Hier, à Wad Madani, au Soudan, une équipe de MSF a commencé à fournir des soins de santé vitaux à des centaines de personnes déplacées fuyant la violence de Khartoum, grâce à des cliniques mobiles.
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Point sur la situation chaotique d’un système de santé en temps de guerre

Le mercredi 3 mai 2023

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Au Soudan, la guerre est venue mettre à mal un système de santé déjà fragile.  Le Dr Khalid Elsheikh Ahmedana fait le point sur la situation à Khartoum, capitale du pays.

Témoignage du Dr Khalid Elsheikh Ahmedana
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« Comme vous le savez, le système de santé de Khartoum, ou du Soudan en général, est fragile - en termes de financement, d'approvisionnement, de répartition des ressources humaines, de données et d'informations. C'est un système de santé fragile. Mais aujourd'hui, après le déchaînement de la violence et de la guerre, le système de santé se trouve dans une situation critique. C'est ce que nous avons pu observer lors de notre visite à l'hôpital. L'approvisionnement est insuffisant. Les ressources humaines n'ont pas accès à l'hôpital. Soixante-dix pour cent des hôpitaux sont fermés.

Certains hôpitaux ont transféré des patients d'hôpitaux proches de la zone de guerre, [vers des hôpitaux] qui sont considérés comme plus sûrs. Les hôpitaux ne déplacent pas nécessairement les patients. Certains hôpitaux sont spécialisés, par exemple dans l'obstétrique et la pédiatrie, mais en raison de la situation actuelle, ils ont ajouté la chirurgie et ont commencé à recevoir des patients en médecine interne, etc. Je dirais qu'en général, la situation est très critique.

Et comme nous le savons, certaines personnes ont fui vers le nord, le sud ou les pays voisins. Nous pouvons dire que les hôpitaux [dans ces régions], qui sont considérés comme plus sûrs, sont également dans une situation critique parce qu'il y a beaucoup de patients et qu'ils préfèrent se rendre dans un endroit sûr pour y recevoir des soins de santé. Khartoum était considéré comme un point de référence pour tous les patients, mais aujourd'hui c'est l'inverse. Les patients, au lieu d'aller à Khartoum, de venir à Khartoum, quittent Khartoum. Et les hôpitaux de ces endroits sont maintenant [confrontés à une] situation plus grave. Vous pouvez entendre les tirs à l'extérieur. J'en suis désolé. » Il s’interrompt pour reprendre son récit
 

Hier, à Wad Madani, au Soudan, une équipe de MSF a commencé à fournir des soins de santé vitaux à des centaines de personnes déplacées fuyant la violence de Khartoum, grâce à des cliniques mobiles.
La situation humanitaire à Khartoum est catastrophique. MSF va envoyer une équipe chirurgicale d'urgence et du matériel médical. Dans les prochains jours nous renforcerons notre réponse d'urgence afin de répondre aux besoins médicaux écrasants.

« Je dirais également que les patients qui n'ont pas accès aux structures de santé ou qui n'ont pas accès à des soins de qualité, à des médicaments sont plus nombreux et en augmentation. Nous l'avons observé chez les patients souffrant d'insuffisance rénale qui ont besoin de dialyse, chez les patients souffrant de maladies cardiaques, de cancer, d'hémophilie, chez les nouveau-nés, en obstétrique et en gynécologie, c'est très difficile pour tous ces patients. Il y a des gens, je veux dire des bénévoles et des médecins, qui essaient de créer un réseau via WhatsApp, même s’il n'existe pas vraiment de réseau... pour montrer aux femmes qu'elles peuvent être en contact avec une sage-femme dans la région afin qu'elles puissent accoucher chez elles. Nous ne savons pas si elles disposent de tout ce qu'il faut pour pratiquer des accouchements sûrs et propres. C'est aussi l'une des zones concernées. Certaines zones souffrent bien sûr de pénuries d'eau, ce qui pourrait avoir des conséquences plus tard et entraîner une épidémie - il y a des cadavres à l'extérieur et il n'y a pas de gestion des déchets, la gestion normale des déchets des villes... Les déchets s'accumulent, il y a beaucoup de mouches, de moustiques, et c'est aussi un risque élevé pour la santé environnementale... sachant que le paludisme et la dengue [sont] aussi des maladies [qui existent depuis] longtemps avant la guerre et qui continueront [à exister]. Telle est la situation générale. Nous avons visité des hôpitaux, l'hôpital Al-Turki, et nous avons constaté qu'il y avait des besoins, alors nous avons fait des donations. Il y a des besoins pour les victimes de violence et les personnes qui n'en sont pas victimes directement, pour les patients atteints de maladies non transmissibles, pour les dialyses rénales, qui sont dans des situations très critiques. [Il ne faut pas] oublier les maladies oncologiques, les médicaments contre le cancer, et il y a aussi certaines catégories de patients qui... nous ne devons pas les oublier, sont dans des situations critiques. Les patients psychiatriques [qui] prennent des médicaments à vie. Voilà ce qu'il en est. Il y a aussi les outils d'investigation des maladies, comme l'IRM, les rayons X et tout le reste. De nombreux hôpitaux ne disposent pas de ces services. Voilà le genre de situation que nous pouvons décrire.
Nous avons donc fait don de fournitures à certains hôpitaux et nous essayons de continuer à le faire. Nous essayons aussi de continuer à faire plus d'évaluations. Nous essayons de trouver du personnel à affecter à certains hôpitaux. »
 

Pour en savoir plus sur la situation au Soudan :

Au sujet de la récente visite de MSF à l'hôpital turc de Khartoum, l'un des cinq hôpitaux auxquels nous avons fait don de matériel médical.

Témoignage du Dr Khalid Elsheikh Ahmedana
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Aperçu de la situation humanitaire dans la région.

.Témoignage deTémoignage de Gibreel, coordinateur de projet MSF à El Fasher, au Darfour Nord.
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