-mai. RDC, mai 2025 © MSF

MSF appelle à la protection des civils

L’accès aux populations, leur sécurité ainsi que celle des équipes de MSF sont actuellement un défi quotidien, entravant la continuité des soins et l’acheminement de biens de première nécessité. Nos équipes ont constaté qu’une balle avait traversé une tente de l’hôpital de Bambo et les murs de la maternité du centre de santé de Kabizo ont des impacts de balle.  

MSF appelle toutes les parties au conflit à respecter les structures sanitaires, les acteurs humanitaires, et à garantir la protection des civils.  

Cette situation est le reflet d’une urgence humanitaire silencieuse qui se poursuit à l’est de la RDC. Les besoins en abris, nourriture, accès à l’eau, soins médicaux et protection sont immenses. Seule une mobilisation collective permettra d’éviter une catastrophe humanitaire de plus grande ampleur.  

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