Depuis 2022, MSF travaille dans l’État de Bauchi, où elle soutient l’hôpital pédiatrique Kaffin Madaki en traitant les enfants souffrant de malnutrition et de maladies comme le paludisme
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“Power up !” Quatre raisons pour lesquelles les équipes MSF au Nigéria passent à l'énergie solaire

Le vendredi 22 novembre 2024

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1) Le changement climatique frappe durement les communautés

« Mon fils, Abubakar Adamu, a deux ans », raconte Aishahtu, qui vient d’un petit village de l’État de Bauchi, dans le nord du Nigeria. « Avant de l’amener à l’hôpital, nous avons dû faire face à la crue de la rivière due aux pluies récentes. Plus tôt cette année, nous avons enduré des mois de sécheresse, qui semblaient s’aggraver à chaque saison qui passait, nous laissant avec de mauvaises récoltes. Les pénuries alimentaires sont devenues fréquentes pour notre famille. »

L’histoire d’Aishahtu n’est pas rare dans le nord du Nigéria, où les changements climatiques aggravent l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) constatent actuellement une augmentation alarmante des taux de malnutrition, le nombre d’enfants admis dans les centres de nutrition pour patients hospitalisés à Bauchi ayant plus que doublé depuis 2023.

Aisahtu, 29 ans, et son fils, Abubakar Adamu, 2 ans.

Parmi ces enfants dangereusement malnutris, 76 % présentent également un diagnostic positif au paludisme. L’augmentation des températures et le changement des régimes pluviométriques favorisent la prolifération des moustiques vecteurs du paludisme, qui prospèrent dans les eaux stagnantes

« Les changements climatiques auxquels nous assistons, notamment les périodes de chaleur et de sécheresse prolongées, ont de graves répercussions sur la santé de nos patients, en particulier lorsque les températures augmentent », explique le Dr Gezibwa Ahadi, responsable des activités médicales du projet MSF de Bauchi.

Les jeunes enfants étant touchés de manière disproportionnée et les complications potentiellement mortelles étant de plus en plus courantes à Bauchi, la nécessité de réduire les émissions de carbone s’impose comme une évidence.

2. Approvisionnement énergétique instable

À l’hôpital pédiatrique Kaffin Madaki de Ganjuwa, dans l’État de Bauchi, les équipes MSF aident le personnel à prodiguer des soins intensifs aux enfants. Le traitement de nombreux patients parmi les plus malades nécessite l’utilisation d’appareils médicaux sensibles tels que des concentrateurs d’oxygène. L’électricité est donc vitale.

Cependant, le réseau électrique de la ville de Ganjuwa est instable et les coupures de courant sont imprévisibles. C'est pourquoi l'équipe MSF fait fonctionner deux générateurs diesel en alternance, 18 heures par jour, depuis qu'elle travaille à l'hôpital en 2022.

Pour relever le défi lié à cette situation, MSF a conçu et installé un système d’énergie solaire pour l’hôpital. Ce système est composé de 96 panneaux, dont certains sont fabriqués à partir de matériaux recyclés. Cette transition vers l’énergie solaire réduit considérablement la dépendance de l’hôpital aux générateurs, qui consommaient auparavant environ 200 litres de carburant par jour.

Depuis 2022, MSF travaille dans l’État de Bauchi, où elle soutient l’hôpital pédiatrique Kaffin Madaki en traitant les enfants souffrant de malnutrition et de maladies comme le paludisme.

3. De meilleurs soins pour les patients

Initialement, le système solaire était conçu pour répondre à 75 % des besoins énergétiques de l'hôpital, mais il a dépassé les attentes et couvre désormais l'intégralité de la demande, le générateur n'étant désormais utilisé que de manière minimale comme secours.

« Avec l’installation de panneaux solaires, nous avons constaté une amélioration significative de la stabilité énergétique de l’hôpital, ce qui est crucial pour traiter la malnutrition et les urgences pédiatriques qui impliquent souvent des cas critiques », explique le Dr Ahadi.

Mais l'hôpital présente aussi d'autres avantages. Auparavant, l'hôpital avait besoin de 5 500 à 6 000 litres de diesel par mois. « Grâce à l'énergie solaire renouvelable, nous prévoyons de réduire nos émissions de carbone de 160 tonnes par an », explique Joshua Halem Iorfa, spécialiste de l'énergie pour MSF au Nigeria. L'installation de panneaux solaires à l'hôpital pédiatrique permet non seulement de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de réduire les coûts de fonctionnement, libérant ainsi du budget qui peut ensuite être utilisé pour améliorer encore les services disponibles.

Dans la phase de stabilisation du ITFC (Centre d'alimentation thérapeutique intensive) de l'hôpital Ganjuwa, à Bauchi.

4. L’engagement mondial de MSF

Cette initiative à Bauchi fait partie d’un effort plus large de MSF pour devenir plus responsable sur le plan environnemental, non seulement au Nigéria mais à l’échelle mondiale.

MSF s’est engagée à réduire ses émissions mondiales de carbone de 50 % d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2019. 

Pour une organisation d’urgence qui mène des projets médicaux dans plus de soixante-dix pays, il s’agit d’une tâche importante qui prendra du temps, mais des solutions sont déjà mises en place pour atteindre cet objectif.

Les équipes terminent actuellement l’installation de 436 panneaux solaires à l’hôpital soutenu par MSF à Zurmi, dans l’État de Zamfara au Nigéria. L’hôpital Nilefa Kiji de Maiduguri, soutenu par MSF, utilise les panneaux solaires nouvellement installés depuis décembre 2023. Entre-temps, d’autres projets sont en cours ou prévus dans d’autres hôpitaux et cliniques MSF à travers le monde.

Dans presque tous les contextes où MSF travaille, les communautés ressentent les impacts du changement climatique, et sans mesures significatives pour atténuer ces effets, les crises sanitaires et humanitaires ne feront qu'empirer.

Cette tente est une extension de la Phase 1 (Phase de stabilisation) de l'ITFC (Centre d'alimentation thérapeutique intensive) de l'hôpital de Ganjuwa.

L’équipe de Bauchi a montré que rendre les services de santé plus écologiques était à la fois possible et bénéfique pour la santé des personnes. C’est une situation gagnant-gagnant pour la santé et l’environnement.

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