Quatre choses que vous ne saviez pas sur le paludisme au Nigéria
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En décembre 2024, le nouveau vaccin contre le paludisme a été utilisé pour la première fois au Nigéria. L’État de Kebbi, où MSF aide le ministère nigérian de la Santé à lutter contre des niveaux de malnutrition de plus en plus élevés, reçoit plus de 500 000 doses du vaccin. Les équipes MSF aident le ministère de la Santé de l’État de Kebbi à vacciner les enfants de moins de trois ans.
La recherche d’un vaccin contre le paludisme a commencé dans les années 1960, mais ce n’est qu’en 2021 qu’un vaccin a été approuvé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En avril 2023, 1,5 million d’enfants ont reçu au moins une injection au Malawi, au Ghana et au Kenya. Après le premier projet pilote, le Cameroun, le Burkina Faso, le Bénin, la Sierra Leone, le Libéria, la Côte d’Ivoire, le Soudan du Sud et le Mozambique ont également introduit le vaccin contre le paludisme dans leurs plans de vaccination – mais pas le Nigéria.
Le Nigéria a approuvé le deuxième vaccin antipaludique de l’histoire, le vaccin R21, en avril 2023 et l’a désormais intégré au plan de vaccination régulier du pays. La vaccination avec le vaccin R21 n’en est peut-être qu’à ses débuts, mais elle offre l’espoir de protéger les milliers d’enfants nigérians qui contractent chaque année le paludisme.
Nous avons tous entendu parler du paludisme, nous savons qu’il est transmis par les moustiques et nous savons même probablement à quel point il est répandu à travers le monde. Mais voici quatre faits supplémentaires que vous devriez connaître sur cette maladie.
1. Le Nigéria est le pays qui compte le plus grand nombre de cas de paludisme au monde : 26 %
Selon le rapport 2024 de l’OMS sur le paludisme, le Nigéria est le pays où le paludisme est le plus répandu : près d’un cas sur quatre survient au Nigéria. Pendant la saison des pluies (de juin à novembre), période où nous constatons généralement le plus de cas de paludisme, nos équipes enregistrent constamment un nombre élevé d’enfants atteints de la maladie qui se présentent dans nos structures. En octobre 2024, à Maiduguri seulement, les équipes MSF ont soutenu le traitement de 24 620 cas confirmés de paludisme. Non seulement les taux sont très élevés, mais nous constatons année après année une augmentation du nombre de patients qui sollicitent une assistance médicale pour le paludisme dans les structures soutenues par MSF. Dans l’ensemble du Nigéria, dans les cliniques et les hôpitaux où nous travaillons, MSF a constaté 27 % de cas confirmés de paludisme en plus entre janvier et octobre 2024, par rapport à la même période en 2023.
2. En 2023, 39 % de tous les décès dus au paludisme dans le monde sont survenus au Nigéria
Outre sa forte prévalence, le paludisme entraîne également un taux de mortalité élevé et, selon le dernier rapport de l’OMS sur le paludisme, publié en décembre 2024, plus d’un tiers de ces cas se sont produits au Nigéria en 2023. La plupart de ces décès concernent des enfants de moins de cinq ans. Le paludisme peut provoquer des convulsions, de l’anémie, de la déshydratation et une insuffisance rénale, ce qui explique que nos équipes reçoivent souvent des enfants dans des conditions graves.
3. Le paludisme peut contribuer à la malnutrition et à d’autres problèmes de santé
Selon la revue The Lancet, le paludisme et la malnutrition sont liés. Le paludisme récurrent peut entraîner la malnutrition, tandis que la malnutrition augmente également le risque de paludisme grave. Les taux de malnutrition ont atteint des sommets terrifiants au Nigéria en 2024 et devraient continuer à s’aggraver cette année. L’un des facteurs à l’origine de cette crise de malnutrition est la vulnérabilité des enfants à un certain nombre de maladies récurrentes au Nigéria, des maladies qui augmentent considérablement le risque de malnutrition – comme le paludisme.
Le paludisme est également dangereux pendant la grossesse et peut entraîner des risques importants pour la femme enceinte et son bébé. Au Nigéria, la mortalité maternelle est très élevée, et ce pour de nombreuses raisons. Les dernières estimations de l’ONU (de 2020) font état d’un taux de mortalité maternelle de 1 047 décès pour 100 000 naissances vivantes. Le Nigéria se situe ainsi dans la catégorie des taux de mortalité maternelle « extrêmement élevés », le troisième au monde. À Maiduguri, MSF travaille en collaboration avec le ministère de la Santé de l’État de Borno pour soutenir un hôpital de référence pour les accouchements compliqués et les nouveau-nés. Nos sages-femmes y ont vu un grand nombre de mères hospitalisées pour paludisme, ayant entraîné une anémie sévère ou un accouchement prématuré.
4. Nous pourrions voir davantage de cas de paludisme à cause de la crise climatique
Le lien entre le changement climatique et le paludisme est encore un aspect nouveau de la maladie. Le dernier rapport mondial de l’OMS sur le paludisme indique que « les facteurs environnementaux et climatiques jouent un rôle important dans l’entrave aux progrès vers un monde sans paludisme ». Nous constatons actuellement à la fois une augmentation rapide des températures mondiales et une augmentation des catastrophes naturelles, comme les inondations. Ces deux situations offrent des conditions idéales pour le paludisme. Les graves inondations au Pakistan en 2022 ont entraîné une épidémie majeure de paludisme et une multiplication par cinq des cas de paludisme cette année-là. Plusieurs régions du Nigéria ont connu de graves inondations en août et septembre 2024. Au cours de nos activités d’intervention, alors que les équipes soutenaient les communautés qui avaient perdu leur maison et séjournaient dans des abris temporaires, l’une des maladies les plus courantes que nous traitions était le paludisme.
Le fait de disposer pour la première fois d’un vaccin au Nigéria est une source d’espoir pour les communautés qui sont confrontées à une menace constante contre le paludisme. Outre ce vaccin, des méthodes de prévention efficaces existent déjà. Au Nigéria comme dans le reste du monde, cette maladie continue de toucher des millions de personnes, bien qu’elle soit facilement évitable.